Accueil >>  Et en Afrique, on dit quoi ? >>  Côte d’Ivoire >>  Actualité

Côte d’Ivoire : Les déchets toxiques, une menace qui subsiste


Abidjan, 20 août 2008 (IRIN)

Deux ans après le scandale politique et la situation d’urgence médicale généralisée provoqués par le déversement illégal de substances toxiques à Abidjan, capitale ivoirienne, l’opération de décontamination stagne, selon Okechukwu Ibeanu, expert en contamination auprès des Nations Unies.

« Ces sites n’ont toujours pas été décontaminés et continuent de menacer la vie et la santé de dizaines de milliers d’habitants », a indiqué M. Ibeanu, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les conséquences néfastes des mouvements et déversements illicites de produits et déchets toxiques et nocifs, à Abidjan, au début du mois d’août, à l’issue d’une mission d’évaluation d’une semaine.

Des experts internationaux de l’enlèvement des déchets, vêtus de combinaisons et de masques de protection, se sont dispersés aux quatre coins d’Abidjan en septembre 2006, après qu’il eut été découvert que des déchets toxiques avaient été déversés dans plusieurs quartiers de la ville.

Ces déchets chimiques sont arrivés à Abidjan, une ville portuaire, en août 2006, à bord d’un navire affrété par la société hollandaise Trafigura Beheer, et ont apparemment été déversés dans des quartiers résidentiels par un entrepreneur local.

Les déchets contenaient du sulfure d’hydrogène, une substance qui peut être mortelle, selon le rapport des Nations Unies. Environ 16 décès ont été imputés aux déchets trouvés sur sept sites, notamment dans des zones densément peuplées où se trouvent des bidonvilles, et selon les responsables du service médical d’urgence ivoirien, plus de 100 000 personnes se sont présentées dans les hôpitaux et les cliniques pour être examinées.

D’après M. Ibeanu, expert des droits humains, bon nombre des personnes touchées par les déchets n’ont reçu que peu, voire pas, d’aide depuis que s’est apaisée la tempête médiatique de 2006 provoquée par le déversement ; un fonds d’indemnisation de 198 millions de dollars a pourtant été constitué par la société qui avait affrété le navire hollandais.

« Nous avons eu l’occasion de rencontrer de nombreuses victimes qui manifestent encore de graves symptômes suite à une exposition aux déchets. Il y a encore des céphalées, des lésions cutanées [.] Parmi les victimes, nous en avons rencontré de particulièrement vulnérables : elles n’ont pas assez d’argent pour se nourrir, sans parler des frais onéreux de soins ».

Certaines victimes n’ont eu d’autre choix que de retourner à leur domicile et sur leurs lieux de travail, situés près des sites de déversement de ces déchets mortels.

M. Ibeanu a exhorté le gouvernement à harmoniser la liste des victimes et à assurer leur prise en charge sanitaire et financière.

L’expert a également suggéré que la communauté internationale et le gouvernement consacrent des fonds à la construction de sites de déversement sans risque des déchets, pour assurer qu’une telle catastrophe ne se répète pas à l’avenir.


Publié sur OSI Bouaké le dimanche 24 août 2008

 

DANS LA MEME RUBRIQUE