Accueil >>  Et en Afrique, on dit quoi ? >>  Côte d’Ivoire >>  Elections présidentielles 2010

Abidjan : la France frappe des objectifs militaires à la résidence de Gbagbo


LeMonde.fr avec AFP | 07.04.11 | La force française Licorne a de nouveau frappé, mercredi 6 avril au soir, à Abidjan, des objectifs militaires à la résidence où se terre le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, qui refusait toujours de se rendre, quelques heures après un assaut manqué des forces d’Alassane Ouattara.

Alors que lundi soir des bombardements de la France et de l’ONU   — sur la résidence, notamment — avaient fait s’écrouler l’essentiel du régime, mais sans obtenir que M. Gbagbo jette l’éponge, les tirs de mercredi soir sont survenus à l’occasion de l’évacuation réussie de l’ambassadeur du Japon.

Face aux "tirs nourris des forces pro-Gbagbo, situées dans et autour de la résidence présidentielle" et "notamment dirigés" vers la résidence voisine de l’ambassadeur de France, "avec des intrusions", la force française a effectué des "tirs de riposte par hélicoptère", selon l’ambassade de France. Un habitant de la zone a fait état de près d’une dizaine de tirs des hélicoptères français.

AMBASSADEUR EXFILTRÉ

Le Japon a salué jeudi l’action de la France et des Nations unies après l’intervention de la force française Licorne pour évacuer son ambassadeur de sa résidence à Abidjan mercredi soir où s’étaient introduits des miliciens favorables à Laurent Gbagbo. Sur les toits de la résidence du Japon, "des miliciens pro-Gbagbo avaient installé des armes lourdes", "menaçant les ambassadeurs voisins et les populations civiles", indiquait la force Licorne.

Il n’était pas possible dans l’immédiat de dire quels armements avaient été atteints dans la résidence, qualifiée par une source diplomatique de "vraie poudrière". Selon une source proche de l’opération, "au moins un" blindé a été "neutralisé" par un tir de la force Licorne dans la caserne de la Garde républicaine voisine de la résidence de M. Gbagbo.

L’ambassadeur japonais, Yoshifumi Okamura, et ses collaborateurs "sont désormais sains et saufs et en sécurité au camp [militaire français] de Port-Bouët", dans le sud d’Abidjan. Selon l’ambassadeur, quatre membres de son personnel local avaient "disparu", et un de ses collaborateurs a été "blessé" lors de l’attaque de ces hommes en armes.

A Washington un responsable du département d’Etat avait indiqué que les diplomates indiens, israéliens et japonais en Côte d’Ivoire ainsi qu’une vingtaine de journalistes ont sollicité l’aide des Etats-Unis pour quitter Abidjan.

SITUATION HUMANITAIRE "DRAMATIQUE"

Le camp Gbagbo a dénoncé l’assaut du matin et l’opération de Licorne dans la soirée, y voyant "une tentative d’assassinat du président Gbagbo". Il a accusé les deux forces de travailler ensemble sur ces interventions. Le ministre de la défense français, Gérard Longuet, a assuré que la France n’interviendrait pas en Côte d’Ivoire si M. Ouattara faisait appel à elle pour déloger définitivement M. Gbagbo.

Si la France refuse une aide militaire à M. Ouattara, son rival peut encore se prévaloir d’un soutien : l’Angola, qui possède une des armées les plus puissantes du continent, le considère toujours comme le "président élu".

A Abidjan, les habitants traumatisés par les récents combats restent pour la plupart terrés chez eux. Dans certains quartiers, les rues quasiment désertes étaient abandonnées aux pillards, l’eau et l’électricité sont coupées par endroits, les provisions de nourriture s’amenuisent. Dans d’autres un début de retour à la normale s’esquisse. Les affrontements à l’arme lourde dans Abidjan ont fait, selon l’ONU  , des dizaines de morts et la situation humanitaire est devenue "absolument dramatique", la plupart des hôpitaux ne fonctionnant plus.


VOIR EN LIGNE : Le Monde
Publié sur OSI Bouaké le jeudi 7 avril 2011

 

DANS LA MEME RUBRIQUE