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Organisation mondiale du commerce : les masques commencent à tomber

Edito : le parler-vrai d’un citoyen burkinabé


Mots-Clés / VIH

Le Pays (Ouagadougou - 25 Avril 2005 Publié sur le web le 26 Avril 2005

"Les firmes pharmaceutiques ne sont pas des philanthropes et défendent comme la prunelle de leur yeux la loi du marché. Il faut remontrer au temps colonial pour voir des traités aussi léonins que ceux de l’OMS  ". C’est Amadou Dem, citoyen de son état, qui le dit. Il fait ici une analyse critique sur la politique de l’OMC en antirétroviraux.

Ainsi, la main invisible mais impitoyable de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) vient de servir en retirant les ARV   de la bouche des malades du VIH  /Sida   du monde et surtout ceux d’Afrique, ces derniers qui dépendent à 50% des génériques d’origine indienne.

L’OMC à travers les firmes pharmaceutiques grâce aux règles du commerce mondial les ADPIC : aspects des droits de propriété intellectuelle relatifs au commerce dans le cadre de l’OMC, a exercé des pressions terribles sur le gouvernement et les parlementaires indiens pour qu’ils votent l’interdiction de la fabrication des ARV   génériques par leurs pays.

On voit que l’OMC est contre les peuples et s’en prend à leur vie sans pudeur. Il y a quelques années en Afrique du Sud, un procès sur les ARV   avait opposé les firmes pharmaceutiques au gouvernement sud-africain, à l’époque, il y avait eu une grande mobilisation des sud Africains eux-mêmes devant les tribunaux et une médiatisation importante à travers le monde, ce qui avait valu aux firmes de battre en retraite sous la pression et l’indignation populaire.

Elles ont retenu la leçon. L’OMC c’est le marché c’est le profit à tout crin, pour elle, rien ne doit échapper aux lois du marché, tous les domaines (santé, éducation, logement, alimentation...) sont des marchés potentiels et il faut démanteler toute notion de service public et de protection sociale. L’OMC représente en fait les grandes firmes pharmaceutiques, les industries agricoles, pétrolières, transport (aérien, maritime), de construction BTP, télécommunication, distribution d’eau, de voiture, la spécialisation en bourse...

Toutes ces firmes sont occidentales et les Etats s’effacent derrière l’OMC, et actuellement, l’on voit que le monde politique et le monde des affaires constituent les deux faces d’une même médaille.L’exemple le plus illustratif ces derniers temps est la nomination du ministre adjoint de la défense américain à la présidence de la banque mondiale par le président Georges W. Bush.

"Personne ne sait à quoi sert l’OMC"

Comment veut-on que ce monsieur comprenne quelque chose à la détresse humaine ? C’est un néo-conservateur, un néolibéral, un faucon, qui est l’un des principaux architectes de l’invasion et de l’occupation de l’Irak, par l’armée américaine. Un autre ministre américain de la défense (Robert MC Namara) qui avait déversé des milliers de tonnes de bombes sur le Vietnam, avait présidé la Banque mondiale dans les années 70.

Les firmes pharmaceutiques ne sont pas des philanthropes et défendent comme la prunelle de leurs yeux la loi du marché. Il faut remonter au temps colonial pour voir des traités aussi léonins que ceux de l’OMC. "Il faut se souvenir que l’idéologie néolibérale est devenue hégémonique aux Etats-Unis d’abord, dans le reste du monde ensuite, au prix d’un effort systématique pour mobiliser des fonds et investir l’université et les médias.

Cette idéologie, qui répondait aux intérêts de la finance américaine désireuse de lever tous les obstacles à la libéralisation planétaire des mouvements des capitaux, a ensuite été imposé aux très nombreux pays "bénéficiaires" des prêts et crédits des institutions de Breton-Woods par le carcan du "Consensus de Washington" (1) "Visiblement, plus personne ne sait à quoi sert exactement l’OMC. Mais ceux qui pensent que l’évolution actuelle vers la privatisation de l’organisation du système mondial de santé ne fera qu’aggraver les inégalités existantes sont de plus en plus nombreux" (2)

"Beaucoup d’Africains n’ont jamais vu une montre". Mobilisation contre le SRAS, inaction contre le Sida  

"Quel triomphe pour la biomédecine ! Alors qu’il a fallu trois ans pour identifier l’agent pathogène à l’origine du Sida  , puis deux années encore pour en séquencer le génome, le cas du syndrome respiratoire aigu (SRAS) fut réglé exactement en un mois.

Le 12 mars 2003, l’organisation mondiale de la santé déclenchait l’alerte mondiale. Le 12 avril, à "4 heures du matin", l’agence du cancer de Colombie britannique (Canada) pouvait se vanter d’être la première à publier la séquence génétique du virus. Les tests de dépistage allaient entrer en production immédiatement. Nous assistons, selon le mot, d’un médecin américain à l’équivalent médical de l’opération "choc et effroi" qui venait de se dérouler à Bagdad."(3)

A entendre ou à lire certaines déclarations de responsables de haut niveau, on tombe des nues, par exemple sur le mauvais suivi des régimes médicamenteux complexes qui risque d’entraîner des résistances aux ARV  , M. Andrew Natsios, administrateur de l’USAID  , la principale agence américaine de développement international, osera même expliquer que beaucoup d’Africains "n’ont jamais vu, de leur vie entière une horloge ou une montre" et qu’il est hors de question qu’ils prennent des médicaments à heure fixe ! sans commentaire (4) Le marché, le profit tels que conçus par l’OMC resteront-ils un univers indépassable pour l’humanité ?

Dem Hamadou Tél : 50 35 19 89

(1) Lire sueurs froides dans la galaxie libérale Irréversible la mondialisation ? monde diplomatique Janvier 2001

(2) Lire droit des brevets ou droit à la santé ?

Quand l’OMS   épouse la cause des firmes pharmaceutiques monde diplomatique Juillet 2002

(3) Lire le profit contre la santé Hold up sur le médicament monde diplomatique Juillet 2003

(4) Lire monde diplomatique Juillet 2001


Publié sur OSI Bouaké le vendredi 29 avril 2005

 

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