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Journée mondiale du SIDA : les lois punitives infirment les progrès réalisés dans le traitement du VIH


New York, Human Rights Watch, 25 Novembre 2009 - Les mesures de prévention du VIH   tout comme l’espoir suscité par les thérapies antirétrovirales conçues pour prévenir ce virus sont menacées par les lois punitives visant les personnes déjà infectées par le VIH   et celles à risque, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, à la veille de la journée mondiale du SIDA  .

Cette année, le thème sera « l’accès universel et les droits humains » et portera à la fois sur les objectifs visés tels que l’accès universel à la prévention, le traitement et les soins tout en soulignant l’importance du respect des droits humains dans la lutte mondiale contre le SIDA  . L’accès universel au traitement a été également un thème central lors des discussions sur le traitement antirétroviral (ART) qui se sont déroulées l’année passée dans le cadre de stratégies globales de prévention du VIH  . D’après les statistiques, un traitement antirétroviral universel précoce associé à des programmes de prévention du VIH   permet à la longue de freiner l’infection au VIH  .

« L’expérience montre dans un nombre croissant de cas que le traitement antirétroviral peut constituer un volet important des stratégies globales de prévention », a observé Joe Amon, directeur de la division Santé et droits humains à Human Rights Watch. « Toutefois les chances du traitement par la prévention risquent d’être compromises si la question des violations de droits humains n’est pas abordée et si des lois punitives continuent de cibler les personnes infectées du VIH   ou celles à risque. »

Dans de nombreuses régions du monde, la législation criminalise effectivement les groupes infectés du VIH   ou ceux à risque tels que les travailleurs du sexe, les drogués et les homosexuels. Human Rights Watch estime que ces lois favorisent non seulement la stigmatisation et la discrimination, mais bloquent davantage l’accès à l’information et au traitement du VIH   et contribuent à la propagation de la maladie. Les lois qui criminalisent la transmission du VIH   dans certains pays n’encouragent pas le dépistage du VIH   et exposent éventuellement les personnes au courant de leur infection à des sanctions pénales tout en épargnant celles qui ignorent leur état.

Au début du mois de novembre, Human Rights Watch a publié un rapport de 10 pages évaluant une proposition de loi ougandaise concernant le VIH  /SIDA  . Cette loi prévoit le dépistage obligatoire du VIH  , l’obligation de déclarer l’infection et des sanctions pénales pour toute « tentative de transmission » du VIH  . Le Parlement ougandais examine également un projet de loi visant à punir toute personne qui défend les droits des lesbiennes, des homosexuels, des bisexuels, des transsexuels ou « encourage » l’homosexualité. Cette loi prévoit éventuellement des peines d’emprisonnement jusqu’à trois ans pour ceux qui ne dénoncent pas les personnes qu’ils soupçonnent d’être lesbiennes ou homosexuels. Une personne vivant avec le VIH   et entretenant des relations homosexuelles avec des personnes consentantes encourt elle aussi la peine de mort, indépendamment du risque de transmission du VIH   ou de la séropositivité ou non du partenaire.

Depuis 2005, 14 pays africains ont adopté des lois sur le VIH   qui criminaliseraient les comportements sexuels des personnes séropositives, y compris celles qui utilisent un préservatif, indépendamment du fait qu’elles aient déclaré ou non leur infection ou de la présence de risque réel de transmission. Dans plusieurs pays, la transmission du VIH   de la mère à l’enfant est un crime même pour les personnes sans accès au traitement antirétroviral. Le projet de loi ougandais exclut le délit de transmission du VIH   avant ou durant la naissance, mais autorise des poursuites contre les femmes ayant transmis le VIH   à leurs enfants par le lait maternel.

« La prévention du VIH   a échoué dans de nombreux pays, non pas parce que nous ne savons pas comment concevoir des programmes efficaces de prévention, mais parce que les gouvernements ont été réticents à mettre en œuvre ces programmes et à veiller à ce qu’ils soient accessibles à toute la population », a déploré M. Amon. « Les chances du traitement du VIH   dans les programmes de prévention seront elles aussi compromises si les gouvernements continuent d’adopter des lois punitives et de fouler aux pieds les droits humains. »


Publié sur OSI Bouaké le mardi 1er décembre 2009

 

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