lundi 20 décembre 2004.
Près d’un million d’enfants zimbabwéens ont perdu l’un de leurs parents ou les deux à cause du sida , rapporte lundi l’UNICEF, l’agence des Nations unies pour l’enfance. Des petites filles qui ont à peine neuf ans sont ainsi devenues chefs de familles, tenant lieu de mère à leurs frères et soeurs plus jeunes, et s’occupant aussi de parents ou de proches malades, ajoute l’UNICEF dans son rapport annuel.
Les orphelins quittent l’école, d’autres souffrent de malnutrition, et tous sont plus susceptibles d’être impliqués dans des "formes dangereuses de travail", notamment la prostitution, estime Festo Kavishe, représentant de l’UNICEF à Harare.Selon les estimations officielles, environ 26% de la population du pays (qui compte 12,5 millions d’habitants) serait séropositive. Mais les responsables gouvernementaux reconnaissent que ce chiffre pourrait être bien plus élevé encore, car le sida reste une maladie taboue socialement, et donc nombre de maladies ou décès qui y sont dus ne sont pas répertoriés comme tels.Les conséquences économiques et sociales du sida au Zimbabwe s’incarnent dans un seul chiffre : en 1990, l’espérance de vie moyenne était de 52 ans.
Elle est passée aujourd’hui à 37 ans.Le pays connaît sa pire crise économique depuis l’indépendance, le système de santé publique s’est effondré, le chômage atteint des taux record, et le pays, manquant de devises, n’arrive plus à importer les médicaments nécessaires.La plupart des quelque 2.000 personnes qui meurent chaque semaine de maladies opportunistes liées au sida étaient incapables de payer des soins, et sont en général renvoyés mourir chez eux après une brève hospitalisation.