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Sida : 15 millions de personnes sont sous traitement dans le monde

Le rapport de l’ONUSIDA publié ce mardi pointe des progrès spectaculaires, une forte chute des décès, et se fixe pour objectif zéro contamination en 2030


Libération - Eric FAVEREAU - 14 juillet 2015 -

Photo : Un enfant de neuf ans montre ses antirétroviraux dans un centre médical de Johannesburg, en Afrique du Sud, en novembre 2014. (c) Photo Siphiwe Sibeko. Reuters

En matière de santé planétaire, il y a peu d’occasions de se féliciter de la solidarité mondiale. Ce mardi matin, pourtant, l’ONU  -sida   publie un rapport qui fera date, au titre choc : « Comment le sida   a tout changé. » Un travail qui compare la situation il y a quinze ans avec celle d’aujourd’hui, puis avec les prévisions dans quinze ans si l’effort mondial se poursuit. Les résultats sont spectaculaires : jamais, dans l’histoire de l’humanité, il n’y a eu une telle réponse planétaire face, il est vrai, « à la plus grosse catastrophe sanitaire qu’a connue le monde », selon l’expression de l’Organisation mondiale de la santé (OMS  ). Aujourd’hui, l’ONU  -sida   peut imaginer l’arrêt des contaminations à l’horizon 2030.

Quinze fois plus de malades traités

Le chiffre le plus parlant de cette riposte ? 15 millions de personnes bénéficient d’un traitement anti-sida  , début 2015. Il y a quinze ans, ils étaient à peine un million, et pour la plupart, vivaient dans les pays riches. Grâce au Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et la malaria, créé en 2002, la donne a radicalement changé : quinze fois plus de malades sont traités.

Des engagements ont été pris et concrétisés par les pays du Nord : en 2015, près de 22 milliards de dollars ont été engagés dans la lutte contre le sida   (contre 5 milliards en 2001). Si l’effort est maintenu, en 2030, 32 milliards de dollars seront versés. « Si l’on continue ainsi, note le Dr Michel Sidibé, directeur de l’ONU  -sida  , nous pouvons faire en sorte qu’en 2030, toute personne dans le monde qui le nécessiterait puisse bénéficier d’un traitement. »

Rapport ONUSIDA   2030 : la thérapie


Et cela marche, car l’épidémie régresse : « Il y avait, poursuit Michel Sidibé, 3 millions de nouvelles infections par an. En 2015 ? Moins de 2 millions. Et en 2030, il est possible qu’il n’y en ait quasiment plus. »

Rapport ONUSIDA   2030 : les infections


55 ans d’espérance de vie pour un séropositif

Quant au nombre de décès liés au VIH  , ils ont chuté en quinze ans de 41%, et l’ONU  -sida   table sur moins de 200 000 décès en 2030. « L’espérance de vie d’une personne vivant avec le sida   était de 36 ans en 2001, détaille encore Michel Sidibé. Aujourd’hui, elle est de 55 ans. Dans quinze ans, cette espérance de vie pourrait être là même que pour une personne séronégative. » Evolution impressionnante. Et les progrès sont généraux. En quinze ans, le nombre d’infections nouvelles chez l’enfant est passé de 580 000 à 220 000 ; en 2030, il pourrait disparaître complètement. Le nombre d’orphelins du sida   pourrait être proche de zéro en 2030.

Rapport ONUSIDA   2030 : la mortalité


L’épidémie s’arrête, voire régresse

Ces indices épidémiologiques mettent en scène l’efficacité de la riposte. « Il y a quinze ans, se souvient Michel Sidibé, il y avait une conspiration du silence autour du VIH  . Le sida   était la maladie des autres, et le traitement réservé aux riches. Nous avons démontré que c’était faux. » En 2015, le rapport montre que dans les 83 pays où se trouvent plus de 80% des personnes infectées de par le monde, l’épidémie s’est, aujourd’hui, arrêtée. Et elle commence à régresser, y compris dans des pays aussi touchés que l’Inde, le Kenya, le Mozambique, l’Afrique du Sud ou le Zimbabwe. Blocages dans les pays anti-homos

Pour autant, il reste des points noirs, ou plutôt des blocages. Et c’est sur la question des droits humains qu’ils se cristallisent. Ainsi, le nombre de pays qui ont des législations criminalisant les relations homosexuelles reste très élevé : de 92 en 2001, il en reste 76 aujourd’hui. De même, 43 pays continuent de mettre des restrictions pour les voyageurs séropositifs.

« Enfin, en matière de prévention, je reste déçu, lâche Michel Sidibé. Nous pourrions faire beaucoup plus, en particulier pour mieux protéger les adolescentes et les jeunes femmes en Afrique. Nous avons besoin d’outils de prévention pour les jeunes filles, comme nous avons besoin de mieux travailler avec les mouvements qui luttent contre les violences liées au genre. »

Rapport ONUSIDA   2030 : l’homosexualité dans le monde


« Rien n’est définitif »

Il n’a pas tort. Sur ce volet de prévention, deux chiffres montrent la lenteur des progrès. En Afrique subsaharienne, il y a à peine 1,7 milliard de préservatifs disponibles en 2015, alors qu’il en faudrait 20 milliards. Et si aujourd’hui il y a eu un peu plus de 9 millions de jeunes hommes volontairement circoncis par le biais de projets médicaux, il faudrait arriver à 67 millions en 2030, pour faire baisser significativement les nouvelles infections. Enfin, on ne peut passer sous silence la très mauvaise situation dans les pays de l’est de l’Europe ou d’Asie orientale, où les contaminations liées à la toxicomanie se poursuivent à un niveau élevé.

Rapport ONUSIDA   2030 : les frontières


Il n’empêche, ce rapport montre que l’argent investi dans la lutte contre le sida   n’a pas été perdu : la riposte mondiale a permis de casser l’épidémie du sida  , et de prendre en charge une grande partie des malades. « Mais rien n’est définitif, insiste Michel Sidibé. Notre rapport montre que les cinq prochaines années seront décisives. Si la riposte baisse en intensité, alors l’épidémie peut redémarrer. » Fragile équilibre.


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 21 juillet 2015

 

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