Des orphelins américains cobayes pour le sida

L’Institut national de la santé a utilisé des centaines d’enfants dans les années 80 et 90.

Publié le 7 mai 2005 sur OSIBouaké.org

Liberation - samedi 07 mai 2005 - Par Fabrice ROUSSELOT - New York de notre correspondant

Le ministère de la Santé américain a utilisé des centaines d’orphelins séropositifs comme cobayes afin de tester des médicaments expérimentaux contre le sida   dans les années 80 et 90. Et souvent de manière illégale.

C’est ce que montrent plusieurs études écrites par les chercheurs en charge de « l’expérimentation » révélées vendredi par l’agence Associated Press (AP). Selon l’étude, les recherches ont été financées par l’Institut national de la santé (NIH), la première agence de recherche médicale publique. Pour se justifier, le NIH a précisé que, « dans de nombreux cas, cela a permis d’apporter des soins de qualité à ces enfants, ce qui a pu prolonger leur vie ».

Effets secondaires. L’enquête menée par AP montre toutefois que nombre de ces enfants, issus en majorité de milieux pauvres et défavorisés, ont été traités avec des médicaments qui provoquaient de graves effets secondaires chez les adultes et dont on ne connaissait pas les effets chez les plus jeunes. Certains d’entre eux sont morts durant les études, qui ont été menées dans sept Etats, sans que les services sociaux et tuteurs ne fassent un lien direct entre leur décès et les médicaments. Dans une étude toutefois, les chercheurs évoquent un taux de mortalité « troublant » chez des enfants qui ont reçu de fortes doses d’un médicament. D’autres études parlent de l’apparition de boutons, de vomissements ou de baisse soudaine des défenses immunitaires.

Protection. Selon la loi américaine, du fait de l’absence de parents pour donner leur consentement, le NIH aurait dû désigner un « protecteur » indépendant à chaque enfant à qui on proposait ces « tests », afin de lui expliquer les risques encourus mais aussi afin de s’assurer du « bon déroulement » de l’expérimentation. La règle n’a toutefois été que « rarement » respectée, précise Associated Press.

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