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Côte d’Ivoire : dangereuse chasse à l’homme


Blog Posts-Afrique - 12/04/2011 - Par Sabine Cessou

Une immense chasse à l’homme s’est engagée le 12 avril à Abidjan et plusieurs villes du pays. Des témoignages nous sont parvenus dans la journée de Yopougon, un quartier d’Abidjan qui représente un bastion de Laurent Gbagbo, où des familles se terrent par peur d’être tuées par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, pro-Ouattara), sur le seul critère de leur appartenance ethnique - bété, ébrié, guéré, des communautés qui votent majoritairement pour Gbagbo.

Le système de délation mis au point par les milices pro-Gbagbo se retourne contre elles. Ces milices, qui faisaient chaque jour leur "petit lot de morts", selon l’expression d’un diplomate en poste à Abidjan, se passaient le mot sur les partisans réels ou supposés d’Alassane Ouattara. Des personnes enlevées, disparues, abattues, ou encore brûlées vives aux barrages érigés en ville, sur un simple nom du nord de la Côte d’Ivoire, ou originaire du Mali, du Burkina Faso, de Guinée. Le même système de délation, quartier par quartier, voit les doigt pointer désormais les pro-Gbagbo, là aussi réels ou supposés. Et engage les FRCI dans une chasse aux sorcières aux dérapages incontrôlés.

PRISONNIER

A Grand-Bassam, des jeunes auraient été embarqués à bord de camions par les FRCI, et certains parmi ceux qui auraient refusé de monter auraient été exécutés. Les plus chétifs auraient eu la vie sauve, les jeunes hommes dotés d’une forte constitution étant pris, au sens littéral, pour les "gros bras" des milices pro-Gbagbo. Ces informations, difficiles à vérifier, s’avèrent très inquiétantes. Alassane Ouattara a appelé lundi soir ses compatriotes à s’abstenir de tout acte de vengeance.

Le même soir, son Premier ministre Guillaume Soro a appelé la population à ne pas sortir le lendemain, en raison des opérations de "pacification" à Abidjan. Comment désarmer les milices pro-Gbagbo, qui recrutent largement parmi des civils - et notamment des élèves de collège et de lycée - sans procéder au "nettoyage ethnique" auquel crient déjà les partisans de Gbagbo et les familles des victimes ? Comment faire la différence, aujourd’hui, entre les vrais appels au secours lancés depuis la Côte d’Ivoire, et la propagande assenée pendant des mois par les médias aux ordres de Gbagbo ? Le ratissage à grande échelle en cours en Côte d’Ivoire est le corollaire de la chute de Gbagbo : inévitable, mais aussi extrêmement risqué, pour l’avenir politique d’Alassane Ouattara.


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Publié sur OSI Bouaké le mercredi 13 avril 2011

 

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