Togo : Les hospitaliers au secours des associatifs, les patients applaudissent

Publié le 18 décembre 2007 sur OSIBouaké.org

Lomé, 18 décembre 2007 (PLUSNEWS)

Depuis plus d’un an, un réseau togolais de personnes infectées au VIH   organise régulièrement des rencontres entre soignants associatifs et hospitaliers pour leur permettre de partager leurs connaissances et ainsi améliorer la prise en charge des patients séropositifs.

Tous les derniers mercredis de chaque mois depuis 2006, des professionnels de la santé associatifs et hospitaliers se retrouvent au siège du Réseau des associations de personnes vivant avec le VIH   au Togo, le RAS +, à Lomé, la capitale togolaise.

Cette initiative est partie du constat qu’en dépit de leur engagement et de leur bonne volonté, certains soignants associatifs n’avaient pas toujours tous les outils et connaissances nécessaires pour une bonne prise en charge du VIH  /SIDA  , ce qui avait pour effet de surcharger les soignants hospitaliers, au détriment des personnes vivant avec le VIH  .

« Nous avons eu cette idée pour aider les personnes vivant avec le VIH   afin que leurs souffrances soient amoindries et que les soignants puissent être plus efficaces », a expliqué à IRIN/PlusNews Augustin Dokla, président du RAS+, qui regroupe une dizaine d’organisations dans le pays.

Chaque mois, un spécialiste, entre autres des différentes affections opportunistes liées au VIH  /SIDA  , est invité, a expliqué M. Dokla. Chacun d’entre eux fait un exposé dans son domaine, et les soignants associatifs, au regard des difficultés qu’ils rencontrent dans la prise en charge médicale de leurs patients séropositifs, posent des questions.

Lors d’une de ces rencontres, organisée fin octobre, les soignants venus des différentes associations et ONG, appartenant au RAS + ou non, ont suivi un exposé du docteur Koussake Kombate, dermatologue, qui a détaillé un certain nombre d’affections cutanées liées au VIH  /SIDA  .

Mme Kombate a expliqué aux soignants l’importance de traiter rapidement les affections cutanées, d’un point de vue clinique mais aussi social. « La peau est un organe qui est [visible] et ses affections peuvent entraîner des comportements stigmatisant » a-t-elle souligné.

La difficulté d’établir un diagnostic a été évoquée par des soignants associatifs lors de cette rencontre.

« J’ai reçu un matin un cas de gale norvégienne, mais je ne m’en suis pas rendu compte », a regretté le docteur Yema D’almeida, de l’ONG Promotion développement humain (PDH), une ONG qui assure une prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH   dans la banlieue nord de Lomé.

Pour aider les soignants à reconnaître les différentes affections de la peau et celles qui peuvent prêter à confusion, Mme Kombate a montré des images de certaines d’entre elles. « La dermatologie est la bête noire [des soignants] et les lésions sont difficiles à reconnaître », a-t-elle reconnu.

Répondre aux besoins des patients

Lors de la rencontre au siège du RAS+, Leopold Agagah, assistant médical de l’ONG locale Action contre le sida   (ACS), a confié son désarroi face à un de ses patients dont l’état de santé ne s’améliorait pas.

« [Mon patient] infecté au VIH   a des tumeurs de kaposi, il n’arrive pas à porter des chaussures et son mal ne s’améliore pas, pourtant il est sous ARV   [antirétroviraux] depuis deux ans », a-t-il raconté.

Le docteur Kombate et d’autres intervenants lui ont alors conseillé de vérifier si le patient respectait scrupuleusement son traitement ARV   : si c’était le cas, de penser à un changement de traitement, ou sinon, de l’aider à corriger le tir.

« Avec les échanges lors de nos réunions et les conseils du docteur Kombate, je sais désormais comment m’y prendre », a affirmé M. Agagah, soulagé.

Les soignants ont salué l’existence de ce cadre de concertation entre personnels de santé. « Cette rencontre nous permet de revoir des choses que nous avons apprises et que nous avons oubliées » a témoigné le docteur D’almeida.

Pour ce médecin, rencontrer régulièrement ses pairs spécialisés est une occasion d’approfondir ses connaissances mais également d’aider les patients à limiter leurs frais, car un médecin ou un soignant qui maîtrise bien sa matière fait des prescriptions adéquates et permet aux patients de ne pas faire de dépenses superflues en achat de médicaments, a-t-il noté.

Parmi les maladies dont les signes cliniques peuvent induire le personnel de santé en erreur figure la cryptococcose méningée, une infection opportuniste du cerveau, souvent associée au sida  , qui peut engager le pronostic vital du patient si elle n’est pas soignée à temps.

Cette infection se manifeste très souvent par des céphalées (maux de tête) : les soignants, pour la plupart, ont reconnu qu’ils préconisaient alors en général des traitements contre le paludisme, endémique au Togo comme dans de nombreux pays de la région.

« Quand je recevais des patients qui se plaignaient de céphalées, je ne pensais pas souvent à la cryptococcose méningée, mais avec les rencontres avec des médecins spécialisées, je réagis mieux », a affirmé le docteur D’almeida.

Ces rencontres, qui réunissent des participants venus de différentes régions du pays, ont permis à de nombreux soignants de s’attaquer plus tôt à certaines infections liées au VIH  /SIDA   dont souffraient leurs patients et donc de leur permettre d’en guérir plus rapidement, s’est félicité M. Dokla.

« Aujourd’hui, quand ils ont leurs patients, [les soignants] ne passent pas quatre chemins pour établir leur diagnostics, ils vont droit au traitement adéquat », a-t-il dit.

L’initiative, soutenue par TIDES, une fondation américaine, permet aussi d’améliorer les relations entre soignants, en les aidant à prendre conscience des difficultés auxquelles chacun est confronté et de se faciliter la tâche. En un an, de nombreux médecins, infirmiers, sage femme et assistants médicaux ont pu se rencontrer et faire connaissance.

« Parfois, pour éviter aux patients de faire de longues queues ou d’aller chercher les médecins en vain, nous appelons nos collègues pour leur prendre des rendez-vous », a dit M. Agagah.

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