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Brésil : Lula trace sa voie en Afrique


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C’est par le Cameroun que Luiz Inacio Lula da Silva a entamé dimanche une visite de quatre jours en Afrique qui doit ensuite le conduire au Nigeria, au Ghana, en Guinée Bissau et au Sénégal. Le président brésilien se rend pour la quatrième fois en deux ans et demi sur ce continent où il jouit d’un grand prestige grâce à son engagement international en faveur des pays en voie de développement.

Les autorités brésiliennes ont choisi un symbole fort pour traduire le renforcement des relations entre leur pays et le Cameroun. Elles ont fait coïncider la venue du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, la première dans ce pays, avec la réouverture de l’ambassade du Brésil à Yaoundé. Arnaldo Salabert, chargé d’affaires du Brésil au Cameroun, a expliqué dans un entretien au quotidien Mutations qu’elle avait été fermée voilà six ans pour des raisons budgétaires. Et le fait qu’une nouvelle représentation ouvre ses portes montre la grande importance que revêt le Cameroun aux yeux du Brésil. « La coopération brésilienne concerne le transport, l’éducation, le commerce, le sport... (...) Et je pense qu’il y a beaucoup de possibilités de coopération. D’abord parce que ce sont des pays tropicaux en voie de développement, et, en plus, les deux pays se font face sur le plan géographique. Ce n’est que l’océan qui nous sépare. De l’autre côté de Kribi, c’est Copacabana, à Rio de Janeiro », explique Arnaldo Salbert.

Ce resserrement des liens a logiquement été loué par le président camerounais Paul Biya qui a insisté dimanche sur l’importance de la visite de Lula. « Votre visite est le point de départ d’un nouvel élan pour nos relations », a déclaré Paul Biya en présence de son invité de marque. Accompagné d’une délégation de chefs d’entreprise, le président brésilien a plaidé, une nouvelle fois, en faveur du développement du commerce entre son pays et les nations africaines, un flux Sud-Sud qui constitue l’un des axes forts de sa politique commerciale. Les échanges du Brésil avec le continent africain ont totalisé 6,5 milliards de dollars en 2004, dont près de la moitié avec le Nigeria, où Lula doit se rendre après son séjour au Cameroun. Une étape nigériane qui explique la présence dans la délégation présidentielle de plusieurs dirigeants de Petrobras, la compagnie pétrolière brésilienne.

La visite de Lula en Afrique ne se borne cependant pas simplement à des aspects commerciaux. Son objectif est également d’essayer d’obtenir le soutien des pays visités derrière la candidature du Brésil qui souhaite obtenir un siège permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans le projet de réforme des Nations unies qu’il a récemment présenté, Kofi Annan, secrétaire général de l’Onu  , a plaidé en faveur d’un Conseil de sécurité « plus représentatif de la communauté internationale dans son ensemble ». Et le Brésil défend l’idée que deux représentants africains puissent également intégrer cette instance en qualité de membres permanents.

Un pays cité en exemple

Désireux de gagner une autre dimension sur la planète, le Brésil, un pays qui compte près de 180 millions d’habitants, souhaite également être mieux représenté au sein d’organisations internationales comme l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Celle-ci doit justement élire au plus tard le 31 mai un nouveau secrétaire général. Et parmi les quatre candidats en lice se trouve le Brésilien Luiz Felipe de Seixas Correa, un homme qui jouit d’un important soutien parmi les pays en voie de développement en raison de l’action intentée par le Brésil contre les Etats-Unis dans le dossier du coton. Le Brésil avait déposé une plainte en mars 2003 auprès de l’OMC pour dénoncer certaines aides accordées par les autorités américaines au profit des producteurs de coton des Etats-Unis. Et il a obtenu la condamnation de ces aides par l’Omc qui leur reproche de « créer un préjudice grave » pour les autres producteurs de coton. Une décision saluée par des pays comme le Mali ou le Bénin, victimes de cette concurrence déloyale.

L’engagement de Lula en faveur d’une plus grande justice sociale et économique rencontre logiquement un important écho en Afrique. Lula est perçu sur place comme un homme capable de proposer une véritable alternative. Revenant sur la décision du Brésil de ne plus solliciter l’aide financière du FMI, le quotidien camerounais Le Messager estime ainsi que Lula donne « une leçon à nos chefs d’Etat, éternels quémandeurs d’aide ». Pour ce journal, le Brésil a montré par l’exemple que « s’affranchir de la tutelle très nocive du FMI est une exigence pour chaque pays africain ».

Le plus grand pays latino-américain sert également d’exemple dans le domaine de la santé. Le Brésil a en effet activement participé à la réduction des coûts de traitement du sida   en favorisant la fabrication de médicaments génériques. En 1996, le gouvernement brésilien a décidé de garantir l’accès universel et gratuit aux thérapies anti-rétrovirales, devenant le premier pays de l’hémisphère sud à s’engager de la sorte dans la lutte contre ce fléau. Et il n’hésite pas désormais à prêter assistance aux nations qui demandent de l’aide. Basée à Rio de Janeiro, la Fondation Oswaldo Cruz, une référence mondiale dans la production publique de médicaments génériques anti-sida  , a ainsi commencé à transférer en mai dernier ses connaissances scientifiques et techniques au Nigeria et au Mozambique. Et le président Lula ne va pas manquer, au cours de cette quatrième visite africaine, d’insister sur l’importance de réussir à diffuser ce savoir-faire.

Olivier Bras Article publié le 11/04/2005


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Publié sur OSI Bouaké le vendredi 29 avril 2005

 

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