Le secret de Chanda.
Publié le 30 novembre 2010 sur OSIBouaké.org
Sortie au cinéma le 1er décembre 2010
Un film réalisé par Oliver Schmitz. Avec Khomotso Manyaka, Lerato Mvelase, Harriet Manamela.
Dans la poussière d’un township proche de Johannesburg, Chanda, douze ans, découvre, à la mort de sa sœur à peine née, qu’une rumeur enfle dans le voisinage, détruit sa famille, et pousse sa mère à fuir. Devinant que ces commérages se nourrissent d’a priori et de superstition, Chanda part à la recherche de sa mère et de la vérité…
Le secret de Chanda a été adapté du roman éponyme d’Allan Stratton. Le producteur du film explique combien la rencontre avec l’écrivain a été déterminante dans la préparation du scénario : "C’est tellement bien écrit, et une fois adapté en film ça pourra toucher un public encore plus vaste, parce que Le Secret de Chanda est un conte plein d’espoir sur le pouvoir de l’amitié, de la solidarité et de la loyauté", il avoue avoir été ému aux larmes par le texte de Stratton. Le passage à l’écran a exigé de nombreuses modifications : parmi elles, citons la disparition du récit à la première personne qui, selon le réalisateur, n’aurait pas fonctionné : "S’il y a une chose sur laquelle nous étions tous d’accord, c’est qu’il fallait éviter une narration s’appuyant sur une voix-off. Nous avons condensé l’histoire et nous nous sommes concentrés sur deux sections du roman". Par ailleurs, le scénariste en accord avec le réalisateur, ont choisi de se concentrer sur le personnage de Chanda qui, devient une enfant alors que dans le roman Allan Stratton évoque une adolescente de seize ans. Olivier Schmitz s’explique : "Si Chanda a trois ans de moins dans le film que dans le livre, c’est parce qu’une enquête, menée localement, nous a montrés que les enfants Sud Africains grandissent terriblement vite. Dans le livre Chanda a 16 ans, mais en réalité, les jeunes de 16 ans ont déjà perdu leur caractère d’enfant". En effet, ce sont les enfants qui nous donnent une leçon d’adulte dans ce film délicat.
Le sida demeure un sujet difficile à traiter sur les écrans. Si les livres se multiplient sur le sujet et cela depuis l’apparition du virus (on peut penser A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie et les autres œuvres d’Hervé Guibert), les films l’évoquent souvent timidement. Les Nuits fauves de Cyril Collard avait pourtant bouleversé, à sa sortie en 1992. Plus récemment Les Témoins d’André Téchiné réactivait le débat sur la façon d’évoquer cette maladie en contournant l’écueil d’un film "bien pensant". Oliver Schmitz, pour sa part, s’est intéressé au sort des enfants dont les parents sont morts du virus, des enfants orphelins donc et livrés à eux-mêmes. Il explique à quel point les enfants, et ce surtout en Afrique, vivent dans l’ignorance de la maladie que l’on veut cacher. Pourtant, on compte aujourd’hui 1,4 millions d’enfants orphelins du SIDA , qui doivent se débrouiller seuls, sans le moindre soutien du gouvernement ou d’autres institutions. Le Secret de Chanda est donc dédié à ces enfants. L’angle de vue est particulièrement original puisqu’il prend en compte les victimes, si l’on peut dire, indirectes du SIDA . Un tel projet n’est pas été simple...En effet, le réalisateur a confié les difficultés à défendre un tel film, qui semble prouver sa légitimité dans le choix même du sujet : "Il y avait des gens qui n’osaient pas critiquer le film parce qu’ils pensaient que ça aurait été inapproprié étant donné le sujet. Je pense que c’est un tort. Pour moi, l’histoire que raconte un film doit avant tout toucher et émouvoir les gens. Si, en plus, ça peut permettre de les éclairer et de les faire changer de comportement, alors ça devient un grand accomplissement. Il est évident que Le Secret de Chanda est porteur d’un message fort sur le SIDA . Mais c’est avant tout l’histoire du basculement dans l’âge adulte de Chanda. Et c’est ce qui rend le film si prenant et si émouvant. »
Le film sort le 1er décembre 2010, journée mondiale de lutte contre le Sida . Le distributeur ARP tient à préciser que les recettes du premier jour d’exploitation du film sont intégralement reversées à une association de lutte contre la maladie.
Ce film représente l’Afrique du Sud aux Oscars 2011.
Long-métrage sud-africain , allemand. Titre original : Life Above All Durée : 01h46min Année de production : 2010 Distributeur : ARP Sélection