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En Afrique aussi, le combat pour l’égalité entre femmes et hommes avance


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Basta, Eros Sana 23 novembre 2018 - Collectivités locales et société civiles africaines s’organisent pour solidifier la démocratie, lutter contre le dérèglement climatique, assurer l’accueil de migrants : 5000 maires, élus et militants associatifs se rencontrent en ce moment à Marrakech, au Maroc, pour le 8ème sommet d’Africités. Basta ! s’en fait l’écho. Paroles de participantes, qui travaillent à l’égalité entre femmes et hommes.

La salle est pleine à craquer. Tellement de femmes y affluent que trois rangs de chaises supplémentaires doivent être ajoutés. En ce deuxième jour du 8ème sommet Africités à Marrakech (Maroc), l’atelier sur les stratégies pour l’égalité de genre du Réseau des femmes élues locales d’Afrique (Refela) est un indéniable succès. Dans la salle, des femmes venues de tout le continent sont issues d’organisations de la société civile africaines, sont élues locales, ou même maires de villes moyennes et d’agglomérations.

La première femme maire de Tunis (640 000 habitants), Souad Abderrahim, est présente, ainsi que Célestine Ketcha Courtès, première édile de la ville camerounaise de Bangangté (65 000 habitants) et présidente du Refela, ou encore Catherine Samba-Panza, ancienne Présidente de la Centrafrique (2014-2016). « Arrivée à la tête de l’État a été un immense challenge. Je n’y suis pas arrivée seule, mais grâce au soutien des femmes centrafricaines », lance-t-elle à l’audience.

Le Rwanda, champion du monde de la place des femmes en politique

« Les femmes représentent 52% de la population africaine, mais seulement 6 % des élus », précise Célestine Ketcha Courtès. De grandes disparités existent entre des États qui, en terme de parité politique, font aussi bien, voire mieux, que la France, et les pays ou le sexisme en politique est encore largement dominant. Récemment, le parlement éthiopien, composé à 37 % de députées, a ainsi élu une femme comme présidente, Sahle-Work Zewde, ancienne diplomate à l’Onu   et ambassadrice en France. Au Mozambique, le parlement compte 39 % de femmes. Elles sont un peu plus de 40 % en Namibie et en Afrique du Sud (en France, l’Assemblée nationale compte 39 % de femmes).

Le parlement rwandais bat tous les records avec le meilleur taux de féminisation au monde : 61 %. Comment le Rwanda en est-il arrivé là ? Avec une réelle volonté politique et en reconnaissant dans la constitution, adoptée en 2003, non seulement l’égalité entre femmes et hommes, mais aussi « l’attribution d’au moins 30 % des postes aux femmes dans les instances de prise de décision de l’État ».

Féministe, mère de six enfants, et maire d’une ville de 148 000 habitants

Parmi les participantes, Mariam Iddrisu est à la tête de la ville de Sagnarigu (148 000 habitants), dans le nord du Ghana. À 37 ans, elle est la plus jeune maire présente au sommet Africités. Son parcours, pour arriver à la mairie, a été laborieux. Au Ghana, les maires ne sont pas élus mais désignés par le président de la République après un fastidieux processus de désignation et d’élections indirectes. À chaque étape de la sélection – locales, régionales, nationales –, des représentants des partis politiques expriment leurs préférences.

Pour la ville de Sagnarigu, douze candidats étaient en compétition, dont trois femmes. Mariam Iddrisu, impliquée depuis qu’elle est étudiante dans les mouvements sociaux et la vie politique, était la plus jeune. Mais rien n’arrête cette féministe convaincue, cadre dans l’administration de santé publique. Enceinte de jumeaux, elle a fait campagne avec méthode et détermination. « Et au bout de ce long processus, j’ai triomphé. Le président m’a finalement désignée en 2017 », dit-elle avec une certaine fierté.

« Tu ne connais la force d’un sachet de thé qu’après l’avoir trempé dans l’eau chaude »

Elle entame son mandat juste après avoir accouché de ses jumeaux, respectivement ses cinquième et sixième enfants, ce qui ne l’a pas empêcher de s’atteler immédiatement à des chantiers essentiels : lutte contre les inégalités, défense de l’école publique, soutien aux agriculteurs, lutte contre le dérèglement climatique... « Les débuts ont été difficiles. Beaucoup ne croyaient pas en ma candidature. Notamment des personnes proches qui pensaient qu’une femme, si jeune, ne pouvait pas avoir les épaules assez larges pour gérer une ville de 148 000 habitants. »

« Tu ne connais la force d’un sachet de thé qu’après l’avoir trempé dans l’eau chaude. Cela fait maintenant un an que je suis maire de Sagnarigu. Désormais tout le monde reconnaît mes compétences et la qualité des projets que j’ai réalisés pour la ville », ajoute-t-elle. En devenant maire, en continuant son combat féministe et en rejoignant le Refela, Mariam Iddrisu souhaite que « le monde entier réalise tout ce que les femmes ont à offrir ». Un pacte et une charte pour l’égalité devraient être adoptés à Marrakech.


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Publié sur OSI Bouaké le vendredi 23 novembre 2018

 

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