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Afrique du Sud : le VIH, un des principaux facteurs de la mortalité infantile

« Nous avons les solutions nécessaires pour sauver des vies, mais ces solutions ne profitent pas aux plus démunis... »


Johannesburg, 19 mars 2008 - Un nombre alarmant de mères et d’enfants meurent en Afrique du Sud. Loin d’être en bonne voie pour atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD  ) relatif à la réduction de la mortalité infantile des deux tiers, l’Afrique du Sud compte parmi une dizaine de pays seulement où le nombre des décès augmente chez les enfants, dans le monde.

En 2000, l’Afrique du Sud s’est engagée à atteindre huit OMD   fixés par les Nations Unies, et qui concernaient notamment la réduction de la mortalité infantile et maternelle et l’endiguement de la propagation du VIH  /SIDA   d’ici à l’an 2015.

Pourtant, chaque année, 20 000 bébés sont mort-nés et 22 000 autres s’éteignent au cours du premier mois qui suit leur naissance. Au total, au moins 75 000 enfants meurent avant leur cinquième anniversaire, et 1 600 mères décèdent des suites de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, selon un rapport sur la mortalité maternelle, infantile et des nourrissons, présenté à l’occasion d’une conférence sur les soins périnataux, organisée cette semaine, à Johannesburg.

Selon ce rapport, intitulé Every Death Counts [Chaque décès compte], et élaboré par les Services sanitaires, en collaboration avec le Conseil de recherche médicale et l’université de Pretoria, le VIH  /SIDA   est une des principales raisons pour lesquelles l’Afrique du Sud n’est pas parvenue à réduire son taux de mortalité infantile, à l’heure où d’autres pays, au produit national brut semblable, tels que le Brésil ou le Mexique, sont en bonne voie pour atteindre cet OMD  .

Selon les estimations des auteurs du rapport, plus d’un tiers des décès maternels et infantiles en Afrique du Sud sont liés au sida  . La mauvaise qualité des soins prodigués à l’accouchement, l’incapacité à prévenir et à traiter certaines infections telles que la diarrhée ou la pneumonie chez l’enfant, la mauvaise nutrition et les conditions de vie déplorables, liées à la pauvreté, sont autant d’autres facteurs qui viennent s’y ajouter.

« Nous avons les solutions nécessaires pour sauver des vies, mais ces solutions ne profitent pas aux plus démunis, ou bien elles ne sont pas mises en œuvre avec la qualité requise », indiquait le rapport. Toujours d’après les estimations des auteurs, au moins 40 200 bébés et enfants pourraient être sauvés chaque année si les politiques et les programmes publics déjà en vigueur faisaient l’objet d’une mise en œuvre plus efficace et profitaient à l’ensemble de la population.

Dans plus de la moitié des cas de décès, les auteurs ont déterminé des « facteurs modifiables », notamment des lacunes en matière de couverture sanitaire et de qualité des soins prodigués aux mères et à leurs enfants dans les centres de santé.

Dans le cas des interventions contre le VIH  /SIDA  , le rapport a souligné la nécessité d’assurer à toutes les femmes enceintes l’accès au dépistage, de mettre à exécution l’engagement récent des services de santé de passer à la bithérapie antirétrovirale (ARV  ), plus efficace, pour la prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME  ), et au dépistage par PCR (amplification en chaîne par polymérase, qui permet de détecter le VIH   chez les nourrissons de moins de 18 mois) chez les nourrissons exposés au VIH  , âgés de six semaines.

D’après les statistiques des services de santé, 41 pour cent des plus d’un million de femmes qui ont fréquenté des maternités en 2006 n’ont jamais été soumises à un dépistage du VIH  , alors que le taux de prévalence du VIH   prénatal indique qu’un peu moins d’un tiers de ces femmes auraient été déclarées séropositives.

Non seulement ces femmes ont laissé passer l’occasion de recevoir des médicaments antirétroviraux qui auraient pu réduire leur risque de transmettre le virus à leurs enfants, mais elles n’ont pas non plus suivi de traitement contre le VIH   pour se soigner elles-mêmes.

Dans la majorité des cas de décès maternels, le statut sérologique de la patiente était inconnu. En outre, les enfants nés de mères séropositives sont trois fois moins susceptibles de survivre, indépendamment de leur statut sérologique. Leur survie devient d’autant plus précaire si la mère décède, selon Mickey Chopra du Conseil de recherche médicale, un des auteurs du rapport et des animateurs de la conférence.

« On aura beau concentrer nos efforts sur la PTME  , il faut avant tout faire en sorte que les mères survivent pour élever leurs enfants », a estimé le docteur Mitchell Besser, fondateur de mothers2mothers (m2m), une organisation non-gouvernementale (ONG) qui dirige divers programmes de parrainage et de soutien aux femmes enceintes et aux jeunes mamans séropositives dans quatre pays d’Afrique.

Outre le nombre insuffisant des dépistages du VIH  , selon le docteur Besser, plusieurs autres raisons expliquent le taux élevé de mortalité des nourrissons en Afrique du Sud, notamment le manque d’éducation et de soutien aux mères séropositives pour leur permettre de faire les meilleurs choix possibles en matière d’alimentation des nourrissons, les dépistages et le suivi insuffisants des bébés exposés au VIH  , et le nombre insuffisant d’infirmières et de sages-femmes.

« On donne aux infirmières de plus en plus de travail à faire », a expliqué le docteur Besser aux délégués, lors de la conférence. « Leurs tâches sont de plus en plus importantes, mais le nombre des infirmières, lui, n’augmente pas ».

L’initiative de m2m vise à absorber une partie des pressions exercées sur le personnel clinique en formant des mères séropositives à parrainer les jeunes mamans et les femmes enceintes infectées.

Selon une évaluation de ce programme par le Population Council, une organisation internationale à but non-lucratif, les femmes sensibilisées et soutenues par m2m sont plus susceptibles de dévoiler leur statut, d’accepter le traitement de PTME   et de nourrir leurs enfants exclusivement au sein ou au lait maternel, autant de facteurs qui ont prouvé leur efficacité pour réduire le risque de transmission de la mère à l’enfant.

Des interventions contre le VIH   peuvent être pratiquées un peu partout en Afrique du Sud pendant la grossesse et l’accouchement, mais le rapport fait état d’une diminution du nombre de ces interventions pendant la période cruciale qui suit la naissance. Selon M. Chopra, l’état des nourrissons séropositifs s’aggrave si rapidement que « le dépistage des nourrissons par PCR à six semaines risque même d’intervenir trop tard ».

M. Chopra recommande donc de demander aux mères de revenir avec leurs bébés pour se soumettre à un examen et au dépistage par PCR une semaine après la naissance.

Or, le dépistage par PCR des nourrissons n’a été instauré que récemment en Afrique du Sud ; il est encore en phase de déploiement. Pour Precious Robinson, responsable du service national de PTME   du département de santé, la recommandation de M. Chopra n’est donc « pas faisable » : dans certaines provinces, en raison des capacités limitées des laboratoires, il faut déjà compter jusqu’à quatre semaines pour recevoir les résultats d’un dépistage par PCR, a-t-elle indiqué.

« Les mères peuvent venir chercher les résultats lorsqu’elles viennent pour leur consultation de 10e semaine », a-t-elle indiqué à IRIN/PlusNews. « De nombreux enfants, qui auraient pu bénéficier d’un diagnostic et d’un traitement précoces, seront déjà morts d’ici à ce que les résultats de leurs tests soient communiqués », a rétorqué M. Chopra.

.: Every Death Counts :.

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Publié sur OSI Bouaké le jeudi 20 mars 2008

 

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