Accueil >>  Zone Franche >>  Intervention humanitaire

RDC : Indignation après l’assassinat de Floribert Chebeya, la « Voix des sans-voix »


Rue 89 - Par Carole Vann | Tribune des droits humains | 04/06/2010 | 08H40

Une vague d’indignation submerge la diaspora congolaise et les défenseurs des droits de l’homme à la nouvelle de l’assassinat de Floribert Chebeya Bahizire, l’une des figures majeures de la défense des libertés en République démocratique du Congo (RDC).

Floribert Chebeya Bahizire, 47 ans, père de cinq enfants, a été retrouvé mort dans sa voiture dans des conditions non encore élucidées.

Il était le président et fondateur de La Voix des sans-voix (VSV), une organisation de droits de l’homme mondialement reconnue pour son sérieux et son intégrité.

Les milieux de défense des libertés dénoncent l’absence de démocratie en RDC et exigent la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante.

Selon un collectif d’ONG congolaises de défense de droits de l’homme, Floribert Chebeya aurait été retrouvé tôt mercredi matin sur la banquette arrière de son véhicule, les mains menottées dans le dos, le pantalon et le sous-vêtement rabaissés sur les genoux, sur une route à l’ouest de Kinshasa.

Mardi après-midi, il avait reçu une convocation l’invitant à se rendre auprès de l’inspecteur général de la police nationale congolaise (IG/PNC), le général John Numbi Banza Tambo, pour un motif qui devait lui être communiqué sur place.

Il s’est donc rendu dans les bureaux de l’IG/PNC, à Kinshasa, vers 17 heures, en compagnie de Fidele Bazana Edadi, membre et chauffeur de la VSV.

Peu avant 20 heures, son épouse avait reçu plusieurs messages SMS du portable de Floribert Chebeya, l’informant qu’il n’avait pu rencontrer l’inspecteur général et qu’il se rendait à l’université pédagogique nationale. Depuis, ses proches sont restés sans nouvelles.

Son chauffeur aurait également été retrouvé mort jeudi matin à un autre endroit de Kinshasa, d’après ces ONG. Habitué de l’ONU   à Genève

Floribert Chebeya était un habitué de l’ONU   à Genève où il venait chaque année assister à la Commission puis au Conseil des droits de l’homme.

Eric Sottas, président de l’Organisation mondiale contre la torture, confie :

« Nous sommes sous le choc. Floribert est un ami, je le connais depuis quinze ans. Nous étions en contact sur une base quasi quotidienne.

C’était un homme très discret et modeste, dévoué aux droits de l’homme, respecté et reconnu partout dans le monde et en Afrique.

La dernière fois que je l’ai rencontré, c’était ce printemps lors de notre mission de solidarité en RDC avec Dick Marty et Dimitri. »

La délégation avait, à son retour, dénoncé les viols massifs à l’encontre des femmes et des enfants en RDC, ainsi que les dangers qui pèsent sur les défenseurs des libertés.

Jeudi après midi, un communiqué de la haut commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay, regrettait la « mort d’un des plus grands défenseurs des droits de l’homme de la RDC. »

Ce même jour, le rapporteur spécial sur les exécutions arbitraires et extrajudiciaires, Philip Alston rendait hommage durant la session du Conseil au défenseur congolais mort.

« Le Conseil des droits de l’homme ne peut laisser l’investigation aux mains du gouvernement de RDC qui semble impliqué dans cette mort.

La mort de ce fleuron des droits de l’homme est un message symbolique clair à l’encontre de tous les autres défenseurs des libertés dans le pays. Nous ne pouvons laisser passer cela. »

Photo : Floribert Chebaya.


VOIR EN LIGNE : Rue89
Publié sur OSI Bouaké le samedi 5 juin 2010

 

DANS LA MEME RUBRIQUE