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Pour un accès universel aux médicaments antisida

La 4e conférence francophone VIH/sida, achevée samedi, a démontré les réels progrès de l’accès des médicaments dans les pays africains. Mais des obstacles persistent


Les avis sont unanimes : l’enjeu est de parvenir à un accès universel et gratuit aux traitements contre le sida   d’ici à 2010. Non seulement la question n’est plus taboue, mais elle s’est transformée en véritable plaidoyer défendu par tous les acteurs de la lutte contre le sida  . Pour y parvenir, de profondes mutations sont à opérer afin de permettre de créer de véritables systèmes de santé publics dans des pays où ils sont quasi inexistants.

Utopiste ou irréaliste, rétorqueront certains. Sans doute les mêmes qui, à la fin des années 1990, affirmaient qu’il était impossible d’ouvrir l’accès aux médicaments aux malades du Sud, trop pauvres et trop nombreux. Aujourd’hui, le nombre de malades du sida   sous trithérapie a été multiplié par quatre entre 2003 et juin 2006 dans les pays en développement, passant de 400 000 à 1,6 million. Bien sûr, on est loin du compte quand on sait que plus de six millions de malades ont un besoin urgent d’être soignés. Mais les progrès sur le terrain sont indéniables. Il suffisait d’écouter jeudi et vendredi derniers les principaux acteurs africains de la lutte contre le sida  .

Burundi, Sénégal, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Burkina, l’Afrique francophone est venue dire ses difficultés de terrain mais aussi ses victoires. « Nous avons démontré que nous étions capables de prescrire et de suivre les traitements, expliquait le docteur Aliou Sylla, coordinateur du comité sectoriel de lutte contre le sida  , au Mali. Nos médicaments sont aujourd’hui gratuits, nous ne pourrons plus reculer. Et si le fonds mondial ne nous finance plus un jour, nous devons être capables de poursuivre dans cette voie. » Au Cameroun, 600 patients étaient sous antirétroviraux en 2001, mais 28 000 fin 2006. Et face à la pénurie de personnel, autre plaie des pays africains, des femmes et des hommes se forment à la prescription des antirétroviraux.

Un véritable système de décentralisation des soins permet également d’acheminer le médicament vers le malade et non le contraire. Le Cameroun est ainsi doté de 25 centres de traitement agréés et de 64 unités de prise en charge à travers le pays. « Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines », déclarait vendredi soir Bernard Kouchner lors du débat sur les grands défis posés par l’épidémie de sida   dans les pays du Sud. Les médicaments de seconde ligne, les plus récents, sont aujourd’hui au même prix qu’ils l’étaient il y a dix ans pour la première génération. Or 10 % des malades manifestent des résistances aux premiers traitements. La transmission du virus entre la mère et l’enfant, bien maîtrisée dans les pays du Nord, ne l’est que très peu au Sud. La lutte pour les droits humains, les discriminations et la criminalisation de la transmission du sida   restent des obstacles de taille à un accès pour tous aux traitements. « Personne ne s’émeut plus de la fermeture des frontières aux personnes séropositives dans une centaine de pays, dont la Chine, l’Arabie saoudite mais aussi les États-Unis », s’est indigné Éric Fleutelot, directeur des programmes internationaux à Sidaction. Et de dénoncer la politique répressive de Nicolas Sarkozy à l’encontre des prostituées, autre frein aux politiques de réductions des risques de transmission de la maladie...

Cette conférence francophone aura en tout cas démontré qu’une autre vision de la coopération entre le Nord et le Sud est désormais possible. Et que de nouvelles passerelles entre les États africains sont aujourd’hui réclamées par tous.

Maud Dugrand


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 3 avril 2007

 

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