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Côte d’ivoire : Les agences humanitaires s’efforcent de rester impartiales


Abidjan/Dakar, 25 avril 2011 (IRIN) - Selon les ONG, l’impartialité des agences humanitaires des Nations Unies et les ONG continue à être remise en question et doit être clairement réaffirmée en Côte d’Ivoire, étant donné le rôle direct joué par les forces de maintien de la paix de l’ONU   dans les combats.

Les agences humanitaires, qu’il s’agisse de celles de l’ONU   ou d’ONG, prennent délibérément leurs distances avec la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (l’ONUCI), de façon à pouvoir atteindre les populations les plus à risque, ont dit certains de leurs membres à IRIN.

L’ONUCI a tiré sur les unités militaires de l’ex-président Laurent Gbagbo qui pilonnaient l’Hôtel du Golf où était installé le président Alassane Ouattara. Le chef de l’ONUCI , Alain Le Roy, a défendu les actes de l’ONUCI, disant que la mission avait été obligée de réagir, après des attaques directes contre les civils et les forces de maintien de la paix, y compris au siège de l’ONUCI.

Les travailleurs humanitaires doivent être particulièrement prudents dans toutes les missions onusiennes intégrées (dans lesquelles les missions humanitaires et militaires de l’ONU   sont gérées conjointement), a souligné Philippe Conraud, Coordinateur humanitaire d’Oxfam Afrique de l’Ouest, « surtout dans le cas présent, où les actes de l’ONUCI ont été sujets à controverse en Côte d’Ivoire comme à l’étranger. »

Séparation

Oxfam garde ses distances avec l’ONUCI et son personnel souligne systématiquement - qu’il s’adresse à des chefs de village ou des forces militaires - qu’il n’a aucun lien avec l’ONUCI. « Le principe de base pour nous, pour les ONG, est de rester courtois, cordial avec tout le monde, que les gens soient armés ou pas. Je salue les gens à tous les barrages routiers tenus par les FRCI [les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, l’armée de M. Ouattara], je salue l’ONUCI, mais ça ne va pas plus loin, » a dit à IRIN Philippe Conraud, directeur des opérations humanitaires d’Oxfam.

Selon lui, il est extrêmement important de rappeler ceci à tous les personnels nationaux. Dans les zones difficiles qui ont été le théâtre de conflits ethniques, comme c’est le cas dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, Oxfam envoie des équipes issues d’autres provinces du pays pour s’assurer qu’elles ne soient pas considérées comme partisanes. « Les noms de nos personnels nationaux sont sur leur badge et les gens pourraient associer tel ou tel nom avec une certaine orientation politique.Nos personnels n’ont pas le droit d’exprimer de vues politiques au nom de l’ONG. »

Ed Schenkenberg van Mierop, président du Conseil international des agences bénévoles (ICVA), un réseau de 70 organisations non gouvernementales nationales et internationales, a indiqué la semaine dernière dans un communiqué, que plusieurs ONG locales censées distribuer l’aide humanitaire au nom de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (le HCR), dans des zones contrôlées par les forces pro-Gbagbo, avaient dû rendre cette aide à l’organisme, parce que l’ONUCI avait donné l’impression de prendre position dans le conflit. Le HCR n’a pas souhaité faire de commentaires.

Suite à la lutte de pouvoir qui s’est jouée à Abidjan, le Bureau des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) a, pour tenter de se dissocier des unités militaires, arrêté d’utiliser les véhicules des Nations Unies et préféré louer à la place des véhicules locaux, a dit Carlos Geha, directeur adjoint du bureau d’Abidjan, la capitale commerciale. C’est l’un des exemples de bonnes pratiques destinées à améliorer la sécurité du personnel humanitaire, qui sont mentionnées dans le rapport « To Stay and Deliver » que l’Ocha vient de publier.

« Nous nous démarquons de l’ONUCI et nous insistons toujours pour dire que nous sommes des humanitaires, » a insisté M. Geha, ajoutant qu’OCHA était aussi en train de mettre en place des règles de fonctionnement pour préserver l’espace humanitaire, interdisant entre autres l’usage d’une protection armée.

Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), qui est mentionné en exemple dans le rapport pour être particulièrement proactif et efficace dans sa façon de communiquer son impartialité, a eu peu de mal à se faire accepter en Côte d’Ivoire, a dit son responsable de la communication à Abidjan, Kelnor Panglungtshang. « Il y a eu durant le conflit quelques accusations d’un côté et de l’autre, mais dans l’ensemble, nous sommes bien acceptés ici, et nous avons pu accéder aux personnes démunies, excepté dans les cas où les affrontements directs nous barraient le chemin, » a t-il dit à IRIN.

Besoins médicaux

La sécurité à Abidjan s’est améliorée dans presque tous les quartiers, sauf ceux de Yopougon et Abobo, où l’armée des FRCI de M. Ouattara se serait battue contre une milice qui a [pourtant] contribué à amener M. Ouattara au pouvoir. L’eau et l’électricité ne sont toujours pas disponibles dans certains quartiers, en partie parce que des câbles électriques ont été détruits, selon le fournisseur d’électricité.

« Les besoins humanitaires sont encore énormes, » a dit Louis Vignault, porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui a lancé un appel pour réunir 30 millions de dollars afin de répondre aux besoins de la population en matière d’eau, d’installations sanitaires, de nutrition et d’éducation en situation d’urgence.

Le CICR, les ONG et les agences onusiennes soulignent [l’importance] des besoins en fournitures médicales, pour pouvoir reconstituer les stocks des cliniques et des hôpitaux qui ont été détruits ou pillés. Le CICR fournit des kits médicaux aux cliniques et hôpitaux d’Abidjan, ainsi qu’à 17 cliniques et hôpitaux de Korhogo, Bouaké, Man, San Pedro et Aboisso.


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 26 avril 2011

 

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