Ruptures d’Arv au Cameroun : Les mensonges du gouvernement

Les pvvih dénoncent toujours les ruptures d’antirétroviraux. Le gouvernement dément et les entraîne dans des carcans administratifs.

Publié le 18 septembre 2008 sur OSIBouaké.org

Irène Sidonie Ndjabun, 16 Septembre 2008 pour la Nouvelle Expression

Névirapine, Abacavir, Effavirenz, Azt, Stocrin, Kaletra, Triomune. Autant dire que ce sont presque toutes les molécules d’antirétroviraux (ARV  ) utilisées pour le traitement du Sida   qui ont manqué au Cameroun ces derniers mois. Notamment dans les structures de prise en charge des personnes vivant avec le Vih  /Sida   (Pvvihs) disséminés à travers le pays. Plus de 50.000 patients sont sous traitements, 53.000 sont attendus d’ici à la fin de l’année 2008.

Depuis le début de l’année 2007, il n’y a pas un mois qui n’ait été marqué par l’indisponibilité de plusieurs types d’Arv  , et même de tous les stocks.

“Il ne fallait pas en parler, pour éviter de ternir l’image du Cameroun”, a révélé sous anonymat un médecin d’un centre de prise en charge de la ville de Douala. A Yaoundé, plusieurs responsables des Unité de prise en charge (Upec) admettent qu’ils ont décrié la rareté des Arv   dans leur formation sanitaire, tout en refusant de donner plus des détails. Le problème est allé en s’amplifiant au cours de cette année 2008, apprend-on des sources crédibles. L’Ong internationale Médecins sans frontières (Msf  ) a adressé un mémorandum aux institutions concernées par le sujet le 13 février dernier, dans lequel le chef de mission de Msf  , le Dr Monica Negrette, dénonce non seulement l’indisponibilité des Arv  , mais également l’accès aux traitements, la qualité et le suivi des Pvvihs entre autres points.

Son adjointe, Emmanuel Privat, approché le 2 septembre dernier, révèle qu’à Douala par exemple, les ruptures de stocks d’antirétroviraux dans les structures où le projet Prévention et Traitement Intégré du Vih   (Prétivi) qu’ils conduisent est logé, ont été enregistrées dès le depuis décembre 2007. Elle cite ainsi l’Hôpital de district de New Bell et de Nylon, et le Centre médicalisé d’arrondissement (Cma) de Soboum. Et ajoute qu’entre avril, mai et juin 2008, l’Azt, la Névirapine et l’Abacavir ont disparu des rayons.

Jeu de dupes

Dans ces cas précis, la difficulté a été rapidement réglée grâce aux stocks de départ du projet. Ce qui n’a pas été le cas pour les Cta (Centre de traitement agrées) et Upec de la capitale économique où un responsable de l’hôpital du jour pense que la situation était bien pire, car ces unités ne disposant pas des mêmes ressources que Msf  . Simultanément à Yaoundé, dans les Cta et Upec, le même problème était vécu, avec les ruptures de Lamivir S et du Stocrin.

Le mercredi 20 août dernier, les patients de l’hôpital du jour de l’hôpital central de Yaoundé (Hdj-Hcy) ont bruyamment manifesté leur mécontentement après la révélation de l’absence de traitement. Selon le Directeur général de l’HCY, des négociations avec la Centrale d’approvisionnement, la Cename ont pu fournir un stock de Stocrin, et le Kaletra suffisant pour deux semaines seulement. En promettant de résoudre le problème à la fin du mois. Toute la semaine suivante, dans les Cta et les Upec, les malades n’ont cessé de se voir renvoyer, faute pour le personnel de pouvoir les approvisionner. “C’est seulement le mardi 2 septembre que quelques-uns ont pu avoir une petite provision”, selon des indications de Mélanie, Virginie, Calvin, Jean-Claude et bien d‘autres approchés le jeudi 4 septembre 2008, au sortir de ces unités de soin.

Autant dire que c’est la quasi totalité de la gamme des Arv   utilisés au Cameroun qui ont été concernés par les ruptures dénoncées par les Pvvihs le 1er septembre dernier. Selon madame Privat, “Un seul jour sans traitement, une seule prise par jour, c’est déjà un problème”. Un problème grave, que le gouvernement, par la voix du secrétaire général du ministère de la Santé publique (Minsanté), le 2 septembre sur les ondes des radios locales et internationales, a éludé. Puisque le Sg Fru Angwafo III a affirmé “Qu’il n’y a pas de ruptures d’antirétroviraux au Cameroun”. Ce à la suite d’une rencontre ayant réunis les Pvvihs en colère et les responsables du Comité national de lutte contre le Sida   (Cnls). Rencontre qui a aboutit à la promesse portant sur la disponibilité des Arv  .

Le 12 septembre, une autre réunion qui a permis d’évaluer les six premiers mois du plan d’action arrêté le 19 février 2008 avait eu lieu. Elle a abouti à la nécessité d’améliorer la communication entre les trois parties qui se rencontrent désormais tous les trois mois comme instruit par le Minsanté. L’hdj de Yaoundé compte pas moins de 5.000 patients sous Arv  , contre 3.939 pour les hôpitaux de Nylon, Soboum et New-Bell. A travers le pays, on dénombre environ 80 (quatre vingt) centres de prise en charge des malades du Sida  , même si beaucoup sont encore sur du papier.

A propos des hopitaux du jour, près d’une demi dizaine ont été crées et fonctionnent dans les capitales provinciales notamment. Dans une correspondance adressée au Dr Monica Negrette, le Dg de la Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments essentiels (Cename), le Dr Taousse partage avec elle les difficultés que rencontre la structure dont il la charge. “Dans le domaine de la disponibilité des médicaments qui l’interpelle, la principale cause est le système d’information qui n’arrive pas à mettre à sa disposition toutes les données nécessaires à une estimation efficiente des besoins en Arv  . Le Cnls (Comité national de lutte contre le Sida  ) a promis de faire le nécessaire pour que cette lacune soit effacée et que les Arv   qu’il faut soient disponibles” conclut-il.

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