Accord sur l’annulation de la dette de 14 pays africains...

... et 4 pays en Amérique du Sud

Publié le 16 juin 2005 sur OSIBouaké.org

16 Juin 2005 - Arame Tall, Washington, DC

Le fameux accord tant attendu entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sur l’annulation de la dette des pays africains a atteint un tournant décisif avec l’entente des deux pays sur les modalités de l’annulation, a révélé jeudi dernier au New York Times un haut fonctionnaire impliqué dans les négociations.

Le Secrétaire au Trésor américain, John W. Snow, et son homologue britannique, Gordon Brown, chancelier de l’échiquier, ont élaboré une proposition qu’ils ont présenté à la réunion des Ministres des Finances des sept pays industrialisés du G7 vendredi dernier à Londres.

En théorie, le plan libérerait 18 pays, dont la plupart se trouvent en Afrique, de toute obligation de rembourser les $16.7 milliards estimés qu’ils doivent à la banque mondiale, au FMI et à d’autres bailleurs internationaux comme la banque africaine de développement.

Les 14 pays africains devant bénéficier de l’annulation de leur créance sont le Bénin, le Burkina Faso, l’Ethiopie, le Ghana, le Madagascar, le Mali, la Mauritanie, la Mozambique, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie. S’y ajoutent 4 pays de l’Amérique latine : la Bolivie, la Guyane, le Honduras et le Nicaragua.

Tous les pays éligibles ont dû prouver qu’ils ont oeuvré pour améliorer leur gouvernance, réduire la corruption et poursuivre ce que les bailleurs de fonds considèrent comme étant des politiques économiques bien fondées.

Le président Bush s’est ainsi engagé à accorder plus d’aide aux pays sous-développés qui oeuvrent par une bonne gouvernance politique et économique. C’est dans ce contexte que 5 chefs d’Etat africains, qui ont tenu des élections au cours de l’année passée, ont été reçus à la Maison Blanche ce lundi. Il s’agit des présidents Festus Mogae du Botswana, John Kufour du Ghana, Armando Guebuza du Mozambique, Hifikepunye Pohamba de la Namibie, et Mamadou Tandja du Niger.

Bien que l’accord américano-britannique soit un bond en avant en direction de l’annulation totale de la dette, le combat pour l’éradication de la pauvreté en Afrique reste loin d’être terminé, comme le rappelle Ann-Louise Colgan, Directrice de la Communication et de l’Analyse Politique à " Africa Action ", une organisation qui lutte en faveur du développement durable en Afrique : " Si les promesses de ces dirigeants doivent être prises au sérieux, il est nécessaire qu’ils annulent la dette de l’Afrique, augmentent de façon significative leur financement pour la campagne contre le VIH  /Sida  , remplissent leurs engagements précédents sur les réformes commerciales, et soutiennent les efforts multilatéraux pour promouvoir la paix et la sécurité en Afrique, avec la priorité immédiate d’arrêter le génocide au Darfour. "

Et à Marie Clarke Brill, Directrice de l’Education Publique et de la Mobilisation à " Africa Action ", d’ajouter : " Tant que la dette africaine ne sera pas annulée, toute nouvelle aide entrera en Afrique pour en ressortir aussitôt sous forme de paiements du service de la dette. La crise de la dette sera de nouveau à l’ordre du jour au G8 en juillet, et un nouvel accord devra y être conclu pour au moins 50 pays pauvres en Afrique et ailleurs, sans qu’aucune condition économique nuisible n’y soit attachée. "

L’accord sur l’annulation de la dette sera probablement un des thèmes majeurs débattus lors du sommet du G8 prochain qui se tiendra à Gleneagles, en Ecosse, du 6 au 8 juillet prochain. Le G8 comprend, en plus des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, le France, l’Allemagne, l’Italie, le Canada, le Japon et la Russie.

Pour l’heure, l’on ne peut qu’espérer que cet accord trouve un écho favorable lors du sommet du G8 et se traduise en actes concrets pour un continent qui n’a que trop souffert du poids de la dette.

Ensuite, ce sera à la société civile africaine, aux médias et à l’ensemble des organisations militantes de s’assurer que les investissements urgents et nécessaires dans les domaines de l’éducation et de la santé sont bel et bien réalisés.

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