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Rupture généralisée des ARV : les séropositifs dénoncent des pratiques et accusent...


Fraternité Matin / ACTUALITÉS du 19 Mai 2005 By Bakayoko Zeguela Abidjan

Les personnes vivant avec le vih   à travers le RIP+ \(réseau ivoirien des associations de personnes vivant avec le VIH   qui compte plus d’une vingtaine d’associations\) ont décidé de se faire entendre face à cette rupture généralisée d’antiretroviraux.

Une rupture qui ne devrait pas exister si les médecins jouent franchement leur partition, à en croire M. Ako Cyriaque, chargé du plaidoyer pour le traitement du RIP+. " Les médecins n’interviennent pas dans les commandes, ils font que prescrire. Ils ne sont pas pharmaciens, ce n’est pas à eux de choisir. Ils ne sont pas pharmaciens, ce n’est pas à eux de choisir. " assène Cyriaque pour dénoncer les réticences des médecins à prescrire la " Triomune ". Cet antiretroviral commandé en grande quantité par le Fonds mondial remplit les armoires des pharmacies des centres accrédités alors même qu’on parle de rupture.

Les médecins rechignent en effet à prescrire la " Triomune ", surtout pour les nouveaux patients, ceux qui débutent un traitement antiretroviral pour des raisons de dosage, de résistances précoces, d’effets secondaires et pour certaines contre-indications comme les personnes infectées par le VIH  -2. ( Voir FM d’hier). Pour le représentant du RIP+ en matière d’antiretroviraux(ARV  ), tout cela ne tient pas la route. " Ils sont en ce moment en train d’intoxiquer les membres d’association sur la " Triomune ". J’ai été au Nigeria, au Cameroun, au Burkina Faso, en Afrique du sud on vend la " Triomune ". Et le traitement de première ligne se fait à base de " Triomune ". Et puis tous les ARV  . Bon du RIP+ , il est possible de mettre tous les patients sous Triomune. Et en le faisant : " On soignera quatre fois plus de personnes On ne doit pas oublier qu’on est en santé publique, la politique des grands nombres, mais on ne sacrifie pas pour autant la qualité des soins. " De l’autre côté, on sourit devant la thèse de celui même qui doit protéger ses pairs. " Une solution santé publique pour tuer en grand nombre ? Nous ne voulons pas être complices "

Les associations des personnes vivant avec le VIH   soutiennent face à tous ses arguments des médecins " un non respect des protocoles de prescriptions des ARV   " tout simplement. La réunion qui a réunit d’urgence les membres du RIP+ le mardi 03 mai et qui avait à son ordre du jour la question de la rupture régulière des ARV   a soulevé cet élément comme " l’un des problèmes liés aux ruptures ". Ajoutés à cela " la non prescription de la Triomune par certains médecins ", " l’existence de circuits parallèles d’ARV   dont les bénéficiaires ne sont pas enregistrés au Programme National de Prise en Charge des personnes vivant avec le VIH   ou PN PEC ".

Le RIP+ dénonce aussi " l’inactivité avérée de ce programme par rapport à la situation de rupture ". Cette même attitude est également reprochée au comité technique composé de plusieurs partenaires.

Les personnes vivant avec le VIH   regroupées au sein du RIP+ sont convaincues que les malades des entreprises empiètent sur les provisions d’ARV   qui leur sont réservées. " Des malades et des structures comme la PISAM, la CIE, etc. Ont un système à part et quand ils ont besoin de médicaments, on les prend dans le système national, alors que leurs patients ne sont pas comptabilisés.

Par exemple le SMIT donne des médicaments à ces patients- là alors qu’ils ne sont pas comptabilisés. ", nous a confié Cyriaque.

Les membres du RIP+ sont aussi convaincus du fait qu’il y a " des individus qui ne veulent pas rentrés dans le circuit. Et par conséquent, ils sont prêts à payer les médicaments plus chers et avec eux il n’y a pas d’ordonnanciers pour laisser des traces. A ceux, on donne des prescrit sur du papier volant. " Alors ils accusent Les médecins et les pharmaciens des centres accrédités de rentrer dans cette combine qui fausse les prévisions nationales.

" Les patients des entreprises ont leur dossier dans le service, ils ne peuvent donc pas échapper aux données nationales, et ne peuvent pas être gérés hors des données nationales ", nous a-t-on expliqué du côté du service des maladies infectieuses (SMIT). Où l’on ne veut pas rentrer dans cette polémique , à ce qui ressemble à de la mauvaise foi. Car l’on s’étonne de cette récrimination de la part des associations des personnes vivant avec le VIH   dont des membres travaillant en entreprises, dans le privé sont allés plaider pour qu’il leur soit appliqué les 5000 F . " Les entreprises n’ont donc pas de dossier à part".

" Sur les 11000 patients qui sont sous traitement en Côte d’Ivoire, 600 sont des entreprises. Des entreprises qui paient la note du traitement de leurs employés à la pharmacie de la santé publique (PSP) ne peuvent donc pas voir ceux-ci considérés comme clandestins. " Arguments convaincants pour les membres du RIP+ ? Pas si sûr. Toujours est-il que ceux-ci ont à leur réunion du mardi 03 mai proposé parmi les solutions visant à mettre fin à la rupture d’ARV   de faire le plaidoyer " pour une intégration des malades des entreprises dans le processus du programme national de prise en charge des personnes vivant avec le VIH   (PNPEC) ". Tout comme le RIP+ s’est engagé à cette réunion à promouvoir le respect et l’application des protocoles de prescription comme le soutient M. Ako Cyriaque, monsieur médicament du réseau.

