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Nigéria : grâce aux lois homophobes le sida a de beaux jours devant lui !

Communiqué de presse d’Africagay


AfricaGay   - 6 juin 2013 - Communiqué de presse -

La chambre des représentants du Nigéria est en train de travailler à un projet de loi renforçant considérablement la pénalisation de l’homosexualité : si ce projet de loi est promulgué, toute personne qui participerait à une « organisation de défense des droits des homosexuels » ou qui serait surprise dans une « démonstration publique » d’affection avec une personne du même sexe, serait passible d’une peine de 10 ans de prison.

Ce projet de loi prévoit par ailleurs de pénaliser de 14 ans de prison les mariages entre personnes de même sexe et de 10 ans de prison toutes personnes qui auraient aidé ces couples à se marier. Plus inquiétant encore, il entend condamner à 5 ans de prison toute personne qui connaitrait un homosexuel et ne l’aurait pas dénoncé aux autorités. Alors que de nombreuses études ont démontré que les homosexuels étaient de 5 à 25 plus touchés par l’épidémie de sida   que la population générale, Africagay   contre le Sida   s’inquiète vivement de ce nouveau projet de loi homophobe, qui fait peser de lourds risques sur la réponse nationale au VIH  /sida  .

Le Nigéria est pourtant le deuxième pays du monde le plus touché par l’épidémie de Sida   avec un taux de prévalence estimé à 4.1 % (soit près de 3.5 millions de séropositifs) et les homosexuels constituent la seule population au sein de laquelle on observe une augmentation des contaminations : les taux de prévalence étant passé de 13.5% en 2007 à 17.2 % en 2010 [1]. Alors que l’OMS   recommandait en 2011 « d’établir et d’appliquer des lois antidiscriminatoires et protectrices (...) afin d’éliminer la stigmatisation, la discrimination et la violence subie par les homosexuels et les personnes transgenres et de réduire leur vulnérabilité à l’infection à VIH   ainsi que l’impact du VIH   et du sida   » [2], les autorités nigérianes semblent vouloir passer outre, niant ainsi que la stigmatisation et la discrimination que vivent les homosexuels participe de leur vulnérabilité sociale mais aussi de leur vulnérabilité au VIH  /sida  .

« S’il y a 12 ans ABUJA cristallisait tous les espoirs pour les malades africains grâce aux engagements des chefs d’Etat des pays membres de l’Union Africaine, aujourd’hui ABUJA est le siège d’un avenir sombre et désespérant car avec cette loi le sida   ne sera jamais vaincu » dit Jeanne Gapiya, Présidente de l’ANSS Burundi, Porte-parole d’Africagay   contre le sida  .

Tout comme la Coalition pour la défense des droits sexuels au Nigeria l’a déjà fait, nous appelons le président Jonathan Goodluck à prendre toute la mesure des dégâts que cette loi pourrait provoquer dans la réponse nationale menée par son pays contre l’épidémie de Sida  . Nous tenons à rappeler que cette dernière croit sur le terreau des discriminations et de la stigmatisation et que l’on ne pourra mettre un terme à ce fléau en privant de droits et de protection les populations qui y sont les plus exposées.

Africagay   contre le Sida   est un réseau de 18 associations issues de 10 pays (Algérie, Bénin, Tunisie, Côte d’ Ivoire, Togo, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Sénégal et France). Son objectif principal est de promouvoir l’accès à la prévention et aux soins pour les homosexuels à travers une approche basée sur les Droits.

Contact

  • Jeanne Gapiya, Présidente de l’ANSS Burundi, Porte-parole d’Africagay   contre le sida   : +229.95.43.08.87
  • Yves Yomb, Directeur d’Alternative Cameroun, Porte-parole d’Africagay   contre le sida   : +229.95.43.08.71
  • Nicolas Denis, Chargé de plaidoyer international Droits de l’Homme, AIDES : +33.(0)6.25.74.23.84

[1] National Agency for the control of AIDS, Federal Republic of Nigeria « Global Aids response, Country progress report, Nigeria GARPR 2012 », Abuja, 2012.

[2] « Prévention et traitement de l’infection à VIH et des autres IST chez les Hommes ayant des relations Sexuelles avec d’autres Hommes et chez les personnes transgenre : recommandations pour une approche de santé publique », OMS, Genève, 2011.


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Publié sur OSI Bouaké le mercredi 12 juin 2013

 

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