La Gambienne Fatou Bensouda élue procureure de la CPI

Publié le 14 décembre 2011 sur OSIBouaké.org

LeMonde.fr avec AFP | 12.12.11 |

AFP/ISSOUF SANOGO

La Gambienne Fatou Bensouda succédera en juin à Luis Moreno-Ocampo, qui vient de passer neuf années à la tête de la CPI  

La Gambienne Fatou Bensouda, 50 ans, a été élue lundi 12 décembre nouvelle procureure de la Cour pénale internationale (CPI  ) par les 120 Etats membres de ce tribunal chargé de juger à travers le monde les auteurs de génocide ou de crimes de guerre. Elle succédera en juin à Luis Moreno-Ocampo, resté pendant neuf ans à la tête de la CPI  . Il y avait en septembre, au début du processus de sélection, 52 candidats en lice.

"Je suis particulièrement fière d’avoir été soutenue par ma région de manière si appuyée depuis le début. Le continent africain a encore une fois montré son soutien et son engagement en faveur de la justice internationale et de la cour, a-t-elle déclaré à l’issue du scrutin. Mais laissez-moi insister sur cela : je serai le procureur de tous les Etats membres d’une manière indépendante et impartiale."

Fatou Bensouda était depuis 2004 procureure adjointe de la CPI  , où elle dirigeait la division des poursuites. Ancienne ministre de la justice de Gambie, elle a travaillé de 2002 à 2004 pour le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha en Tanzanie, comme substitute du procureur puis comme conseillère juridique principale. Diplômée de la faculté de droit de Lagos (Nigeria), Mme Bensouda entre en 1987 au ministère public gambien, dont elle gravira tous les échelons. Elle quitte ensuite le ministère de la justice pour ouvrir son propre cabinet d’avocat puis devient directrice générale de la Banque internationale pour le commerce, à Banjul, la capitale de la Gambie.

LA CPI   FACE AUX PRESSIONS POLITIQUES

Selon les observateurs, Mme Bensouda va devoir composer avec la politisation de la CPI  . Richard Dicker, directeur du programme "justice internationale" de l’ONG Human Rights Watch, juge que la toute jeune CPI  , créée en 2002, "a pris, en dix ans, une envergure nouvelle sur la scène internationale". "Si certains gouvernements reconnaissent le rôle de la CPI   dans les crises et conflits, d’autres ont tenté d’utiliser la cour […] à des fins politiques", note-t-il.

Certains pays africains ont ainsi tenté de pousser le Conseil de sécurité de l’ONU   à suspendre les poursuites contre Omar Al-Bachir, le président soudanais sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI   pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. De son côté, le Kenya fait campagne contre l’enquête lancée sur les violences post-électorales de 2007-2008. Mais la pression vient aussi d’acteurs majeurs (Etats-Unis, Chine et Russie) qui, bien que ne faisant pas partie de la CPI  , tentent à leur manière d’influencer son travail en fonction de leurs propres intérêts.

Le travail du procureur "a sans aucun doute un effet politique et nous le voyons tous les jours. Et là, le nouveau procureur va devoir trouver le juste équilibre", juge Christian Wenaweser, ambassadeur du Liechtenstein à l’ONU   et président sortant de l’assemblée des Etats membres de la CPI  .

La CPI   est une cour indépendante des Nations unies, fondée en 1998 par 120 Etats, en vertu du traité de Rome. Elle ne dispose pas de sa propre force de police et dépend donc de la coopération des Etats pour interpeller ses suspects et juger les auteurs des crimes les plus graves qui concernent la communauté internationale, comme les crimes de guerre ou de génocide. Elle n’intervient pas si la justice nationale entame, en toute "bonne foi", une procédure judiciaire.

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