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Rwanda : les sidéens plus forts à deux


11-02-2009, Jean Fichery Dukulizimana

Au Rwanda, les mariages entre séropositifs se développent. Solidaires, les partenaires optent ainsi pour la sécurité et l’entraide. Des associations de personnes vivant avec le VIH  /Sida   facilitent leur rencontre ainsi que leur intégration au sein de la société.

Assis dans leur salon, au cœur du village de Kinihira, au nord du Rwanda, Annoncée sourire aux lèvres, sert un café à Donat, son nouvel époux. Séropositive, âgée de 37 ans, Annoncée a divorcé de son mari séronégatif pour se remarier avec Donat, de même statut sérologique qu’elle. Tous les deux estiment avoir une vie heureuse. "Mon ancien mari m’insultait, me frappait, et me laissait dormir dehors sous prétexte que je suis séropositive. J’ai donc demandé la séparation et j’ai rencontré Donat", raconte Annoncée. Ce couple n’est pas unique dans un pays qui compte, d’après l’Institut national de la statistique, 250 000 séropositifs. Depuis quelques mois, des associations sont créées pour permettre aux personnes porteuses du virus de se rencontrer et éventuellement de s’aimer.

Le boom des associations Au Rwanda, la politique de lutte contre le sida   interdit la discrimination sous toutes ces formes. Mais comme il s’agit d’une maladie incurable que l’on peut uniquement prévenir par l’utilisation de préservatifs, les séropositifs vivent en permanence dans l’inquiétude et dans la solitude. "Aucun séronégatif ne peut accepter de nous épouser, et nous le savons ", explique Alexis qui a rencontré sa fiancée, Brigitte ; au sein de l’association Impuhwe. Originaire du Sud, ce jeune couple est en train de peaufiner un faire-part pour leur mariage prévu en mai prochain. Au nombre de 1300 dans le pays, ces associations qui réunissent périodiquement des séropositifs, leur permettent d’échanger sur leur vie de tous les jours et de partager des expériences. Ensemble, les malades tentent de s’intégrer dans la société. Ces groupes facilitent aussi des entrevues amoureuses. "Il y a ceux qui font connaissance à l’hôpital durant leur traitement mais généralement, beaucoup se rencontrent lors des réunions", raconte Donat qui a connu Annoncée au sein de l’association Twikomeze dans le district de Burera, au nord du pays. Parmi les 104 membres, quatre nouveaux couples se sont récemment formés.

S’aimer mais rester prudents Beaucoup de séropositifs pensent que les partenaires de même statut sérologique peuvent mieux se comprendre. "Il est le seul avec qui je peux parler de l’évolution de ma santé. Il est le seul qui puisse me donner amour et affection", reprend Annoncée qui a épousé Donat car elle cherchait "un mari capable de m’écouter et de rester à mes côtés même dans les moments difficiles". "Nous avons les mêmes problèmes, nous devons donc chercher des solutions ensemble", ajoute Donat, assis à côté de sa femme. La présidente du Réseau rwandais des personnes vivant avec le VIH   (RRP+), Béatrice Kagoyire, explique que les séropositifs peuvent se marier entre eux ce qui peut avoir certains avantages concernant leur prise en charge. "Ils s’entraident et ils échangent sur l’importance de prendre correctement et régulièrement leurs anti-rétroviraux", mentionne-t-elle. Cependant, elle rappelle aussi qu’une telle union n’est pas sans risque. En raison de la déficience de leurs systèmes immunitaires, ces couples doivent adopter certaines mesures d’hygiène. L’usage du préservatif à chaque rapport sexuel est de mise pour ne pas accélérer la détérioration de leur santé. "Les relations sexuelles sans préservatif ont l’effet de vases communicants et favorisent l’échange de différents types de virus", affirme le Dr André Musemakweli, médecin et directeur du Centre hospitalier universitaire de Butare. De plus, beaucoup de ces unions occasionnent des grossesses qui ont des conséquences sur la santé des mères séropositives. Le risque de transmission materno-infantile du VIH   est grand. Préconisé par l’Onusida  , le traitement par antirétroviraux doit désormais aussi être administré aux femmes enceintes et aux nouveau-nés.


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Publié sur OSI Bouaké le samedi 14 février 2009

 

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