"Johnny Mad Dog" présenté aux Nations unies
Publié le 21 juillet 2008 sur OSIBouaké.org
Le réalisateur français Jean-Stéphane Sauvaire a transporté un peu de l’horreur de la guerre civile à l’ONU cette semaine avec la projection de "Johnny Mad Dog", un portrait choc des enfants-soldats d’Afrique.
"Comment peut-on faire un film sur la guerre s’il n’est pas violent ?", s’est interrogé le réalisateur au cours d’un entretien avec l’AFP, alors que son film éprouvant a été projeté à l’ONU mardi soir.
"Johnny Mad Dog", qui colle au plus près de la folie meurtrière des enfants-soldats, a gagné cette année le "Prix de l’espoir" au festival de Cannes. Le long-métrage est inspiré du roman de l’écrivain congolais Emmanuel Dongala, qui racontait le quotidien de deux adolescents essayant de survivre pendant la guerre civile d’un pays africain non précisé.
Il a été tourné au Liberia et les jeunes acteurs sont pour la plupart d’anciens enfants-soldats.
"Je voulais être le plus réaliste possible, donc il fallait le faire avec des enfants qui ont combattu, dans un pays qui connaît la guerre", avait déclaré le réalisateur à l’AFP lors du festival de Cannes, tout en précisant que les adolescents n’avaient pas été traumatisés par cette expérience.
"Je n’aurais jamais continué dans cette direction si j’avais ressenti le moindre traumatisme pour eux à rejouer certaines scènes. En même temps, le théâtre, le fait de rejouer les choses, a beaucoup été utilisé comme une thérapie par les ONG pour évacuer les traumatismes", avait-il aussi souligné.
La projection à l’ONU a été suivie d’un débat durant lequel l’ambassadeur à l’ONU du Liberia, Milton Nathaniel Barnes, a pressé la communauté internationale de faire davantage pour contrôler la prolifération des armes légères qui finissent souvent dans les mains des enfants-soldats.
"Les AK47 sont nombreux, ne coûtent pas chers et tuent de façon efficace", a-t-il expliqué. "De mon point de vue, les vraies armes de destruction massive sont les armes légères."
Son homologue de la Sierra Leone, Allieu Kanu, a félicité l’ONU pour les efforts qu’elle fournit pour s’attaquer aux racines des conflits, mais a expliqué que les pays comme le sien ou le Liberia avaient besoin d’aide pour réintégrer les anciens enfants-soldats.
"Je pense que la communauté internationale n’en fait pas assez", a-t-il regretté. "Ces enfants qui ont été recrutés dans mon pays traînent maintenant dans les rues de Freetown" (capitale de la Sierra Leone).
Jean-Stéphane Sauvaire s’est rendu au Liberia où il a choisi 15 enfants après en avoir rencontré entre 500 et 600.
Il a décidé d’y tourner le film après avoir visité le Liberia en 2004, un an après la fin d’une guerre de 14 ans qui a fait 250.000 morts.
Le réalisateur, qui avait déjà abordé le thème de la violence chez les adolescents en tournant en 2003 le documentaire "Carlitos Medellin", a pris le temps de connaître ses jeunes acteurs au passé si lourd et a pu installer un climat de confiance en vivant dans la même maison qu’eux à Monrovia.
Une fondation "Johnny Mad Dog" a ensuite été créée pour leur apporter un encadrement et un suivi après le tournage (www.jmdfoundation.org).
Jean-Stéphane Sauvaire aimerait dans l’avenir recueillir des fonds pour transformer la fondation en une organisation non-gouvernementale qui aiderait d’autres enfants-soldats
(source AFP)