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Une enfant née séropositive n’a plus de trace du sida

Immédiatement placée sous trithérapie après sa naissance, l’enfant a arrêté d’être traitée. Après 18 mois, elle ne présente plus de trace du VIH.


Libération, 23 Octobre 2013 - AFP - L’enfant américaine de 3 ans née séropositive et traitée aussitôt avec des antirétroviraux ne montre toujours aucune trace du sida   après 18 mois sans traitement, ont indiqué mercredi des chercheurs, confortant l’espoir de guérison des nouveau-nés avec une thérapie précoce. Il s’agit du premier cas connu à ce jour d’une guérison « fonctionnelle » d’un nourrisson infecté par sa mère séropositive. Il avait été dévoilé en mars. La petite fille avait reçu des antirétroviraux moins de 30 heures après sa naissance, beaucoup plus tôt que ce qui est normalement fait pour les nouveaux-nés, dont le risque de contamination est élevé.

Ce traitement précoce explique probablement la guérison fonctionnelle de la fillette, âgée aujourd’hui de 3 ans. Le traitement a bloqué la formation de réservoirs viraux difficiles à traiter, selon les chercheurs. Ces cellules contaminées « dormantes » relancent l’infection chez la plupart des personnes séropositives quelques semaines après l’arrêt des antirétroviraux. « Nos observations suggèrent que cette rémission n’est pas un hasard mais probablement le résultat d’une thérapie antivirale agressive très précoce qui a empêché le VIH   de s’établir dans les cellules immunitaires de l’enfant », souligne le Dr Deborah Persaud, virologue au centre hospitalier Johns-Hopkins, principal auteur de cette étude parue dans le New England Journal of Medicine, et qui continue à suivre la petite fille.

Les tests avaient montré une diminution progressive de la présence virale dans le sang du nouveau-né jusqu’à ce que le virus soit indétectable 29 jours après la naissance. L’enfant, née dans le Mississippi, a été traitée avec des antirétroviraux jusqu’à ses 18 mois, âge à partir duquel les médecins ont perdu sa trace pendant dix mois. Pendant toute cette période elle n’a pas reçu de traitement antirétroviral.

Etude clinique

Aucun des tests sanguins effectués par la suite n’a permis de détecter la présence du VIH  . Seules des traces du virus ont été mises en évidence par des analyses génétiques, mais elles n’étaient pas suffisantes pour sa réplication. Ce cas de « guérison apparente » va donner lieu début 2014 à une étude clinique financée par des fonds fédéraux pour tester une thérapie antirétrovirale précoce chez des nouveau-nés séropositifs.

Plus de 260 000 enfants sont contaminés par leur mère chaque année, surtout dans les pays en développement, malgré les avancées importantes qui empêchent cette transmission dans 98% des cas par des traitements antirétroviraux durant la grossesse.

La seule guérison complète officielle du sida   reconnue au monde est celle de l’Américain Timothy Brown, dit « patient de Berlin », déclaré guéri après une greffe de moelle osseuse d’un donneur présentant une mutation génétique rare empêchant le virus de pénétrer dans les cellules immunitaires. Cette greffe visait à traiter une leucémie. Mais, soulignent les virologues, ce traitement très lourd n’est pas envisageable pour les 33 millions de séropositifs dans le monde.

La suppression de la charge virale du VIH   sans traitement est rare. Elle est observée dans moins de 0,5% des adultes infectés, appelés « contrôleurs ». Leur système immunitaire empêche la réplication du virus et le rend cliniquement indétectable. Une étude présentée en 2012 révélait que 14 adultes séropositifs en France mis peu après leur infection (8 à 10 semaines) sous antirétroviraux pendant près de trois ans continuaient à « contrôler » leur infection, sept ans après, sans ces traitements.

La petite fille « guérie » du Mississippi ne présente aucune des caractéristiques immunitaires de ces « contrôleurs », souligne le Dr Persaud confirmant l’efficacité potentielle d’une thérapie anti-virale précoce. Mais les virologues se montrent prudents. « A la question de savoir si l’enfant est guérie, la meilleure réponse à ce stade est : "peut-être" », écrit le virologue Scott Hammer, de l’Université Columbia à New York, dans un éditorial publié dans le New England Journnal of Medicine. Cette incertitude s’explique par le besoin d’un suivi à long terme sans traitement et l’imprécision de la mesure des réservoirs viraux, précise-t-il.


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Publié sur OSI Bouaké le jeudi 24 octobre 2013

 

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