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Pour un nombre plus limité d’ARV de deuxième ligne - OMS


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Johannesbourg, 11 février 2008 (Plusnews)

Alors que les pays en développement élargissent leurs programmes de traitement antirétroviral (ARV  ), de plus en plus de patients séropositifs sont susceptibles de développer un virus résistant aux médicaments et d’avoir besoin de traitements de deuxième génération.

Cependant, les pays en développement n’ont pas accès à un grand nombre de ces médicaments, car ceux-ci sont absents des centres de traitement, ou s’obtiennent à des prix prohibitifs. En outre, les médecins n’ont souvent pas l’expérience ou les connaissances nécessaires à la prescription d’ARV   de deuxième ligne.

Afin d’aider les gouvernements à proposer des traitements de deuxième génération, d’accélérer le processus d’approbation des médicaments et de faire chuter les prix, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS  ) recommande un nombre plus limité d’ARV   de deuxième génération.

Ainsi, de nouvelles directives ont été élaborées lors d’une réunion d’experts organisée en mai 2007, notamment dans le but de répondre aux pays qui réclamaient un plus grand encadrement afin de savoir quels ARV   de deuxième génération leur programme national de traitement devait inclure.

« Ces lignes directrices sont de bonnes nouvelles », a déclaré le docteur Tido von Schoen-Angerer, directeur de la Campagne d’accès aux médicaments essentiels de Médecins Sans Frontières.

« Autrefois, le choix de médicaments était très large, aujourd’hui, il y a un plus grand encadrement, ce qui présente des avantages importants au niveau du programme. En outre, cela signifie également que les médicaments seront moins onéreux », a-t-il précisé.

Selon les estimations de l’OMS  , en décembre 2006, sur les deux millions de personnes séropositives sous traitement ARV   vivant dans les pays à bas ou à moyens revenus, seuls deux pour cent des patients suivaient un traitement de deuxième génération.

Néanmoins, ce chiffre augmente, car chaque année, près de trois pour cent des personnes porteuses du virus doivent interrompre un traitement de première génération au profit d’un traitement de deuxième ligne.

Les médicaments de deuxième génération coûtent entre deux et neuf fois plus chers que les médicaments de première ligne, et peu de versions génériques sont disponibles. En outre, l’OMS   estime que sans une baisse des prix, d’ici à 2012, jusqu’à 90 pour cent des fonds destinés aux programmes de traitement ARV   seront consacrés aux médicaments de deuxième ligne.

L’accès à la deuxième ligne, un défi

D’après l’Initiative de la Fondation Clinton contre le VIH  /SIDA  , le prix d’un certain nombre de médicaments génériques de deuxième génération qui devraient être prochainement approuvés, ou qui attendent de recevoir une approbation, dépendra de la capacité à limiter le nombre de médicaments différents prescrits dans le cadre d’un traitement de deuxième génération.

« L’accès aux médicaments de deuxième génération demeure un défi », a souligné Andy Gray, consultant en pharmacie pour le Centre du programme de recherche sur le VIH  /SIDA   en Afrique du Sud (CAPRISA en anglais).

M. Gray a rappelé que l’Afrique du Sud, un pays à moyens revenus, disposant d’une capacité de réglementation fortement supérieure aux autres pays de la région, n’avait toujours pas accès à une version générique d’un inhibiteur de protéase, une catégorie de médicaments ARV   présente dans la plupart des traitements prescrits aux patients adultes.

M. Gray se réjouit des nouvelles directives de l’OMS   relatives aux traitements de deuxième génération, mais il fait part de quelques réserves, craignant que ces choix ne soient trop restrictifs.

« Limiter le nombre de médicaments ARV   de deuxième ligne peut sembler être une bonne initiative, mais dans les pays à moyens revenus comme l’Afrique du Sud, les cliniciens vont exercer beaucoup de pression et réclamer un plus grand choix », a-t-il expliqué.

« Si des pays comme l’Afrique du Sud disposent de suffisamment de cliniciens dûment formés, alors les programmes de traitement ARV   peuvent bien évidemment inclure un plus grand nombre de médicaments de deuxième génération », a dit le docteur Tido von Schoen-Angerer.

« Mais si l’on veut rendre les traitements de deuxième génération plus accessibles, le seul moyen d’y arriver est de faciliter la mise en ouvre des programmes de traitement », a-t-il poursuivi.

Des médicaments toujours trop chers

Selon M. Gray et le docteur Tido von Schoen-Angerer, de nombreux obstacles continuent d’entraver le processus visant à faire chuter le prix des médicaments de deuxième génération.

« Je ne pense pas que les gouvernements prennent suffisamment d’initiatives afin de se préparer au nombre de personnes qui nécessiteront un traitement de deuxième génération », a déploré Andy Gray.

Par exemple, rares sont les gouvernements qui ont su tirer avantage des mesures de protection offertes par l’accord conclu par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). En effet, cet accord autorise un équilibre entre les droits de propriété intellectuelle et les priorités de santé publique.

En outre, les ADPIC autorisent les pays à recourir à des « licences obligatoires » sur certains produits brevetés, lors d’une urgence de santé publique, afin de produire ou d’importer des versions génériques moins chères.

Selon le docteur Tido von Schoen-Angerer, les pays devront recourir à cette mesure, surtout si les laboratoires pharmaceutiques parviennent à remettre en question une loi indienne qui autorise le pays à supprimer les brevets sur les médicaments qui sont des versions modifiées de médicaments existants.

« Nous dépendons énormément des médicaments génériques d’Inde. C’est donc avec beaucoup d’inquiétude que nous attendons de voir ce qui va se produire avec les brevets », a confié le docteur Tido von Schoen-Angerer.

Les nouvelles directives élaborées par l’OMS   attirent l’attention sur un obstacle supplémentaire en matière d’accès efficace à un traitement de deuxième génération : de nombreux pays en développement n’ont pas la capacité d’effectuer les tests qui déterminent l’échec d’un traitement ARV   de première génération.

« Afin d’accroître l’efficacité et la durée des traitements ARV   de première et de deuxième génération, l’OMS   continue d’encourager l’accès universel aux tests CD4 - permettant d’évaluer la résistance du système immunitaire - et aux tests de charge virale du VIH  . L’agence onusienne soutient également un usage adapté et abordable de ces tests », indiquent les nouvelles directives.

En l’absence de matériel permettant de mesurer la charge virale (la quantité de VIH   dans le sang), les travailleurs sanitaires doivent se fier à des signes extérieurs indiquant une progression de la maladie, en dépit du traitement. En conséquence, lorsqu’elle est détectée, la résistance médicamenteuse est souvent déjà à un stade très avancé.


Publié sur OSI Bouaké le lundi 11 février 2008

 

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