Orphelins du Sida cherchent famille

Publié le 26 mai 2005 sur OSIBouaké.org

Orphelins du Sida   cherchent famille Seules des initiatives privées assurent, pour l’instant, leur prise en charge.

Dans la cour du Centre d’accueil de l’Espoir, au quartier Efoulan à Yaoundé, ce samedi 14 mai, une dizaine d’enfants, garçons et filles, jouent à la marelle. Les pieds nus. Leur joie de vivre donne du plaisir à voir. Dans un coin, une fillette de 6 ans découpe un tubercule de macabo. Même si personne n’y goûtera, elle s’exerce néanmoins à cette tâche ménagère. Au total 40 pensionnaires résident dans ce Centre créé en 1993 par une religieuse, Soeur Brigit Mewoulou. A quelques mètres de là, un autre centre : l’Association d’aide sociale des enfants orphelins et en détresse (Aaseo) prend en charge 8 orphelins du Sida   parmi ses 26 pensionnaires. Les statistiques disponibles au Comité national de lutte contre le Sida   (Cnls) révèlent que le Cameroun compte 210 000 orphelins et enfants vulnérables (Oev  ) du fait du Sida  . Selon des informations recueillies au ministère des Affaires sociales, très peu sont infectés et sont suivis à la fondation Chantal Biya. La majorité des (Oev  ) sont affectés par la pandémie. Pour certains, ils sont soutenus par des familles, d’autres sont accueillis dans des orphelinats ou dans des centres d’accueil comme à Efoulan ou à Nkomo. Ici, ils tentent d’oublier « La solitude et les mots méchants que les oncles et tantes disaient à l’endroit des parents », témoigne, toute tremblante, Tatiana, 11 ans. D’autres par contre n’ont que la rue pour dernier recours. « Ici, on ne vous demande pas qui vous êtes, ni qui sont vos parents. On se comprend, et personne n’a peur que vous ne contaminiez ses enfants », déclare Gaëtan T., 17 ans.

Au contraire de Gaëtan, tous les orphelins des centres d’accueil ci-dessus cités vont à l’école. Ils bénéficient également d’une assistance médicale, morale, alimentaire et vestimentaire. Au Centre d’accueil de l’Espoir, la durée de séjour est de deux à trois ans. Au bout de cette période, l’enfant est placé soit dans une famille d’accueil soit réinséré dans sa structure familiale. « En 2004, vingt enfants ont été placés dans des familles d’accueil et remplacés par de nouveaux venus. Ces orphelins sont encadrés par une équipe de trois éducateurs permanents », lit-on dans le rapport d’activités 2004 du centre. « Nous n’avons pas de soutien extérieur si bien que pour le repas, par exemple, je me dépêche de venir faire la cuisine après les cours. Mais quand mon emploi de temps scolaire est surchargé, je fais la cuisine la veille. Je sais ainsi que les enfants viendront eux-mêmes se servir de retour des classes », raconte Jeanne Cathérine Mbazoa, directrice adjoint de l’Association d’aide sociale des enfants orphelins et en détresse.

Stratégies Si les personnes vivant avec le Vih  /Sida  , estimées selon des statistiques du Cnls à 40.000 au Cameroun, sont assurées de l’appui de l’Etat avec la réduction des coûts du traitement et l’aide à la création des activités génératrices de revenus, les orphelins, quant à eux, ne bénéficient encore que de l’aide des initiatives privées. La politique de l’Etat en matière de prise en charge des orphelins du Sida   n’est actuellement qu’au stade de l’élaboration de stratégies conformément aux résolutions des ateliers de Yamoussoukro en 2002 et de Dakar 2004 co-organisés par l’Unicef, l’Usaid  , l’Onusida  , et relatifs aux droits et à l’épanouissement des Oev  . Les résolutions de ces deux réunions indiquaient que jusqu’à l’année en cours, « les Etats doivent mettre en oeuvre des politiques et stratégies nationales visant à rendre les gouvernements, les familles et les communautés mieux à même d’assurer un environnement favorable aux orphelins (garçons et filles) infectés et affectés du fait du Vih  /Sida   ».

Au ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff) l’accent est actuellement mis sur « la responsabilité parentale dans la lutte contre le Vih  /Sida   pour atténuer le phénomène. Le thème de la journée internationale de la famille célébrée le 15 mai dernier étant « les effets du Vih  /Sida   sur le bien être de la famille », nous pensons que les familles en tant que milieu d’accueil, de soutien, de sécurité ne sont pas préparées soit psychologiquement, financièrement et même en termes de connaissance du Vih   par rapport à cette fonction. Notre tâche est de leurs fournir les outils nécessaires. », explique Pierre Marie Akeum, sous directeur de la Famille au ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff). Néanmoins, l’Etat, à travers le ministère des Affaires sociales, le ministère de la Promotion de la femme et de la Famille et le Comité national de lutte contre le Sida   (Cnls), s’est associé à l’Ong Synergies africaines contre le Sida   et les souffrances en cette année 2005 pour la prise en charge de 1000 orphelins et enfants vulnérables du fait du Sida  . Ce projet vise surtout à assurer le suivi scolaire de ces enfants pendant deux ans ainsi qu’un appui aux familles d’accueil. Pour l’instant, quatre centres ont été identifiés dans les provinces du Centre, du Littoral, du Sud et de l’Ouest. Le Cameroun a également été élu au projet Bi-multi qui est « un projet partenarial Minas-Coopération française et Unicef qui permet de définir une stratégie globale dans un secteur peu exploré et de renforcer ainsi la visibilité des actions de protection de l’enfance ». Pour ce projet, trois communes ont été retenues : la commune rurale de Ngaoundéré, la commune rurale de Mezam et la commune urbaine de Douala IIe.

D’apres Mutations 26 Mai 2005

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