Accueil >>  VIH/Sida >>  Impact socio-économique

Les initiatives mondiales contre les grandes maladies ont des effets imprévus sur les systèmes de santé locaux


Le Monde 22.06.09 Les programmes mondiaux pour la santé obtiennent de bons résultats dans des domaines spécifiques (VIH  /sida  , tuberculose, paludisme, etc.) mais engendrent des effets imprévus sur les systèmes de santé locaux. Sortant de la "spéculation et des anecdotes", un rapport sans précédent de l’Organisation mondiale de la santé (OMS  ), publié samedi 20 juin par la revue The Lancet, rassemble les données existantes et celles de quinze nouvelles études pour établir ce bilan nuancé.

Depuis 2000, plusieurs grandes initiatives mondiales sur la santé ont été lancées pour combattre spécifiquement une maladie. Le groupe constitué par l’OMS   sur "la maximalisation des synergies positives" a centré son attention sur les quatre principales initiatives mondiales : le Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme, le Plan d’urgence du président des Etats-Unis d’Amérique pour l’aide à la lutte contre le sida   (Pepfar  ), l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (Gavi) et le Programme plurinational de lutte contre le VIH  /sida   (PPS) de la Banque mondiale. Premier constat : ces initiatives ont "changé la manière dont les donateurs internationaux fournissent l’aide à la santé publique", indique le rapport. L’aide au développement consacrée à la santé est passée de 4 milliards d’euros en 1990 à 16 milliards en 2007.

L’ATTRAIT DES ONG

Les initiatives mondiales ont aussi apporté des progrès substantiels à des millions d’individus, notamment en renforçant les soins de santé primaires et l’implication des communautés. La population couverte par des interventions ciblées pour la prévention et les soins contre le VIH  , par exemple, s’est notablement accrue.

Au Malawi, l’étude menée montre que là où des programmes soutenus par ces initiatives mondiales sont en place, le nombre de personnes sous traitement antirétroviral, se soumettant aux tests de dépistage et bénéficiant de la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, a presque quadruplé entre 2005 et 2008.

La stratégie collaborative adoptée par l’Afrique du Sud, le Swaziland et le Mozambique, avec le soutien du Fonds mondial, a réduit l’incidence du paludisme de plus de 85 %. De plus, dans bien des cas, ces initiatives ont agi comme facteur d’équité, en supprimant la participation financière des bénéficiaires des programmes.

Elles ont aussi permis d’innover en mettant en place un système public d’assurance-maladie, comme au Rwanda, de contribuer à développer les compétences des personnels soignants, comme en Afrique du Sud, ou d’accentuer les transferts de compétences vers des personnels moins qualifiés, ainsi que l’illustre le cas du Malawi.

Cependant, ces initiatives augmentent la pression sur les systèmes de santé locaux. La charge de travail des soignants s’est nettement accrue : au Malawi, elle a été multipliée par 3,5, principalement du fait des programmes contre le VIH  . Autres conséquences : l’accentuation de la fuite des cerveaux, non vers les pays riches, mais du secteur public vers celui des organisations non gouvernementales (ONG), comme au Kenya ou en Zambie, et le renforcement des déséquilibres entre zones urbaines et rurales. A cela s’ajoutent l’émergence de bureaucraties parallèles ou encore la diminution des dépenses de santé intérieures.

A partir de ce bilan plus contrasté que les évaluations traditionnelles des institutions internationales, le groupe constitué par l’OMS   souligne que "les initiatives mondiales pour la santé et les systèmes de santé nationaux ne sont pas indépendants, mais inextricablement liés". Il formule plusieurs recommandations : consacrer une part plus importante du financement international aux systèmes de santé ; donner une plus grande priorité au renforcement de ceux-ci dans les initiatives mondiales ; et documenter plus sérieusement les effets de ces initiatives.


VOIR EN LIGNE : the lancet
Publié sur OSI Bouaké le mercredi 24 juin 2009

 

DANS LA MEME RUBRIQUE