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Côte-d’Ivoire : à Abidjan, la dernière bataille de Gbagbo


Libération - 01/04/2011 -

Les forces d’Alassane Ouattara, le président de Côte-d’Ivoire reconnu par la communauté internationale, livraient bataille à Abidjan dans la nuit de jeudi à vendredi pour s’emparer des derniers bastions de son rival Laurent Gbagbo, au bord de la défaite après quatre mois d’une sanglante crise post-électorale.

Au quatrième jour d’une offensive éclair, les forces pro-Ouattara, entrées dans la nuit dans la capitale économique, cherchaient à s’emparer du palais présidentiel et de la résidence de Laurent Bagbo, où ce dernier se trouvait en principe, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Vers minuit, le porte-parole du ministère de la Défense de M. Ouattara, le capitaine Léon Kouakou Alla, a affirmé à l’AFP que ses forces avait pris le contrôle de la télévision d’Etat RTI. « Nous nous sommes emparés de la RTI, les Forces républicaines sont à la RTI », a-t-il déclaré. Plusieurs habitants interrogés par l’AFP ont confirmé la coupure du signal.

M. Gbagbo « doit partir, c’est l’objectif à atteindre. Donc on doit s’emparer du palais présidentiel au quartier du Plateau (centre) et de la résidence présidentielle de Cocody », a ajouté le capitaine Alla. « Il reste à savoir si (…) le camp Gbagbo comprend que le jeu est fini ou s’il préfère jouer Fort Alamo », a déclaré à l’AFP un diplomate occidental. Combats à l’arme lourde

« Il y a des combats à l’arme lourde dans le périmètre de la résidence de Gbagbo », située dans le quartier chic de Cocody (nord), a déclaré un habitant à l’AFP. Depuis 22h00 (locales et GMT), « les tirs sont intenses, et ça tire dans quatre ou cinq directions à la fois. Il y a du monde », a-t-il ajouté.

Les combats ont commencé à moins d’un kilomètre de la résidence, autour de la cité universitaire Mermoz, un fief des partisans de M. Gbagbo, et s’étendaient dans ce secteur où est situé la télévision d’Etat RTI, a-t-il indiqué.

« Ça ressemble à l’assaut final », a ajouté cet habitant. Deux autres résidents de la zone ont confirmé que le quartier était secoué par le vacarme des tirs. « On a vu par la fenêtre énormément de combattants (pro-Ouattara, ndlr) se diriger vers là d’où venaient les tirs », a raconté l’un d’eux, enfermé chez lui. « Il y avait une colonne de 2-300 personnes à pied, et ensuite il y a eu plusieurs dizaines de voitures, tous phares éteints, qui sont passées », a-t-il précisé.

La résidence de M. Gbagbo est essentiellement protégée par des membres de la Garde républicaine, une unité d’élite lourdement équipée, selon des sources concordantes.

Ces combats se déroulent après l’expiration de l’ultimatum lancé par Guillaume Soro, Premier ministre du président Alassane Ouattara, au président sortant Laurent Gbagbo. M. Gbagbo a « jusqu’à 19h00 (locales et GMT) pour démissionner », avait déclaré M. Soro à l’AFP. « Il faut que Laurent Gbagbo se rende pour éviter un bain de sang » car « sinon on viendra le chercher là où il est », avait-il dit.

« Ça tire très fort puis ça s’arrête »

« S’il démissionne, c’est bien, sinon il sera traduit devant la justice internationale », a déclaré M. Soro. Le gouvernement de M. Ouattara avait annoncé auparavant l’instauration d’un couvre-feu à Abidjan - à partir de jeudi et jusqu’à dimanche- ainsi que la fermeture des frontières « jusqu’à nouvel ordre ».

Dans la ville, hérissée de barrages de jeunes pro-Gbagbo, la plupart des habitants ont préféré rester chez eux jeudi par crainte une bataille finale dans cette métropole d’au moins quatre millions d’habitants. « On s’est enfermé dans la chambre, ça tire très fort puis ça s’arrête », a raconté à l’AFP une habitante de Cocody.

Des soldats de la force française Licorne (900 hommes) sont intervenus à la suite de pillages dans un quartier sud de la ville habités par des ressortissants européens, notamment français, et qui abrite de nombreux commerces.

Un diplomate occidental a souligné auparavant que « l’avancée des forces de Ouattara a été étonnamment rapide ».

« Nous savons que l’entourage de Gbagbo est pour une renonciation » mais « sa femme (Simone) semble s’y opposer », a-t-il ajouté, jugeant que « les sanctions (contre Gbagbo) ont fait leur effet. Il n’a payé personne en fin de mois ».

En quatre jours, les troupes de M. Ouattara, présentes dans la moitié nord depuis 2002, ont pris le contrôle de la grande majorité du pays.

« Les 50.000 policiers et gendarmes armés ont tous quitté Gbagbo. Il n’y a que les forces spéciales de la Garde républicaine et les Cecos (commandos de forces spéciales) » qui restent, a déclaré le chef de l’ONU   en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin sur France-Info.

Depuis le début de la crise post-électorale fin novembre, qui a fait près de 500 morts selon l’ONU  , M. Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, a résisté aux sanctions internationales, avant que son régime ne vacille sous l’effet de la pression militaire et d’une défection de poids.

Le chef d’état-major de l’armée, le général Philippe Mangou, s’est réfugié mercredi à la résidence de l’ambassadeur sud-africain à Abidjan.

D’autres généraux se sont ralliés à Alassane Ouattara, a affirmé M. Soro sur la chaîne de télévision France 24.

Au fil des jours, les principales villes du pays sont tombées aux mains des combattants pro-Ouattara, souvent à bord de pick-up surmontés de mitrailleuses : la capitale politique Yamoussoukro (centre) mercredi, et jeudi le premier port d’exportation de cacao au monde, San Pedro (sud-ouest).

Washington, qui a de nouveau appelé Gbagbo à quitter le pouvoir, a demandé aux deux camps de faire de la protection des civils « leur principale priorité ».

(Source AFP)


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Publié sur OSI Bouaké le vendredi 1er avril 2011

 

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