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Nigeria : Besoin urgent d’accélérer l’accès aux traitements antirétroviraux

Au Nigeria, la distribution d’ARV dépend encore très largement de l’aide internationale


Lagos, 21 septembre 2007 - Le Nigeria est en retard sur la question de l’approvisionnement en traitements antirétroviraux (ARV  ) en faveur des personnes qui vivent avec le VIH  /SIDA  , et seule une personne sur cinq qui a besoin de ces traitements y a accès, a souligné une nouvelle étude.

Le Nigeria s’est doté d’un plan quinquennal afin d’augmenter l’approvisionnement en traitements ARV  , avec pour objectif de fournir ces médicaments à un million de personnes d’ici 2009. Mais certains signes semblent suggérer que cet objectif ne sera pas atteint tant que le gouvernement ne se décidera pas à augmenter sa participation financière au programme. L’objectif qui consistait à fournir ces traitements à 250 000 personnes d’ici 2006 a déjà été un échec.

L’étude, qui émane de l’organisation non gouvernementale Health Reform Foundation of Nigeria (HERFON), a montré qu’en mars 2007, sur une population en attente de ces traitements ARV   estimée à 555 000 Nigérians, seuls 124 572 adultes et 5 279 enfants y avaient accès.

Si des statistiques montrent que depuis 2002, le nombre de personnes infectées sous ARV   a augmenté de 10 pour cent, HERFON a néanmoins affirmé que le nombre de personnes ayant actuellement accès à ces traitements reste dramatiquement faible.

Les résultats de l’enquête, rendus publics la semaine dernière à Abuja, la capitale, montre qu’il existe actuellement au Nigeria 14 centres de soins qui fournissent des ARV  , et cinq centres de conseil et de dépistage volontaire du VIH  .

Ces conclusions poussent les militants de la lutte contre le VIH  /SIDA   à réclamer du gouvernement ainsi que des autres intervenants une participation plus significative, afin d’endiguer la propagation du virus au Nigeria, et ce en améliorant les conditions d’accès aux traitements ARV  .

« Nous savons depuis longtemps que de nombreuses personnes, et tout spécialement les populations rurales, n’ont tout simplement pas accès aux ARV  . Même dans le centre-ville, les personnes malades doivent parcourir de longues distances pour pouvoir se procurer leur traitement, ce qui représente une charge financière non négligeable pour elles », a indiqué Frederik Adegboye, un journaliste infecté par le VIH  .

Le VIH   s’est propagé rapidement au Nigeria au cours des dernières années : en 1991, moins de deux pour cent de la population était touché par l’épidémie, mais le taux de prévalence du VIH   est aujourd’hui estimé à plus de cinq pour cent, pour une population de 126 millions d’habitants.

Le rapport attribue cette incapacité à atteindre les objectifs en matière d’accès au traitement à l’état de délabrement du système sanitaire public et à un financement national insuffisant pour les traitements ARV  , ce qui met ces médicaments hors de portée de la plupart des gens.

« Les quatre cinquième de la population nigériane qui travaillent et ont besoin de ces traitements gagnent 30 000 Naira (250 dollars) par mois, alors que les traitements représentent une charge de plus ou moins 55 000 Naira (433 dollars). C’est là le principal écueil auquel se trouvent confrontées toutes ces personnes : comment faire pour avoir un suivi médical, ou pour suivre son traitement ? », ont souligné les enquêteurs.

Dépendance financière

Bien que le gouvernement affirme son engagement en faveur des personnes infectées au VIH   pour leur garantir un accès aux ARV  , les programmes nationaux de distribution de ces médicaments sont en grande partie dépendants des financements alloués par les bailleurs de fonds.

« La plupart des fonds pour le programme de la thérapie antirétrovirale viennent des partenaires au développement. C’est très préoccupant, car actuellement, la contribution financière du gouvernement fédéral [nigérian à ce programme] se monte à moins de cinq pour cent des personnes vivant avec le VIH  /SIDA   », a souligné le rapport. « Que se soit l’Etat ou les autorités locales, elles ne contribuent que très peu au financement de ce programme, alors que ce sont normalement eux les premiers concernés. »

L’étude a aussi souligné qu’il y existait une différence du coût de revient du traitement entre les centres de soins selon qu’ils étaient financés par le gouvernement ou par les partenaires au développement.

« Dans la plupart des centres de soins financés par le gouvernement, les seuls services gratuits étaient les ARV   eux-mêmes. Les patients devaient payer les frais d’analyses, les frais de traitement pour les maladies opportunistes, ainsi que d’autres frais indirects [les aller-retour pour la clinique ou encore la location d’un logement en attendant d’être pris en charge par le centre], alors que dans les centres soutenus par les partenaires au développement, les patients ne prennent en charge que les coûts indirects », a dit le document.

Plus de 80 pour cent des personnes infectées recevaient des combinaisons de médicaments qui incluaient de la stavudine, un médicament de première ligne qui génère beaucoup d’effets secondaires indésirables.

L’Organisation mondiale de la santé avait par ailleurs recommandé le remplacement de la stavudine par des médicaments moins toxiques, à base de ténovir, mais ceux-ci restent nettement plus onéreux.

Il est à noter que les centres de soins financés par le gouvernement ne fournissaient pas de traitements de seconde ligne pour les patients qui développent des résistances aux traitements de première ligne.

L’étude a souligné que si 80 pour cent des personnes infectées recevaient des informations appropriées avant le commencement de leur traitement ARV  , et qu’elles comprenaient comment ne pas transmettre le virus à leur partenaire, 53 pour cent de ces personnes continuaient à avoir des pratiques sexuelles à risques.

Le professeur John Idoko, l’enquêteur principal, a estimé qu’il était urgent d’améliorer la qualité des installations médicales et du matériel sanitaire.

Il a aussi souligné qu’il était impératif de s’investir beaucoup plus activement dans le recrutement et la formation du personnel soignant qui fournit ces traitements ARV  , tant dans les services publics que privés.


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Publié sur OSI Bouaké le vendredi 21 septembre 2007

 

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