Les réponses communautaires

par Awa COULIBALY, de N’Zrama, Bouaké, RCI

Publié le 1er octobre 2006 sur OSIBouaké.org

Le nom de notre association de jeunes, NZRAMA, signifie « étoile » dans la langue parlée en Côte d’Ivoire. Créée le 10 mars 2000, l’association rassemble des enfants et orphelins infectés ou affectés par le VIH  -sida  . Elle a pour objectif de réduire la stigmatisation des jeunes victimes de ce fléau, et de favoriser leur intégration dans la communauté. Qu’apporte l’implication de ces jeunes ? Je souhaite vous faire partager notre expérience. Entre enfants vulnérables, nous parvenons à discuter et à nous mettre en confiance, et dès lors à aller vers d’autres jeunes pour discuter avec eux. Le jeune engagé devient un repère, car il permet aux personnes qui n’osent pas s’exprimer de le faire sans crainte. Lorsque l’enfant est engagé dans la lutte, le parent malade du VIH  -sida   ose évoquer son statut. Le renforcement du lien familial vient du fait que le parent peut discuter librement du sida   avec son enfant. Le jeune peut amener son parent à suivre son traitement, ce qui va prolonger la durée de vie de ce dernier. Acteurs de notre intégration, nous pouvons diffuser les bonnes informations et nous ne sommes plus considérés comme des enfants à part. En tant qu’enfants, nous encourageons nos parents à mieux se faire suivre et à échanger avec d’autres personnes sur ce sujet tabou. Nous savons en situation d’urgence où se trouvent les personnes vivant avec le VIH  , et nous savons quels conseils leur donner s’ils ont peur de s’exprimer. Nos parents ne se cachent plus pour prendre leurs médicaments, parce que nous sommes informés de leur statut. Lorsque l’accompagnement et la complicité sont réunies, le malade du VIH  -sida   banalise sa maladie, il accepte sa séropositivité, il souhaite s’engager dans la lutte pour lui-même et pour ses enfants. En définitive, il cherche à vivre et non à survivre. Tout cela ne va pas sans difficulté. Il est difficile en Afrique d’interpeller un adulte sur sa maladie, parce que c’est l’adulte qui est censé donner des conseils à l’enfant. Il existe de plus en Afrique une méconnaissance du VIH  -sida  . Nous, enfants ou orphelins rendus vulnérables, nous devenons précocement adultes à cause du VIH   sida   et notre enfance est bouleversée. Notre expérience nous a permis d’acquérir des facultés de discernement et d’appréhender le comportement de la société envers nous. Notre action contribue à réduire la stigmatisation qui nous est faite. Il faut nous permettre, à nous - enfants et orphelins vulnérables - de pouvoir nous impliquer dans la prise des décisions nous concernant. Il faut procéder à une formation davantage professionnalisante des jeunes engagés dans la lutte contre le VIH  -sida  , encourager les orphelins et enfants vulnérables dans la création d’actions associatives, et inciter les différentes autorités à s’engager plus fortement pour notre cause, afin que nous soyons considérés comme tous les autres enfants.

imprimer

retour au site