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Penda Touré en visite à OSI


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Le 9 Juin , Penda Toure (directrice du SAS de Bouaké) nous a fait l’honneur de sa présence dans nos locaux, rue de Bagnolet. Nous avons fait le point avec elle sur la situation au SAS de Bouake.

Elle a ensuite rencontré Sandrine Dekens, pour évoquer entre autre la situation personnelle de chaque enfant et lui remettre les lettres des filleuls.

Penda a souhaité remercier en premier lieu tous les parrains qui soutiennent son action.

Ensuite elle nous parle de la vie à Bouake :

Depuis le début des événements en 2002, la ville vit une économie au ralenti, les administrations, les transports, les banques, les structures de santé et d’accès aux soins ne fonctionnent plus... Quelque soit le domaine, il n’y a plus de fonction publique, ni de fonctionnaire en poste à Bouaké, comme dans toute la zone non gouvernementale ; ceci signifie plus d’enseignants, plus d’assistants sociaux plus médecins...

Devant ce constat, le SAS a ouvert une consultation médicale pour offrir une possibilité de soins aux habitants de Bouake, le seul autre moyen étant le CHU de Bouake, dont s’occupe MSF  , mais qui est exclusivement destiné aux cas d’urgence, nombreux en ces temps de conflits.

Depuis peu le SAS offre une possibilité de dépistage du VIH  /SIDA  , 5 enfants parrainés par OSI ont fait l’objet d’un dépistage, tous négatifs. Il est cependant délicat de dépister des gens, si l’on a aucun traitement à proposer aux personnes infectées et Penda espère (et nous avec elle) pouvoir rapidement bénéficier d’un accès aux ARV   sur Bouake (5000 CFA par trimestre), car il est toujours quasiment impossible de se rendre à Abidjan, (ou les ruptures en ARV   sont de toute façon très fréquentes...) Un centre a ouvert en Mai mais n’est toujours pas opérationnel, faute de moyens, de plus les ARV   pédiatriques posent des problèmes particuliers qui nécessite un suivi plus rigoureux. Pour être vraiment efficace, l’accès aux ARV   ne comporte pas seulement l’accessibilité des médicaments mais il faut réunir un ensemble de conditions favorables, pour effectuer les bilans et suivis biologiques comme le comptage de CD4 toujours impossible à Bouaké (uniquement possible à Abidjan). Ce qui fait que les enfants d’origine burkinabé par exemple ou qui ne peuvent pas se rendre facilement en zone gouvernementale, ne peuvent pas être soignés.

Penda nous dit la triste réalité est qu’aujourd’hui un enfant infecté avant l’age de 5 ans n’a quasiment aucune chance de s’en sortir... Une possibilité parmi d’autres sera peut être, aidé par Sidaction, de se fournir en ARV  , chez les pays voisins (CESAC au MALI). Il faut savoir que l’économie de Bouake, est tournée d’avantage vers ses voisins, le MALI ou le Burkina, aujourd’hui...

En 2005, le SAS s’occupe de 2300 enfants et jeunes (jusqu’à 22 ans) dont 60% ont moins de 15 ans et sont logés chez un tuteur ou parent éloigné, Il y a environ 17 salaries permanents plus des dizaines de bénévoles.

Un des problèmes à Bouaké est d’abord l’approvisionnement en nourriture ; grâce au PAM, le SAS distribue des denrèes alimentaires de base (riz, huile, sel, farine) à tous les enfants dont ce sera souvent le seul repas de la journée... C’est très important car les camps des "milices" sont partout dans la ville et ils pratiquent activement le recrutement d’enfants qui sont des proies faciles, souvent fascinés par les soldats, en leur promettant de la nourriture.

Devant le dénuement actuel de la population, certains enfants de Bouake déclarent même qu’ils souhaiteraient être orphelin ou avoir le VIH  , pour pouvoir bénéficier de l’aide du SAS... Les enfants les plus chanceux sont ceux qui disposent d’un parrainage, ils vont tous à l’ecole et dispose d’apport en nourriture supplémentaire même s’il sera souvent partagé avec les autres membres de la famille. Avec la précarisation économique et la guerre, le parrainage constitue un soutien primordial pour l’ensemble de la famille.

Depuis le début de l’année la situation c’est un peu amélioré, il n’y a plus de barrage sur les routes, le jour, l’école est rouverte....en retard...depuis fin janvier Les lycéens par contre n’ont pas pu passer le Bac... Avec l’ONG, "Notre Enfance", le SAS a fait donné des cours de rattrapage à 246 enfants afin de compenser la reouverture tardive de l’école. Le prix de la scolarité d’un enfant a doublé (1000 CFA par mois) et comme il y a pénurie d’enseignants, ce sont souvent les enfant les plus agés, encadrés de professeurs en retraite qui font les cours.

Mais Penda est trés réaliste quant aux tensions qui sont toujours présentes en Côte d’Ivoire...

Le SAS fait de la communication/prévention IST VIH  /SIDA   dans les écoles primaires, 480 jeunes s’etant portés volontaires pour aller y relayer les messages de préventions.

Penda nous raconte que de nombreux orphelins qu’elle a connue depuis 10 ans (le SAS a été créé en mai 1995) sont devenus universitaires...

En nous quittant, dans un grand éclat de rire, elle nous raconte pour finir, que les "forces nouvelles" ont tenté de venir voler le matériel (ordinateur...) du SAS et qu’elle n’a pu les garder qu’en arguant du fait qu’elle était soutenue par de nombreuses organisation internationales...(dont OSI...c’est sûrement ce qui a fait la différence...)

Merci encore à Penda d’être venue nous voir, merci pour l’incroyable énergie qu’elle met en œuvre pour tous ces enfants. Ce n’est pas sans une certaine émotion que j’ai fait la connaissance de Penda Toure (et oui, à chacun ses idoles...) et je suis ressorti de cette entrevue plus que jamais certain de la justesse de mon engagement de parrain.

Orphelins Sida   International espère à court terme pouvoir parrainer 25 enfants supplémentaires du SAS de Bouaké...mais nous en reparlerons...

Didier Grouard


Publié sur OSI Bouaké le samedi 9 juillet 2005

 

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