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Voyage au coeur de "l’empire noir" de Bolloré au Cameroun

L’occasion de redire du bien de l’émission "Interception" deFrance Inter


Par David Servenay | Rue89 | 28/03/2009 | 21H07

Souvent cité en exemple comme modèle français de l’entrepreneur dynamique, Vincent Bolloré est très contesté en Afrique. France Inter s’est intéressé au Cameroun, où « l’empire noir de Bolloré » dévoile une face cachée peu reluisante. Enquête à écouter ce dimanche dans l’émission « Interception ».

Le train, le port, les plantations... l’empire Bolloré règne sur le pays

C’est en suivant la voie de la Cam rail (la SNCF camerounaise) que commence l’enquête de Benoit Collombat. En pleine gare de Douala, à midi, pas l’ombre d’un train. Et pour cause : il n’y a plus que trois rotations par jour entre la capitale économique du pays et Yaoundé, son centre politique.

Pourquoi ? Parce que son nouvel actionnaire en a décidé ainsi. Depuis 1999, la compagnie nationale appartient à la multinationale du milliardaire breton, Vincent Bolloré.

Au passage, on apprend que l’accord de privatisation de 1999, prévoyant l’indemnisation de 603 employés n’a pas été respecté. Tout comme les promesses de modernisation du réseau.

Le directeur du port, qui s’oppose à Bolloré, est licencié

Après le train, le port autonome de Douala. Là aussi, le groupe Bolloré est solidement implanté. Il contrôle l’essentiel des infrastructures par lesquelles transitent 85% des importations du pays.

L’ancien directeur général du port, Emmanuel Etoundi Oyono, raconte comment il s’est opposé à la privatisation de l’activité de draguage des pieds de quais.

« Le port a donné son personnel et sa drague à la SDCA, et s’est retrouvé facturé avec des montants très importants. Bolloré devrait louer tout ça et ce n’est pas le cas : c’est juste inadmissible. »

Résultat : le directeur rebelle a été licencié, alors même, ajoute-il, que « l’article 4 créant le port autonome de Douala énonce les dispositions éligibles à la privatisation : le draguage n’en fait pas partie. » Au Cameroun, le groupe Bolloré fait à peu près ce qu’il veut.

Un empire économique et des relais politiques partout présents

La suite n’est qu’une longue addition de passe-droits, de contournement des lois, de travailleurs mal payés... une saga peu reluisante au regard des critères sociaux minimum, y compris en Afrique. A la Socapalm, société camerounaise de palmeraie, les employés affectés à la cueillette touchent péniblement 50 euros par mois.

A chaque exemple, le tableau s’obscurcit, sans que les représentants locaux de l’empire Bolloré ne prennent la peine de s’expliquer sur ces conditions de travail. « C’est un risque pour notre image », avoue l’un d’eux.

Finalement, France Inter a pu avoir une réaction -en forme de démenti- du directeur Afrique du groupe, mais trop tardivement pour être intégré au reportage. Elle a été mise en ligne dimanche matin sur le site internet d’Inter.

Un lobbying tous azimuts pour tisser sa toile

Mieux (ou pire, selon le point de vue), l’enquête de Benoit Collombat lève aussi un coin du voile sur la façon dont le groupe français a tissé sa toile au Cameroun.

D’un soutien massif à la fondation Chantal Biya, première dame du pays, au financement d’une radio animée par un prêtre proche du pouvoir, en passant par les services médiatiques rendus au président Biya lors d’une visite à Paris, toutes les méthodes de lobbying sont utilisées.

Pius N’jawé, le directeur du grand quotidien Le Messager peut conclure sans se tromper :

« Bolloré, c’est une illustration parfaite de la Françafrique. »

L’Empire noir de Bolloré enquête diffusée dans l’émission « Interception » - France Inter - dimanche 29 de 9h à 10h.

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Publié sur OSI Bouaké le lundi 30 mars 2009

 

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