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Le sida, fléau qui mine la société sud-africaine


France2.fr, Catherine Le Brech, le 14 Juin 2010 - L’Afrique du Sud, minée par le virus du sida  , met enfin en place une vraie politique de santé dans ce domaine.

Photo by Brent Stirton/Getty Images

Le pays détient en effet le record du plus grand nombre de séropositifs au monde : 5,7 millions de personnes en 2007, dit l’Onusida  , dont 280.000 enfants, pour une population de 48,5 millions d’âmes.

20% des Sud-Africains de 15 à 49 ans seraient infectés par le VIH  , qui contamine 1.500 nouvelles personnes chaque jour. Etat des lieux.

Le 1er décembre 2009, le président sud-africain Jacob Zuma, après des années de déni sous la présidence de Thabo Mbeki, de 1999 à 2008, a affiché sa volonté de lutter contre le sida  , à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la pandémie. Comment ? En annonçant un plus grand accès aux traitements pour les enfants et futures mères de ce pays.

Des avancées en matière de prévention et de soins

Depuis avril 2010, tous les bébés de moins d’un an porteurs du virus ont ainsi commencé à recevoir gratuitement un traitement dans les établissements publics et les femmes enceintes sont traitées plus tôt pour prévenir toute transmission du VIH   à leur nouveau-né. Auparavant, les antirétroviraux n’étaient fournis aux enfants, femmes enceintes et tuberculeux qu’une fois que la maladie avait significativement réduit leurs cellules immunitaires.

Ces nouvelles mesures, qui prévoient aussi un renforcement des centres de soins dans le pays, s’inscrivent dans la volonté du gouvernement de réduire de moitié le nombre de nouvelles infections par le VIH   d’ici 2011.

"Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Cela signifie que nous allons traiter un plus grand nombre de séropositifs. Cela signifie que les gens vont vivre plus longtemps et s’épanouir davantage", avait souligné Jacob Zuma début décembre, sans préciser les moyens mis en oeuvre ni le nombre de personnes concernées. "Ca ne veut pas dire que les gens ne doivent pas utiliser de préservatifs de manière systématique et correcte durant chaque rapport sexuel", avait encore prévenu le chef de l’Etat. Jacob Zuma, élu en mai 2009, avait alors également appelé la population à se soumettre à des tests de dépistage, s’y pliant lui-même.

Tester 15 millions de personnes d’ici juin 2011

Ainsi, l’Afrique du Sud entend soumettre 30% de sa population à un test de dépistage du virus du sida   au cours des 15 prochains mois, a annoncé le 11 mars 2010 le gouvernement.

Dans le cadre de cette campagne, "tous les centres de soins publics, fixes et mobiles, seront équipés pour offrir des tests de dépistage et des antirétroviraux", a précisé le gouvernement sud-africain.

Des déclarations et comportements critiquables

Jacob Zuma (20h de France 2 du 19/04/2009).Un changement de ton notable du président par rapport à ses déclarations de 2006 qui avaient déclenché une vive polémique, alors qu’il était à la tête du Conseil national de lutte contre le sida  . En effet, Jacob Zuma avait affirmé avoir pris une douche après avoir eu des rapports sexuels non protégés avec une séropositive afin de "minimiser" le risque de transmission du virus.

Sous la présidence de son prédécesseur, Thabo Mbeki, l’Afrique du Sud a été vivement critiquée pour ne pas faire assez contre la pandémie, le chef de l’Etat ayant longtemps rechigné à distribuer les antirétroviraux à sa population. Sa ministre de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang, avait gagné en 2006 le sobriquet de Dr Betterave en prônant une alimentation riche en fruits et légumes plutôt que l’usage de ces médicaments.

Son départ a entraîné un revirement des autorités et l’Afrique du Sud dispose aujourd’hui du plus important programme de distribution d’antirétroviraux gratuits. Suite à la demande de Jacob Zuma, les Etats-Unis ont offert 120 millions de dollars début décembre 2009 pour acheter davantage d’antirétroviraux. Malgré tout, la première puissance du continent africain compte au moins un million de personnes qui n’ont pas accès à ce traitement.

Le nombre d’orphelins en augmentation constante

Dineo Sumoke, responsable d’une association de lutte contre le SIDA   au Botswana (26-9-2007) AFP - Gianluigi GuerciaLe nombre d’orphelins du sida   atteignait en 2008 1,5 million d’enfants en raison, selon des associations, du retard pris dans la lutte contre la pandémie.

"On estime que d’ici 2015 environ 5,7 millions d’enfants en Afrique du Sud, soit 32% d’entre eux, auront perdu un ou leurs deux parents à cause du sida  ", avait souligne Gail Eddy, chercheur à l’Institut des relations entre les races, le 29 novembre 2009. Un chiffre qui représente exactement le nombre total de personnes infectées aujourd’hui au sein du pays.

La pandémie, qui a fait 14 millions d’orphelins en Afrique subsaharienne, touche directement les enfants et nombre d’entre eux assument des responsabilités d’adultes, les plus âgés prenant soin des plus jeunes après la mort des parents. "Entre 2002 et 2007, le nombre d’orphelins ayant perdu leurs deux parents est passé de 352.000 à 701.000", a développé le chercheur.

Selon une étude de l’université de Harvard, l’incapacité des autorités à fournir des traitements entre 2000 et 2005 en Afrique du Sud a causé la mort de 365.000 personnes. En 2008, le gouvernement est venu en aide à 20.000 foyers composés exclusivement d’enfants et à environ 238.000 orphelins du sida  .

Selon l’Institut des relations entre les races, "l’Afrique du Sud va devoir faire face à une crise majeure dans l’avenir" en raison du nombre croissant d’orphelins qui ont besoin d’un fort soutien et d’un nombre de travailleurs sociaux accru. D’autant plus que les adoptions se font de plus en plus rares.


Publié sur OSI Bouaké le mardi 15 juin 2010

 

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