Outre " cette mauvaise foi manifeste " des prescripteurs et de " l’inactivité avérée du programme de prise en charge (PNPEC) " et du " comité technique qu’elles se promettent de réactiver ", les associations des personnes vivant avec le VIH   en veulent au laboratoire fournisseur des principaux antiretroviraux les plus utilisés comme " Stocrin ", " Efavirenz ". Et cela, d’autant plus qu’ils ont été édifiés par Mme le directeur de la pharmacie de la santé publique (PSP), le Dr Souaré, sur la question.

Avant de convoquer sa réunion d’urgence du Mardi 03 mai, le RIP+ a rencontré le Dr Souaré le jeudi 07 avril. Et cela, en raison " du rôle important que joue la PSP dans la gestion des antiretroviraux ". La PSP est en effet la centrale d’achat qui a le monopole de la commande des ARV   en Côte d’Ivoire. " Elle nous a dit que le fournisseur espère le paiement cash pour livrer les médicaments. Une chose est sûre, c’est que la PSP ne doit aucune dette. Tout a été apuré. Mais il y a des problèmes administratifs pour les nouvelles commandes puisque l’argent est logé au Trésor. ", nous a confié M. Ako Cyriaque chargé du plaidoyer pour le traitement du RIP+.

Le fait que la PSP soutienne ne plus rien devoir au laboratoire MSD, sauf pour les nouvelles commandes, le RIP+ demande à ce que MSD mette un peu d’eau dans son vin en réduisant ses exigences. Dont celles par exemple d’exiger une lettre de garantie à l’Etat ivoirien et des paiements cash. "MSD dit que notre pays n’est pas sûr et qu’il faut payer d’avance. Nous ferons le plaidoyer pour que MSD puisse tenir compte de nos vies et nous talonnerons qui de droit pour que leurs factures soient payées. " Mais si les choses ne bougent pas dans le sens voulu, alors le RIP+ va faire de l’activisme contre MSD . " On va utiliser le réseau Internet pour joindre les autres activistes et MSD va être zappé parce qu’il est criminel. "

Selon nos investigations concernant les fournisseurs, MSD n’a pas le profil le plus bas dans cette affaire. Des laboratoires (de génériques) ont bloqué toutes livraisons d’ARV   pour des reliquats de dix millions. Alors que la PSP doit tout de même 400 millions à MSD.

Accusés, levez-vous !

Ils font tous référence à cet atelier d’Aboisso qui aurait balisé le terrain. Un atelier de consensus auquel nous n’avons malheureusement pas assisté afin de trier l’ivraie du vrai.

Il faut se contenter de ce que chaque camp dit .Tous y font allusion et pourtant les actes posés semblent les en éloigner. Et exactement comme ces accords de Marcoussis, chacun fait son interprétation , se dit satisfait mais les choses n’avancent pas.

La critique est facile, quand il s’agit des politiciens. On leur a reproché de ne pas se parler, d’être des orgueilleux, des hypocrites qui trompent le peuple parce que lorsqu’ils se voient ils se font l’accolade, alors qu’ils ne s’entendent pas dans la réalité. Mais qu’est ce qui se passe dans la gestion des médicaments anti-sida   ? Comme avec la gestion des poubelles il y a quelque temps. Exactement la même chose.

Des gens condamnés à vivre ensemble, des partenaires à vie, puisqu’il ne faut pas arrêter le traitement (en attendant qu’on trouve un vaccin curatif) qui ne se parlent pas franchement.

Des hommes et des femmes qui s’accusent mutuellement, qui se marchent sur les pieds alors que dans le fonds tous veulent la même chose : une bonne politique de gestion et d’administration des ARV  .

Chacun sait selon sa formation, ses compétences, ce qu’il a à faire et doit faire. Mais on est encore à se disputer des attributions. L’élève qui veut en apprendre au maître. Qui malheureusement ne peut pas faire cet effort d’humilité pour en recevoir de celui à qui il n’a pas fini d’apprendre. L’argentier compte ses sous de trop près jusqu’à choisir l’encre à utiliser pour faire la facture. Et on en est là.

Le ministère de la Santé publique a à charge les traitements dans la lutte contre le sida  . Mais son pendant chargé directement de la question est le PNPEC, que le RIP+ juge d’amorphe " inactivité avérée ". Quelles relations ont-ils ? Se parlent-ils ? Bref, il faut en finir avec tout ça. Que chaque accusé se lève et accomplisse sa tâche. Peut -être qu’après l’atelier de consensus d’Aboisso, leur Marcoussis, il leur faut un Pretoria pour qu’on en finisse avec les interprétations sans s’en référer au nouveau médiateur que le RIP+ (réseau des associations de personnes vivant avec le VIH  ) est en train de solliciter : le chef de l’Etat, et cela pour une solution politique.

voir le site Allafrica.com...


Publié sur OSI Bouaké le vendredi 20 mai 2005

 

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