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Michel Sidibé : "L’enfant reste la face cachée de l’épidémie du sida"


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Le Monde - 10.02.09

Devenu en janvier directeur exécutif d’Onusida  , Michel Sidibé définit pour Le Monde les priorités qu’il entend donner à l’action du Programme des Nations unies contre le sida  .

Quelle évolution allez-vous donner à la stratégie d’Onusida   ?

Le sida   demeure un problème crucial pour le monde, mais il ne faut pas l’approcher de manière isolée. Nous venons d’évaluer les besoins financiers : jusqu’en 2010, il faudra consacrer 25 milliards de dollars (19,4 milliards d’euros) par an pour que l’accès universel à la prévention, aux soins et aux traitements soit atteint. Ce ne sont pas 25 milliards seulement pour le sida  , mais un budget qui tient compte des nécessités de renforcer les systèmes de santé, d’intégrer les services et d’aller au-delà des besoins purement sanitaires. L’accès universel est un mouvement social, il révolutionne l’utilisation des ressources existantes et intègre le sida   dans une dynamique plus large. J’insiste sur le passage du niveau national au niveau local pour que les communautés s’approprient les programmes.

Un rapport de l’Initiative conjointe, réunissant des ONG, l’Onusida   ou encore le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), rendu public mardi 10 juillet, critique comme inadaptées les actions en direction des enfants touchés par le sida  ...

"Sauver les mères et les enfants" est un slogan central dans ma politique. L’enfant reste la face cachée de cette épidémie. Chaque jour, 1 200 enfants sont infectés par le VIH   et la moitié d’entre eux n’atteindra pas l’âge de 2 ans. Il faut donner à l’enfant une place beaucoup plus importante dans les politiques nationales et systématiser les programmes de prévention de la transmission de la mère à l’enfant. Je viens de voir comment dans une township en Afrique du Sud, à Kayelitsha, l’accès universel à cette prévention pouvait être une réalité. Il faut développer cette dynamique dans la région, qui est l’épicentre de l’épidémie, sous peine d’échouer.

Craignez-vous que la crise économique actuelle compromette le financement de la lutte contre le sida   ?

Le risque existe, mais ce serait abandonner les 4 millions de personnes déjà sous traitement et briser l’espoir de 12 millions d’orphelins. Si nous n’investissions pas dans la santé, cela coûterait plus cher à long terme et remettrait en question les processus de stabilisation et de démocratisation. Sans compter les crises sociales.

Il est impératif de mieux gérer l’argent et de présenter des résultats concrets, obtenus à un coût réduit. Les dépenses doivent être rationalisées et ceux qui reçoivent des fonds doivent obligatoirement rendre des comptes. L’objectif fixé par les Nations unies de l’accès universel pour 2010 n’est qu’un moyen pour atteindre en 2015 les Objectifs du millénaire pour le développement.

Propos recueillis par Paul Benkimoun Article paru dans l’édition du 11.02.09.


Publié sur OSI Bouaké le mardi 10 février 2009

 

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