Libération - 23 mai 2013 -
Dans son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde [1], rendu public ce jeudi, Amnesty international dénonce la violation toujours plus grande des droits des migrants et réfugiés dans le monde. « Les droits de millions de personnes qui ont fui les conflits et les persécutions, ou qui ont quitté leur pays en quête de travail et d’une vie meilleure, pour eux et leur famille, sont bafoués », s’alarme l’ONG. « Les personnes fuyant les conflits ne sont pas les seules à pâtir de ces mesures. Du fait de politiques de lutte contre l’immigration qui ouvrent la porte à leur exploitation en toute impunité, des millions de migrants se retrouvent dans une situation de violence ou de violation de leurs droits – y compris le travail forcé et les violences sexuelles. » Cette situation « est nourrie en bonne partie par le discours populiste qui désigne les réfugiés et les migrants comme responsables des problèmes internes des Etats ».
L’organisation pointe en particulier l’Union européenne, qui « applique des mesures de contrôle aux frontières qui mettent en danger la vie des migrants et des demandeurs d’asile et ne garantissent pas la sécurité de celles et ceux qui fuient les conflits et les persécutions ». Mais aussi l’Afrique du Sud, qui réserve selon Amnesty un traitement criminel aux migrants, cinq ans après un déchaînement de violence xénophobe qui avait fait 62 morts. Le rapport cite ainsi un nouvel épisode de pillages et destructions de magasins fin juin 2012 dans la province de l’Etat libre (dans le centre du pays), qui a entraîné le déplacement de 700 personnes, pour la plupart Ethiopiens. « Dans ce cas comme dans de nombreux autres, la police a tardé à réagir, se rendant parfois même complice des violences, selon de nombreux témoignages », accuse Amnesty. L’Afrique du Sud est le pays qui enregistre le plus grand nombre de demandes individuelles d’asile au monde (quelque 3500 à 4000 chaque mois), devant les Etats-Unis, en partie parce que l’obtention d’un permis de travail au titre de l’immigration tient du parcours du combattant.