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« J’ai bien compris que sans l’argent, c’était la catastrophe »

12 mai 2002 - par Virginie Kouadio


12 mai 2002. Les parrainages sont en place depuis quelques mois. Le SAS organise un goûter avec les orphelins et invite ma sœur, alors enseignante vivant à Bouaké, à venir rencontrer les enfants. Voici le mail qu’elle m’envoie pour me raconter son après-midi au SAS. Sandrine

J’ai donc rencontré l’assistante sociale qui s’occupe des petits parrainés entre autre et j’ai pu voir presque la totalité des enfants parrainés ainsi que leur tuteur ou leurs parents quand il y en a encore en vie. Il y avait une grosse fête au SAS samedi avec Miss Bouaké qui était venue remettre des lots. Chaude ambiance ! En plus il faisait une chaleur dingue, tout le monde dégoulinait. Les petits ont dansé un mapuka avec Penda à la toute fin ! Excellent ! J’étais un peu gênée car l’assistante m’a présentée comme « la maman qui envoie l’argent tous les mois » donc j’ai été reçue comme le messie alors que j’y suis pour rien moi, mais t’inquiètes j’ai joué le jeu.

Que dire de l’assistante sociale (tu as dû la rencontrer non ?) : une femme très courageuse et pleine d’amour pour ses petits qui se bat et qui lutte comme une malade avec presque rien. Quant aux petits, ils ne sont pas tous du même âge. La plupart sont très petits et ont entre 5 et 8 ans, certains sont un peu plus grands (10/12 ans). Ils sont tous issus de familles relativement nombreuses et en fait l’assistante m’a bien expliqué que l’argent que reçoit chaque enfant parrainé sert pour plusieurs de la même famille. L’argent est utilisé pour les choses de la vie quotidienne : se nourrir, s’habiller, se soigner en cas de problème et acheter les fournitures scolaires. Ca a l’air de les sauver, c’est clair. J’ai bien compris que sans l’argent, c’était la catastrophe.

J’ai rencontré des enfants qui ne sont pas parrainés et pour eux, c’est hyper dur. Ils vivent dans une misère noire. J’ai compris qu’en fait, il n’y a aucun traitement possible contre le VIH   à Bouaké. Les enfants très atteints ou dépistés positifs sont envoyés à Abidjan même si le transport leur coûte très cher mais une fois là-bas ils ne sont pas véritablement suivis comme à Bouaké. En plus, dès qu’ils reviennent à Bouaké, ils arrêtent leur traitement, bref c’est compliqué. Et les gens n’ont pas les moyens d’aller se soigner sur Abidjan. L’assistante me disait que la plupart du temps, ils ont mal au coeur de faire le dépistage parce qu’après tu fais quoi ? Tu es positif et tu n’as rien pour te soigner. Alors, nombreux sont ceux qui ne se font pas dépistés. Je pense que tout ça tu le sais.

J’ai fait prendre une photo avec l’assistante et la majorité des enfants parrainés que je t’enverrai quand je l’aurai. Penda et l’assistante m’ont proposé d’aller carrément dans les familles des enfants pour voir comment ils vivent et peut-être ramener des clichés en France cet été. Penses-tu que ce serait intéressant ? En tous cas, j’ai vraiment eu l’impression que cet argent, ils en avaient gravement besoin et que c’est une bouffée d’oxygène. C’est un peu triste pour ceux qui restent quoi !

Voilà, comme je te l’ai dit c’était la fête samedi et l’ambiance était très bonne. Ca n’a pas été aussi dur que cela, il y avait la musique et les sourires partout pour remonter le moral. J’ai vu M. Sidibé de Bouaké Eveil, qui s’apprête à déménager dans de nouveaux locaux. Il gardera une permanence au SAS quand même. Il te passe bien le bonjour.


Publié sur OSI Bouaké le samedi 7 mai 2005

 

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