Le Rwanda, pays test pour l’accès aux médicaments
Publié le 22 juillet 2007 sur OSIBouaké.org
Le pays est le premier à utiliser une dérogation au droit des brevets dans le cadre de l’OMC pour importer des traitements à bas coût depuis l’étranger.
C’est un test pour la santé publique mondiale et l’accès aux médicaments dans les pays du Sud. Le Rwanda est devenu le premier pays du monde à recourir à la décision de l’OMC permettant d’importer des médicaments génériques contre le sida , près de quatre ans après l’adoption de cette dérogation au droit des brevets, a annoncé vendredi l’OMC. Cette décision est cruciale car elle permet au Rwanda d’obtenir des copies génériques de traitements à bas prix plutôt que d’acheter des médicaments plus chers et encore protégés par des brevets.
Kigali a informé l’Organisation mondiale du commerce mardi de son intention d’importer du Canada sur deux ans 260.000 boîtes de TriAvir, un anti-rétroviral produit par la société Apotex. Le Rwanda devient le premier des 150 Etats membres de l’OMC à utiliser la disposition du 30 août 2003 arrachée de haute lutte après des années de négociations entre Nord et Sud. Cette décision autorise les pays producteurs de médicaments génériques, comme l’Inde, le Canada ou le Brésil, à vendre des copies de produits brevetés à des pays incapables d’en fabriquer eux-mêmes.
Elle complète la déclaration de Doha du 14 novembre 2001 qui a autorisé un pays à octroyer à une société nationale une "licence obligatoire" lui permettant de copier pour son usage interne un médicament étranger en cas de situation d’urgence sanitaire nationale comme le sida , le paludisme, la tuberculose ou "d’autres épidémies". La Thaïlande a invoqué ce texte en novembre dernier pour faire fabriquer des médicaments contre le sida . Cette décision a déclenché une bronca de l’industrie pharmaceutique en France et aux Etats-Unis.
Les organisations humanitaires ont estimé que les deux décisions de l’OMC étaient trop compliquées à mettre en oeuvre pour les pays pauvres. Dans un communiqué, l’organisation Oxfam s’est félicitée de la décision rwandaise et estimé qu’elle faisait figure de "test" pour l’efficacité de la décision de 2003. "Si elle s’avère impraticable, cette disposition doit être modifiée", a estimé l’association.