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Les trois ans d’enfer caché des deux garçonnets des Pavillons-sous-Bois



AFP – 22 avr. 2013 - Les Pavillons sous Bois -

Les enfants du père dormaient dans une cave au milieu de leurs déjections, ceux de la belle-mère étaient scolarisés dans une école privée et à l’Opéra de Paris : une famille recomposée de Seine-Saint-Denis a dissimulé cette situation des années durant.

Devant l’école primaire, des parents évoquent "un petit blondinet", "très sale" et "toujours mal habillé". "Un jour, il est venu en claquettes, alors qu’il faisait très froid", se rappelle l’un d’eux, loin d’imaginer le calvaire subi par ce garçon de 10 ans et son grand frère : battus par leur père, privés de nourriture et contraints de dormir dans une pièce insalubre.

C’est après avoir vu son petit frère prendre une raclée par leur père que l’aîné, 12 ans, a rejoint mercredi le commissariat en bus pour aller se plaindre aux policiers.

"Pour lui, deux gamins dans une cave, ça ne posait pas de problèmes. Mais quand il a vu le père taper son frère, il a réalisé que c’était interdit", raconte une source proche de l’enquête.

Les policiers découvrent les conditions de vie abominables des enfants la nuit : un mince matelas au sol, sans couverture, dans une cave pleine de détritus. Selon une source judiciaire, ils étaient enfermés à clé "à partir d’une certaine heure", sans électricité et sans point d’eau, ce qui les obligeaient à faire leurs besoins dans la pièce, "pas nettoyée".

Les violences semblaient récurrentes, parfois "à coup de ceinturon", révèle cette source, tandis qu’une autre évoque "des ecchymoses" et "des griffures" sur les bras des enfants.

Le père, un plombier de 39 ans, et leur belle-mère, une femme sans emploi de 44 ans, ont reconnu qu’il leur arrivait de cacher la nourriture. Tout deux ont été mis en examen samedi pour violences sur mineur, défaut de soins, privation d’aliments, et placés en détention provisoire.

"Ils sont dans le déni"

Près du pavillon familial, dont les fenêtres donnent sur le cimetière municipal, plusieurs voisins ont découvert dans la presse ce qui se passait de l’autre côté de leur jardinet. "Deux ou trois fois, la nuit, j’ai entendu des cris, mais jamais je n’aurais imaginé ça", raconte Constantina.

Les maltraitances duraient depuis trois ans et auraient commencé après le départ de la mère des deux garçons — "une toxicomane qui a disparu dans la nature" selon une source proche de l’enquête — et l’arrivée de la belle-mère. Les deux enfants de cette dernière, un garçon de 7 ans scolarisé dans le privé, avait sa chambre à l’étage ; un autre âgé de 17 ans, petit rat à l’Opéra de Paris, n’ont "pas subi de mauvais traitements". "Ils étaient même gâtés", indique une source proche du dossier.

Pour justifier ces différences, le père "dit que ses garçons sont insupportables et qu’ils cassent tout". "Ils récusent les faits et parlent de gamins turbulents et maladroits. Ils sont dans le déni", souligne une source proche de l’enquête. Selon le conseil général de Seine-Saint-Denis, la famille était suivie depuis 2008. En 2010, un autre fils du père, aujourd’hui âgé de 15 ans, avait déjà été placé.

"Le père donnait des gages de bonne volonté. Il semblait juste un peu dépassé par ses gamins", souligne un porte-parole du département. "Les services sociaux ont le sentiment d’avoir été bernés." "Les enfants ont couvert leur père pendant très longtemps", confirme une source proche du dossier.

En janvier, un rapport signale "des conditions d’hébergement dégradées et insalubres". Le conseil général dit avoir alors transmis "une demande de placement". "Mais le juge a estimé qu’il valait mieux attendre trois mois pour tout préparer", car il arrivait à l’aîné d’être "violent vis-à-vis des autres gamins".

Ce garçon, scolarisé en 6e dans une section destinée aux élèves en difficulté, était suivi par un neuropsychiatre pour des "troubles du comportement". Les trois enfants vivant au domicile familial ont été placés à l’Aide sociale à l’enfance.


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Publié sur OSI Bouaké le vendredi 31 mai 2013

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