Les impacts sur le vécu familial

par Nathalie Sawadogo, démographe, AJPO (Burkina Faso)

Publié le 1er octobre 2006 sur OSIBouaké.org

Mon association est née en 1991 à Ouagadougou pour œuvrer en faveur des enfants vulnérables et défavorisés. Face à la pandémie de VIH  -sida  , elle a progressivement orienté son activité de façon à répondre aux besoins des enfants infectés ou affectés par le VIH  -sida  . Notre association se donne quatre objectifs :

  • promouvoir la question des orphelins et des enfants vulnérables, quelle que soit la cause de la vulnérabilité ;
  • créer une prise de conscience sur le sida  , particulièrement pour la jeunesse défavorisée en milieu rural ;
  • promouvoir le dépistage ;
  • accompagner les personnes vivant avec le VIH  , autant sur un plan médical que psychosocial ; prendre en charge les orphelins et les enfants vulnérables Les orphelins dont nous nous occupons ont été inscrits soit par leurs parents infectés, soit par leur famille d’accueil, soit par des proches, soit par des organisations sociales et sanitaires. L’AJPO soutient environ 1 500 enfants, dont 30 % sont des orphelins du sida   ou des enfants affectés par le VIH  . Douze d’entre eux sont des enfants infectés que nous prenons en charge. La majorité de ces enfants vivent avec leur mère. Très peu vivent seuls avec leur père. Une partie d’entre eux vivent avec les grands-parents - plus souvent maternels que paternels. Les cas d’accueil par l’oncle ou par la tante sont beaucoup plus rares. Nous assistons à l’émergence de nouveaux types de structures familiales, c’est-à-dire des fratries d’enfants qui vivent sans adultes - surtout si l’un des enfants est à peu près majeur au moment du décès des parents. Nous observons trois types de difficultés :
  • Difficultés économiques Les familles qui acceptent d’accueillir un orphelin sont en général des familles défavorisées, d’où des difficultés économiques puisque l’enfant accueilli crée une charge supplémentaire.
  • Difficultés relationnelles Il existe culturellement en Afrique un écart de communication entre les parents et les enfants, et à plus forte raison entre les tuteurs et les enfants. Nous avons souvent l’impression que les enfants dont nous nous occupons se sentent plus proches de nous que de leur famille.
  • Difficultés sociales Les enfants sont parfois très peu encadrés, ce qui les pousse à la délinquance. L’AJPO mène des actions ponctuelles dirigées vers les enfants. Elle apporte une aide alimentaire et un soutien au paiement des frais de scolarité pour les plus démunis, des cours de mise à niveau pour préparer les examens, des rencontres avec les enseignants, des activités récréatives, etc. Assistée d’une psychologue, elle travaille au soutien psychologique des enfants, notamment par le biais de visites à domicile. L’association est de plus en plus amenée à réaliser des actions de soutien juridique, à cause des actes de spoliation ou de violence envers les orphelins, sachant que l’AJDO privilégie en premier lieu la médiation. Nous travaillons avec une association du Nord (Orphelins Sida   International) pour un système de parrainage d’enfants. Nous nous sommes rendu compte que lorsque nous allions vers l’enfant, c’était toute la famille qui en bénéficiait indirectement. Savoir que l’enfant reçoit chaque mois diverses ressources encourage les familles à le recueillir. Il arrive bien sûr qu’une partie des ressources aille dans la poche des tuteurs ; ce défaut ne pourra être corrigé que par un suivi régulier. Lorsque la fratrie n’est pas dispersée dans différentes familles, les enfants sont moins souvent victimes d’exploitation, car les plus âgés veillent sur leurs frères cadets. Apporter du soutien à l’enfant, notamment scolaire, présente le désavantage de déresponsabiliser le tuteur. Nous essayons donc de faire du cas par cas dans l’accompagnement à la famille, c’est-à-dire d’évaluer les besoins avant d’apporter un soutien adapté. Nous mettons l’accent sur la formation professionnelle et de façon générale, nous tentons d’impliquer les tuteurs dans les actions réalisées pour les enfants. Les enfants les plus âgés s’impliquent parfois dans l’encadrement des plus jeunes. Des adolescents formés en santé de la reproduction s’illustrent par exemple dans des prestations de prévention ciblant les autres adolescents.

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