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La syphilis infecte autant de femmes enceintes que le virus du sida


Le Monde | 08.03.2013 | Mis à jour le 13.03.2013 | Par Paul Benkimoun |

L’Organisation mondiale de la santé (OMS  ) s’alarme de la persistance de la syphilis. Il y aurait dans le monde autant de femmes enceintes infectées par l’agent de cette maladie que par le virus du sida   (VIH  ) : près de 1,5 million, selon les données de 2008, les plus récentes, publiées dans le numéro de février de la revue en ligne PLoS Medicine. Moins de 10 % de ces cas de syphilis au cours d’une grossesse seraient détectés et traités.

Cette maladie entraîne souvent le décès du foetus, une naissance prématurée ou une "syphilis congénitale" (lésions de la peau ou des os), souligne Jeffrey Klausner (université de Californie à Los Angeles) dans un éditorial du Bulletin mensuel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS  ) de février.

Présente depuis des siècles, la syphilis avait disparu dans les pays développés avant d’y réapparaître au cours de la dernière décennie, mais a persisté dans les pays en développement. Dans la perspective d’éliminer la transmission materno-foetale, l’OMS   a fixé l’objectif de tester d’ici à 2015 au moins 90 % des femmes enceintes et de traiter au moins 90 % de celles qui sont infectées.

Travaillant au département santé et recherche génésiques (médecine de la reproduction) de l’OMS  , Nathalie Broutet et Lori Newman et leurs coauteurs dressent dans PLoS Medicine le tableau mondial de l’infection par le tréponème pâle (la bactérie agent de la syphilis) chez les femmes enceintes et de ses sévères conséquences.

"ACCÈS AUX SOINS"

Quelque 1,4 million de femmes enceintes présentaient probablement une syphilis active au moment de l’étude. Les conséquences de l’infection sont majeures : 212 000 enfants mort-nés, 107 000 décès en période néonatale, 62 000 naissances prématurées ou présentant un retard pondéral à la naissance et 150 000 nouveau-nés atteints d’une syphilis congénitale. Les deux tiers de ces cas se sont produits chez des femmes qui avaient eu des consultations prénatales mais n’avaient pas subi de test, ou bien n’avaient pu être traitées une fois leur séropositivité pour la syphilis découverte. En effet, la transmission du tréponème se produisant lors du deuxième ou du troisième trimestre de la grossesse, il est impératif d’administrer la dose unique de pénicilline avant que le foetus ne soit contaminé.

"Le problème est avant tout celui de l’accès aux soins : bénéficier de consultations prénatales et se voir proposer dès la première un test de dépistage, affirme Lori Newman. Un test pour la syphilis coûte moins de un dollar, de même que le traitement par dose unique de pénicilline." L’OMS   recommande quatre visites obligatoires au cours de la grossesse. "Un test pour la syphilis devrait être systématiquement effectué en même temps que celui du VIH  ", conseille Mme Broutet.

L’Afrique subsaharienne est la région la plus affectée, avec une prévalence de 2,13 % chez les femmes vues en consultation prénatale. Viennent ensuite l’Amérique latine (0,84 %), l’Asie (0,62 %), le Pacifique (0,33 %). L’Europe présente un taux de 0,16 %, la Roumanie étant le pays le plus touché. "La syphilis a reculé là où les Etats ont développé des interventions contre les infections sexuellement transmissibles, à commencer par le sida  ", remarque Mme Broutet.


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 19 mars 2013

 

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