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RDC : L’armée congolaise responsable de milliers de viols demeurés impunis


Le Monde | 17.07.09 | 15h05 | Jean-Pierre Stroobants (correspondant à Bruxelles), et Christophe Châtelot (Paris)

Elle a 15 ans et habite Kihonga, dans le Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Elle a raconté l’inimaginable aux enquêteurs de l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW), qui l’ont inclus dans un rapport publié à Bruxelles, jeudi 16 juillet. (Ce rapport s’intitule "Les soldats violent, les commandants ferment les yeux. Violences sexuelles et réforme militaire en RD Congo". Il est téléchargeable sur le site de HRW et en bas de cette page)

"Les soldats qui sont venus étaient six. D’abord, ils ont violé ma petite soeur de 3 ans, puis deux d’entre eux m’ont violée pendant que les autres pillaient la maison. Ils ont jeté mon bébé nouveau-né par terre (...) Ils ont emmené ma mère avec eux (...) Je pense qu’elle doit être morte." Ce récit, parmi d’autres, résume les dizaines de milliers d’atrocités qui se sont produites depuis quinze ans dans ce pays déchiré par des guerres à répétition.

"Les violences sexuelles perpétrées par l’armée demeurent généralisées ", note HRW qui s’est concentré sur les exactions des forces armées "régulières" (FARDC), et non sur celles des groupes rebelles qui utilisent eux aussi les viols comme arme de guerre pour terroriser, punir et contrôler les populations.

Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a ainsi recensé, pour 2008, 15 996 nouveaux cas de violences sexuelles dans l’ensemble du pays. Dont 7 703 cas "perpétrés par l’armée, les rebelles et autres acteurs" dans les seules provinces du Nord et du Sud-Kivu. Et depuis le début 2009, les violences sexuelles "ont encore doublé, voire triplé", selon HRW, conséquence de l’offensive des armées congolaise et rwandaise, assistées techniquement par les casques bleus de la Monuc, contre quelques milliers de rebelles hutus.

L’ONG Oxfam rappelait, mardi, que 800 000 personnes ont aussi dû fuir leur domicile face aux violences, au cours des six premiers mois de l’année.

Selon HRW, les victimes de viols commis par l’armée sont souvent des enfants (65 %), parfois âgés de moins de 10 ans (10 %). "Les auteurs des viols et enlèvements sont essentiellement des soldats de l’armée régulière (FARDC), mais aussi d’anciens rebelles de l’opposition armée intégrés dans les forces armées, voire des civils", explique Juliane Kippenberg, une experte de HRW.

La justice militaire n’a condamné, en 2007, que 27 soldats présents dans les deux provinces du Kivu. Les enquêteurs de HRW ont interrogé des militaires congolais. L’un d’eux, membre de la 14e brigade des FARDC, racontait en mars : "Nous vivons comme des chiens, aux crochets des civils, leur mendiant des bananes. Cela fait trois mois que nous n’avons pas été payés ou reçu quelque chose à manger..."

HRW recense quelques améliorations (campagne contre l’impunité, action de la Cour pénale internationale...) mais déplore l’inaction contre les sous-officiers et officiers, personnages "puissants et intouchables, traités comme tels par les dirigeants politiques et militaires".

.: Les soldats violent, les commandants ferment les yeux. Violences sexuelles et réforme militaire en RD Congo :.

Rapport de HRW, juillet 2009


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Publié sur OSI Bouaké le mercredi 22 juillet 2009

 

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