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RDC : Jacqueline Kingombe : « Je n’aurais jamais cru que ma propre soeur me jetterait dehors »


Bukavu, 10 août 2007 (PlusNews)

La discrimination et la stigmatisation liées au VIH  /SIDA   ont été très présentes dans la vie de Jacqueline Kingombe, une veuve de 36 ans qui se démène pour élever ses cinq enfants à Bukavu, la capitale de la province du Sud Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).

Photo Jane Some : Jacqueline Kingombe (à gauche) et de autres membres de la Fondation Femme Plus

Quand son époux, Gaston Mufula - un soldat - est mort en 2005 à Kinshasa, la capitale, Mme Kingombe n’a pas reçu d’argent de l’armée. Etant donné les difficultés et la cherté de la vie dans la capitale, elle s’est résolue à retourner à Bukavu, sa ville natale. Elle n’avait pas imaginé qu’en arrivant elle aurait à faire face à la stigmatisation et à la discrimination, a-t-elle expliqué à IRIN/PlusNews.

« Ma propre sœur m’a renvoyée de chez elle quand elle a su que j’avais la maladie », a-t-elle dit en essuyant ses larmes. « Tout d’un coup, j’étais dehors dans le froid avec mes cinq enfants. Je n’avais nulle part où aller. Je suis originaire de Shabunda [une ville situé à quelque 200 kilomètres à l’ouest de Bukavu], mais je savais que si j’allais là-bas, je ne pourrais pas survivre longtemps parce que je n’aurais pas accès aux ARV   [antirétroviraux].

« C’était une vraie épreuve de trouver une maison à louer. Les propriétaires me jetaient dehors quand ils apprenaient que j’étais séropositive ; la stigmatisation me tuait ! Ayant été épouse de soldat, notre vie avait toujours été faite de déplacements d’un endroit à un autre, mais au moins il s’occupait toujours de nous trouver un endroit où vivre et de la nourriture.

« Mon mari est moi avons commencé à tomber malade quand il a été muté à Lubumbashi [capitale de la province de Katanga, dans le sud du pays]. Lorsqu’il a été envoyé à Kinshasa, sa santé s’est détériorée et il y est mort un peu plus tard, à l’hôpital militaire de la ville. Ensuite j’ai décidé de rentrer à la maison [à Bukavu].

« Après avoir été malade pendant longtemps, je me suis rendue à la Fondation femme plus [une organisation non-gouvernementale nationale (ONG)] pour me faire dépister. J’étais séropositive. Je croyais que c’était la fin du monde ; ma vie était terminée.

« Après que ma grande sœur m’ait jetée dehors quand je lui ai parlé de mon statut sérologique, j’ai essayé de louer une maison pour mes enfants et moi, mais je n’avais rien pour vivre et j’étais souvent victime de discrimination de la part de mes voisins et des propriétaires. J’ai fini par chercher refuge chez mon frère, qui, heureusement, m’a acceptée comme j’étais. Il m’a donné une chambre que je partage avec mes cinq enfants ; j’y suis toujours.

« En août, cela fera deux ans que je prends des ARV  . Je m’inquiète à propos du statut sérologique de mon dernier né, une fille de huit ans. Je l’ai déjà faite dépister une fois, mais je dois la faire dépister encore dans quelques mois pour déterminer son statut.

« Je survis en faisant des petits boulots ici et là. Mon plus gros problème est la faim - le fait de prendre des ARV   m’oblige à bien manger, et les ARV   me rendent affamée tout le temps. J’ai besoin d’avoir un emploi ou une source de revenus stable afin de pouvoir subvenir à mes besoins, parce que les ARV   peuvent être dangereux si l’on ne mange pas bien.

L’autre problème est le traitement des maladies opportunistes. Il est vrai que nous recevons de l’aide pour les ARV   et du soutien de la part des ONG, mais quand nous avons d’autres maladies, comme le paludisme ou des troubles intestinaux, nous n’avons nulle part où aller et personne vers qui nous tourner. Si seulement nous pouvions recevoir de l’aide pour ces autres maladies ».


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Publié sur OSI Bouaké le samedi 29 septembre 2007

 

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