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Burundi : révolte et inquiétude autour de la pénurie d’ARV

La situation des malades et des orphelins se dégrade rapidement au Burundi : rupture d’ARV et famine...


BUJUMBURA, 9 mars 2007 - Les activistes de la lutte contre le sida   sont révoltés face à la pénurie nationale de médicaments antirétroviraux (ARV  ) qui touche le Burundi et réclament une action immédiate du gouvernement pour y remédier dans les plus brefs délais.

Des travailleurs sanitaires ont expliqué que des retards enregistrés dans le processus d’approvisionnement étaient responsables de ces pénuries.

« Avec la disponibilité des fonds, c’est incroyable que nous puissions nous retrouver à court de médicaments simplement pour des questions de procédures administratives », s’est insurgée Jeanne Gapiya Niyonzima, l’une des activistes les plus connues de la lutte contre le sida   au Burundi et présidente de l’Association nationale de soutien aux séropositifs et aux sidéens (ANSS). « Pour les patients, c’est inacceptable. »

Les ARV   sont fournis gratuitement par le gouvernement avec le soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme, la Banque mondiale et d’autres organisations.

Mme Gapiya a expliqué à IRIN/PlusNews qu’en février, l’ANSS avait passé une commande de 650 boîtes d’Abacavir, un ARV   de première ligne, auprès du gouvernement, mais qu’elle avait reçu à peine 30 boîtes pour 208 patients. Chacun de ces patients n’a donc pu recevoir que 10 jours d’approvisionnement au lieu d’un mois en temps normal.

« Déjà, les patients de certaines provinces du Burundi ne venaient parfois pas récupérer leur traitement mensuel par manque de moyens pour les transports ou de mauvaises conditions de santé », a dit Mme Gapiya. « Je suppose que maintenant la situation va être encore pire. »

Le docteur Françoise Ndayishimiye, secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida   (CNLS), a dit que la pénurie était due à un retard du ministère des Finances dans la validation de commandes envoyées en novembre. Le CNLS a alors dû passer une commande d’urgence de médicaments pour pallier la pénurie, mais cette commande ne couvre pas plus de deux mois de besoins.

A l’origine, le CNLS avait l’autorisation de passer directement des commandes aux fournisseurs lorsque le montant total n’excédait pas 500 000 dollars, mais le docteur Ndayishimiye a expliqué que les procédures avaient été modifiées il y a environ deux ans et que le CNLS devait maintenant passer par le ministère des Finances.

Personne n’était disponible au ministère des Finances pour commenter le problème, mais Barnabé Mbonimpa, ministre chargé de la lutte contre le sida   auprès de la Présidence burundaise, a nié la gravité de la pénurie, affirmant que des ARV   avaient déjà été livrés et étaient à présent dans les entrepôts de l’aéroport de Bujumbura, la capitale.

Mme Gapiya a rappelé qu’une pénurie en ARV   de première ligne pouvait entraîner le développement de résistances à ces médicaments, obligeant les patients à devoir recourir aux ARV   de deuxième et même de troisième ligne, beaucoup plus coûteux, qui nécessitaient aussi davantage de travail de conseil et de suivi pour une meilleure observance du traitement -un surcoût financier et une surcharge de travail pour les professionnels de la santé que le pays ne pouvait s’offrir.

Pénurie de réactifs pour le dépistage

Les activistes de la lutte contre le sida   ont aussi dénoncé la pénurie de réactifs utilisés pour effectuer les tests de dépistage du VIH  . D’après le docteur Ndayishimiye du CNLS, les réserves sont épuisées depuis décembre 2006, une pénurie qu’elle a également attribué à l’incapacité du ministère des Finances de procéder à temps aux achats de ces produits, en dépit des demandes formulées en ce sens.

« Cela peut prendre des années à une personne de se décider à aller faire le test, mais si elle vient et qu’elle ne peut pas le faire, ce n’est pas certain qu’elle reviendra », a regretté Mme Gapiya. « Pendant ce temps-là, elle prendra le risque d’être infectée ou d’infecter les autres. »

M. Mbonimpa a dit que le gouvernement attendait une livraison de réactifs qui permettrait de tenir au moins huit mois.

Les pénuries d’ARV  , ces médicaments qui permettent de prolonger et d’améliorer la vie des patients vivant avec le VIH  , ne sont pas rares au Burundi, qui se relève de 13 ans de guerre civile.

