Accueil >>  Justice internationale

La CPI déclare Thomas Lubanga coupable de crimes de guerre

L’ex-chef de milice congolais est jugé coupable d’avoir enrôlé des enfants dans son groupe. Sa peine sera connue ultérieurement.


Libération, 14 Mars 2012 - L’ancien chef de milice de République démocratique du Congo (RDC) Thomas Lubanga a été reconnu coupable ce mercredi de crimes de guerre, pour avoir utilisé des enfants soldats, par la Cour pénale internationale (CPI  ) qui rendait son premier jugement (à télécharger ci-dessous en pdf).

« La chambre a conclu à l’unanimité que l’accusation a prouvé au-delà de tout doute raisonnable que Thomas Lubanga est coupable des crimes de conscription et d’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans et les a fait participer à un conflit armé », a déclaré le juge britannique Adrian Fulford qui a lu un résumé du jugement lors d’une audience publique à La Haye (Pays-Bas).

Une peine sera prononcée ultérieurement, a précisé le juge.

Impassible

Vêtu d’habits traditionnels et d’un chapeau blancs, Thomas Lubanga est resté impassible lors de la lecture du jugement, échangeant seulement un bref sourire avec son épouse, assise au premier rang de la galerie du public, à la fin de l’audience. L’actrice américaine Angelina Jolie assistait au jugement dans les rangs du public.

Le procès du fondateur et dirigeant présumé de l’Union des patriotes congolais (UPC) et ex-commandant des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) s’était ouvert le 26 janvier 2009 et achevé le 26 août 2011. Transféré à La Haye en 2006, Thomas Lubanga avait plaidé non coupable.

Régie par le Statut de Rome entré en vigueur en 2002, la CPI  , entrée en fonction en 2003, est le premier tribunal pénal international permanent chargé de juger les auteurs présumés de génocides, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Plusieurs ONG internationales ont salué le jugement à l’encontre de l’ancien chef de milice.

« C’est un signal très fort aux auteurs de crimes aussi graves, un signal que l’impunité n’existe pas », a déclaré à l’AFP Géraldine Mattioli, chargée de la justice internationale pour l’ONG Human Rights Watch.

« Le verdict d’aujourd’hui va faire réfléchir ceux qui commettent à travers le monde le crime horrible d’utiliser et abuser des enfants, sur et en dehors du champs de bataille », a de son côté assuré Michael Bochenek, chargé du programme justice internationale d’Amnesty International, cité dans un communiqué.

Thomas Lubanga, 51 ans, a été reconnu coupable de crimes de guerre pour avoir utilisé des enfants soldats dans la guerre civile en Ituri (nord-est de la République démocratique du Congo) en 2002 et 2003.

« Nous espérons que ce jugement aidera à consolider la légitimité de la Cour, qui est essentielle à la portée de son pouvoir dissuasif », a déclaré Paul Nsapu, de la Fédération internationale des droits de l’Homme, lors d’une conférence de presse à la CPI   : « nous sommes satisfait de cette décision historique ».

Qualifiant la CPI   de « jeune et unique », Paul Nsapu a en effet rappelé que la CPI  , entrée en fonction en 2003 à La Haye, rendait mercredi son premier jugement.

Regrets

« C’est un soulagement pour les victimes qu’il ait été reconnu coupable », a déclaré à l’AFP Luc Walleyn, représentant légal des victimes : « la chambre a été très claire et très ferme sur la responsabilité de Thomas Lubanga ».

« Ce ne sera pas la peine maximum », a-t-il prédit : « l’enrôlement d’enfant reste un crime très grave, toute une génération de jeunes a été sacrifiée là-bas, mais bon, ce n’est pas un génocide ».

Plusieurs ONG ont toutefois regretté que Thomas Lubanga n’ait pas été poursuivi pour viol.

« Des charges réduites produiront peu de résultats », a déclaré à l’AFP Carla Ferstman, de l’ONG Redress : « il est dommage que cette charge (de viol NDLR) n’ait pas été retenue alors que les juges ont clairement mentionné que des filles avaient été violées et utilisées comme esclaves sexuelles ».

« Nous nous réjouissons surtout à l’idée que débute le premier processus de réparations pour les victimes devant la CPI   », a-t-elle ajouté : « et puis, nous espérons également qu’il n’y aura pas de représailles au Congo contre ceux qui ont eu le courage de venir témoigner dans ce procès ».

(AFP)

.: 2012-03- Jugement Lubanga CPI :.

VOIR EN LIGNE : Libération
Publié sur OSI Bouaké le samedi 17 mars 2012

 

DANS LA MEME RUBRIQUE