Accueil >>  Et en Afrique, on dit quoi ? >>  Côte d’Ivoire >>  VIH

Côte d’Ivoire : Sans infrastructures ni médecins, le sida menace le nord

encore une confirmation si besoin que dans ces conditions, le travail fait par le CSAS de Bouaké est vraiment remarquable et exeptionnel...


Le départ précipité des personnels de santé et la fermeture de centres sanitaires dans le nord ivoirien suite à l’éclatement du conflit civil en 2002 ont eu un impact dramatique sur la lutte contre le sida   et ont certainement contribué à accélérer la propagation de l’épidémie dans cette partie du pays, selon une récente étude.

Cette étude, menée par des enquêteurs suisses et ivoiriens grâce à un financement du Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme, avait pour but de comparer la situation avant septembre 2002, date du début de l’insurrection armée, avec celle qui prévalait près de deux ans plus tard, en termes de disponibilité des ressources humaines et des infrastructures sanitaires.

D’après les auteurs du document, en moins de deux ans le conflit a fait fuir vers le sud 98 pour cent des médecins qui exerçaient dans la partie centrale du pays, aujourd’hui aux mains de la rébellion.

Ainsi, sur les 127 médecins installés avant 2002 au-delà de la zone dite ‘de confiance’ qui sépare la partie sud du pays, sous contrôle gouvernemental, du nord, seuls trois étaient encore en poste en mars 2004. Ce déclin était respectivement de 91 et 95 pour cent dans les zones urbaines de l’ouest et du nord, a précisé l’étude.

Bon nombre de travailleurs de la santé employés par le gouvernement et affectés dans la moitié nord du pays avant la guerre ont préféré partir se réfugier dans le sud après l’éclatement de l’insurrection, invoquant des problèmes de sécurité et de paiement des salaires.

Par ailleurs, près de 80 pour cent des structures de santé en territoire rebelle ont été pillées dans les premiers mois du conflit, tandis que les rares centres sanitaires qui continuent à accueillir des patients manquent d’équipements et de médicaments, y compris les antirétroviraux (ARV  ) utilisés dans le traitement du sida   et les tests de dépistage du VIH   ou des infections sexuellement transmissibles (IST).

Enfin la distribution de préservatifs dans les régions du nord et du centre de la Côte d’Ivoire a également chuté, a souligné le document, tandis que le nombre d’IST a augmenté de manière significative dans l’ouest.

En avril 2005, une étude de l’organisation internationale Médecins sans frontières (MSF  ) avait révélé que les IST représentaient plus de 20 pour cent des consultations d’adultes dans l’ouest, tandis que près d’un tiers des femmes enceintes se rendant en consultation prénatale à l’hôpital de Danané, non loin de la frontière avec le Liberia, souffrait d’IST.

Le nombre d’ONG affirmant travailler dans la lutte contre le sida   en territoire rebelle a presque doublé, a noté l’étude financée par le Fonds mondial, mais la plupart d’entre elles sont des organisations locales qui sont démunies et manquent de moyens pour développer des programmes de prévention et de traitement du VIH  /SIDA  .

Seule la ville de Bouaké, fief des rebelles dans le centre du pays, échapperait en partie à ce sombre tableau, plusieurs organisations internationales et agences des Nations unies y étant installées, a affirmé l’étude.

« L’impact négatif du conflit armé en Côte d’Ivoire sur les ressources humaines et les structures sanitaires justifie l’inquiétude légitime selon laquelle l’association de ces facteurs contribue à alimenter l’épidémie de VIH  /SIDA   », ont estimé les auteurs du document.

Cette étude vient confirmer les inquiétudes exprimées à de nombreuses reprises ces derniers mois par les organisations humanitaires sur le terrain, qui estiment que le taux de prévalence national du VIH  , estimé à sept pour cent fin 2003 selon les Nations unies, serait aujourd’hui plus élevé dans la moitié nord du pays où il pourrait avoisiner les 10 pour cent.

Face à la gravité de la situation, une réponse urgente et continue de la communauté internationale est nécessaire bien au-delà de la fin du conflit, a recommandé l’étude.

« Etant donné les efforts déjà fournis par les ONG, les organisations internationales et les agences des Nations unies pour gérer l’épidémie de VIH  /SIDA   [dans le nord], il est d’une importance cruciale que ces activités d’urgence se poursuivent pendant la période de post-conflit », a conclu le document.

22 mai plusnews


VOIR EN LIGNE : plusnews
Publié sur OSI Bouaké le mardi 23 mai 2006

 

DANS LA MEME RUBRIQUE