En 2006, le pays a connu des pénuries de réactifs utilisés pour les tests de charge virale, qui mesurent la quantité de virus dans le sang, et les médecins ont dû se contenter d’observer les symptômes cliniques pour déterminer si les patients devaient être mis sous ARV   ou non.

En avril 2006, des personnes vivant avec le VIH   ont organisé des manifestations à Bujumbura pour demander un meilleur accès aux traitements pour les infections opportunistes liées au VIH  , qui s’attaquent aux organismes affaiblis par le virus.

Le système national de santé a été totalement détruit par la guerre, et peu de centre sont à même de pouvoir gérer les pathologies sérieuses.

Le Burundi a un taux de prévalence du VIH   d’environ quatre pour cent. Quelque 6 400 personnes vivant avec le VIH   reçoivent actuellement un traitement ARV  , sur les 25 000 qui en auraient besoin.


Burundi : Outrage and concern over national ARV   shortages

BUJUMBURA, 2 March 2007 (PLUSNEWS) - AIDS activists in Burundi are up in arms over a nationwide shortage of antiretroviral (ARV  ) drugs, and are demanding immediate action from the government.

Health workers said delays in the government’s procurement process had caused the shortages.

"With funds available, it’s unbelievable that we can run short of drugs for these simple administrative procedures," said Jeanne Gapiya Niyonzima, a leading AIDS advocate and president of the National Association to Support HIV-positive People (ANSS). "For patients, this is unacceptable."

ARVs are provided free by the government, with the support of the Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria, the World Bank and other organisations.

Gapiya told IRIN PlusNews that in February, ANSS ordered for 650 boxes of Abacavir, a first-line ARV  , from the government’s medical stores, but only received 30 boxes for 208 patients, so each only received a 10-day supply rather than the usual one-month supply.

"Already, patients from some provinces of Burundi were sometimes not coming to collect their monthly intake for lack of financial means [for transport] or poor health," she added. "I guess now the situation will be worse."

Dr Françoise Ndayishimiye, executive secretary of the National Council for the Fight against AIDS (CNLS) said the shortage was due to a delay in the finance ministry’s assessment of an order for the drugs, sent in November. The CNLS then had to order an emergency supply of drugs to fill the gap, which barely covered two months.

The council originally had the ability to order drugs worth up to US$500,000 directly from suppliers, but Ndayishimiye said that after a change in procedure about two years ago, they were now forced to go through the ministry of finance.

No one from the finance ministry was available to comment on the issue, but Barnabé Mpbonimpa, minister in the president’s office in charge of HIV/AIDS control, denied the severity of the shortage and said some ARVs had already arrived and were at the airport in the capital, Bujumbura.

The ANSS’s Gapiya said the shortage of first-line medicines could lead to drug resistance, forcing patients onto expensive second- and third-line regimens, which would also entail additional adherence counselling and monitoring ; the country could ill afford the monetary cost and human resources this would require.

HIV/AIDS activists have also complained about the shortage of reagents used in testing for the virus. According to the CNLS’s Ndayishimiye, this has lasted since December 2006, again due to the ministry of finance’s failure to purchase the chemicals despite requests to do so.

"A person can take years to decide to go for a test, but if he comes and finds he cannot be tested, it is not certain he will come back," Gapiya said. "In the meantime, he will run the risk of contracting the virus or infecting others."

Minister Mbonimpa said the government was expecting a consignment of reagents that would last at least eight months.

Shortages of life-saving medical supplies are not infrequent in Burundi, which is recovering from a 13-year civil war. Throughout 2006, there were shortages of reagents to test for viral load counts (which measure the amount of virus in the blood), and doctors were forced to rely on clinical symptoms to place patients on ARVs.

In April 2006, people living with HIV organised demonstrations in Bujumbura to demand better access to drugs to treat opportunistic infections. The country’s healthcare system was all but destroyed in the war, and few health centres have the capacity to handle serious illnesses.

Burundi has an HIV prevalence of about four percent, but only 6,400 HIV positive people are receiving treatment out of an estimated 25,000 who need it.


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Publié sur OSI Bouaké le dimanche 4 mars 2007

 

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