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Cameroun : Des personnalités inculpées pour détournement de fonds


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Yaoundé, 11 avril 2008 (PLUSNEWS)

L’ex-ministre camerounais de la Santé Urbain Olanguena Awono, ainsi qu’une dizaine d’autres hauts responsables camerounais, ont été inculpés le 9 avril pour détournement de fonds publics, entre autres ceux destinés à la lutte contre le sida  , selon leurs avocats.

Arrêté le 31 mars dans le cadre d’une opération de lutte contre la corruption baptisée ’Epervier’, qui a également visé un ancien influent ministre des Finances, M. Olanguena Awono, ministre de la Santé d’avril 2001 à septembre 2007, est soupçonné, de même que les autres personnalités, d’avoir détourné huit milliards de francs CFA (19,2 millions de dollars).

Après s’être vus notifié leur inculpation, tard dans la soirée du 9 avril, les prévenus ont été transférés à la prison centrale de Yaoundé, la capitale camerounaise, où ils ont été placés en détention préventive.

Parmi les inculpés figurent les trois responsables des programmes de lutte contre le sida  , contre la tuberculose, et contre le paludisme, dont le secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le VIH  /SIDA   (CNLS), le docteur Maurice Fezeu.

Ce sont les fonds du programme de ce dernier qui sont particulièrement visés par les enquêteurs : ils représenteraient 7,2 milliards de francs CFA (17,3 millions de dollars] sur les huit milliards évoqués par l’accusation, selon l’un des avocats de M. Olanguena Awono, Maître Antoine Mong.

M. Mong a précisé que selon l’enquête, menée par le Conseil supérieur de l’Etat, les détournements présumés proviendraient entre autres des fonds dégagés dans le cadre l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés).

Le Cameroun est classé depuis plusieurs années comme l’un des pays les plus corrompus du monde par l’organisation non gouvernementale Transparency international, et où les scandales financiers s’enchaînent.

Plusieurs anciens patrons d’entreprises publiques, dont un ancien ministre, ont ainsi été condamnés en 2007 à de lourdes peines de prison dans le cadre de l’opération Epervier, lancée en 2004 par le Premier ministre Ephraïm Inoni, sous la pression des bailleurs de fonds.

Des craintes concernant le manque de transparence dans la gestion des fonds de lutte contre le sida   ont à plusieurs reprises été évoquées ces dernières années.

Dans un rapport publié en 2005, l’association française AIDES avait pointé du doigt les Groupes techniques provinciaux (GTP), des structures chargées de la coordination de la lutte au niveau des provinces, pour avoir mis en place « un système cohérent et efficace de détournement » des fonds destinés à financer les projets des associations de lutte contre le sida  . « Toutes les associations nous ont ainsi raconté le mode de racket organisé par les GTP ».

Le manque de transparence a de nouveau été dénoncé par des activistes en février 2008, après une tentative avortée de l’Etat camerounais de supprimer sa subvention sur le prix des examens biologiques liés au suivi du VIH  /SIDA  , invoquant un manque d’argent.

« Ce n’est pas un hasard si le Cameroun n’a pas été éligible lors des deux derniers [appels à proposition du Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme] », avait alors estimé Alain Fogué, du Mouvement camerounais pour le plaidoyer et l’accès aux traitements (MOCPAT).

Plusieurs activistes sont néanmoins restés prudents à l’annonce des inculpations, préférant souligner « le rôle important » qu’avaient eu MM. Olanguena Awono et Fezeu dans la lutte contre le sida  .

« Ils se sont beaucoup impliqués pour améliorer la situation des malades », a dit Isaac Tita, du Cameroon AIDS services organisation network.

« La volonté politique de M. Olanguena a beaucoup fait. C’est lui qui a notamment mis en place la gratuité des traitements antirétroviraux [en mai 2007] », a renchéri Bertrand Kampoer, du Front inter scolaire et universitaire pour la sensibilisation sur les MST/SIDA   (FISS-MST/SIDA  ). « Pour notre part, c’est plutôt sur le terrain ... que nous avons constaté les plus grands phénomènes de détournements de l’argent du sida   ».


Publié sur OSI Bouaké le samedi 12 avril 2008

 

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