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VIH/SIDA : La stigmatisation, source d’abandon du traitement par les Arv


12 Janvier 2009, Idrissa SANE pour lesoleil.sn

La psychose de la stigmatisation et de la discrimination poussent les malades à prendre leurs médicaments (Arv  , antirétroviraux) dans la plus grande clandestinité. Cette hantise du rejet, rapportent des malades, a conduit certaines personnes à abandonner le traitement avec tous les risques que cela comporte.

Ismaëla Goudiaby est connu dans la lutte contre le Vih  /Sida   au Sénégal. Lundi dernier, il avait quitté tard l’atelier sur le renforcement de l’esprit d’équipe au sein du Réseau national des Personnes vivant avec le Vih  /Sida   (Rnp+) organisé par l’Alliance nationale de lutte contre le Sida   (Ancs). Arrivé chez lui, il n’avait pas le temps de se reposer. Il est ressorti pour voler au secours d’une dame qui venait d’être expulsée de sa famille parce qu’elle est séropositive. « Pas plus tard qu’hier, je suis intervenu pour aider une dame à intégrer sa famille. Cette dame avait un accès à part, elle n’avait pas accès à la grande salle. La discrimination et la stigmatisation constituent une réalité au Sénégal », raconte Ismaëla Goudiaby.

Cet homme est sollicité tous les jours pour aider les malades victimes de la stigmatisation ou de la discrimination à recouvrer leurs droits ou leur place au sein de leur entreprise ou de leur famille. Mais, au-delà, le rejet de ces malades pose tous les problèmes du respect du calendrier de traitement. Ils sont aujourd’hui nombreux, ces malades qui se cachent pour prendre des médicaments de peur d’être mis en ostracisme dans leur famille ou d’attirer tous les regards de leur entourage.

« La stigmatisation et la discrimination sont des freins à la lutte contre l’épidémie. Certains malades rentrent dans les toilettes pour prendre les Arv   ou changent de boîtes tout simplement pour éviter d’être stigmatisés », confie Ismaëla Goudiaby.

Certaines célébrités de même que des personnes nanties infectées ne font pas confiance à la notion du secret médical des agents de Santé. Elles préfèrent tout simplement se rendre en France ou dans les autres pays pour se faire traiter. « Il y a des personnalités célèbres qui sont malades qui nous téléphonent pour nous encourager dans ce combat de lutte contre la stigmatisation. La plupart d’entre elles partent se soigner ailleurs parce qu’elles sont connues de l’écrasante majorité des agents de Santé, ou elles ont des connaissances dans les structures de Santé. Elles partent en France ou dans d’autres pays pour suivre le traitement afin de garder secret leur statut sérologique pour se mettre à l’abri de la stigmatisation », rapporte Ismaëla Goudiaby. Il a pu trouver des structures pour ces personnalités célèbres où elles peuvent se soigner dans l’anonymat.

Non-respect du traitement

Comme Ismaëla Goudiaby, le président d’une association de Personnes vivant avec le Vih   implantée dans une région apporte des témoignages sur les obstacles au respect des prescriptions de la prise en charge des Arv   et du traitement d’une manière générale.

Selon lui, la peur de la stigmatisation est la source de tous les problèmes d’un suivi régulier du traitement. « Au début, j’étais victime de stigmatisation dans ma famille. Mais actuellement, ce n’est plus le cas. Je me suis battu pour convaincre les membres de ma famille. Actuellement, je suis leader, je prends les Arv   sans problème, je pars régulièrement faire les bilans, mais ce n’est pas le cas pour les autres Personnes vivant avec le Vih  /Sida   de ma région. Plusieurs malades ont des problèmes pour suivre correctement le traitement à cause de la stigmatisation », soutient ce Monsieur.

La charmante présidente de l’Association And Boog Yakar (Aboya) porte bien sa maladie. Elle la considère comme toute autre maladie. Elle ne se laisse jamais embarrasser par les dires ou les regards des autres. Elle supporte avec une grande philosophie son statut de Personne vivant avec le Vih  . Ce qui n’est pas le cas de tous les malades. La plupart d’entre eux, informe-t-elle, abandonnent le traitement de peur de se voir rejeter par la communauté. Certains malades, nous confie-t-elle, retardent la prise des médicaments lorsque toute la famille est présente. « Il y a des malades, lorsqu’ils doivent prendre les médicaments à 9 heures, en cas de présence d’un ou de plusieurs membres de la famille, ils peuvent retarder la prise de 3 heures ou plus. Cela a des conséquences sur la santé. Il y a des malades qui ne fréquentent pas les structures de Santé, de peur que l’entourage ne suspecte leur statut. Les malades ont bien raison de se cacher pour prendre leurs médicaments ou suivre les autres traitements à cause de la stigmatisation », fait savoir notre interlocutrice.

Aujourd’hui, selon les témoignages des personnes interrogées, il y a des Personnes vivant avec le Vih  /Sida   qui préfèrent ne pas suivre les traitements avec tous les risques que cela comporte plutôt que de suivre le traitement et de s’exposer à la stigmatisation. C’est donc, à juste raison que plusieurs malades soutiennent que l’ennemi numéro à la lutte contre le Vih  /Sida   au Sénégal, c’est la stigmatisation.


Publié sur OSI Bouaké le lundi 12 janvier 2009

 

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