Pfizer a testé illégalement un médicament au Nigeria

La réalité a depuis longtemps dépassé la fiction

Publié le 11 mai 2006 sur OSIBouaké.org

LEMONDE.FR | 08.05.06 | 12h39 • Mis à jour le 08.05.06 | 13h01

Des experts médicaux nigérians ont conclu que le laboratoire américain Pfizer avait enfreint la législation internationale en 1996, lors d’une épidémie au Nigeria, en testant un médicament interdit sur des enfants atteints d’infections cérébrales, rapporte, dimanche 7 mai, le Washington Post, citant une copie d’un rapport confidentiel.

Le rapport, bouclé il y a cinq ans mais jamais publié, montre que le gouvernement nigérian n’a jamais autorisé Pfizer à donner du Trovan, un médicament interdit dans le pays, à près d’une centaine d’enfants et de bébés dans un hôpital à Kano, au nord du pays, où ils étaient traités pour des méningites.

L’expérimentation menée par Pfizer constitue "un test illégal d’un médicament non enregistré" et enfreint la législation nigériane, la Déclaration internationale d’Helsinki, qui gouverne l’éthique de la recherche médicale, et la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant, conclut la commission d’experts, selon le Washington Post.

Cinq enfants sont morts après avoir être traités à l’aide de l’antibiotique expérimental et d’autres ont souffert d’arthrite, même si le rôle du médicament n’est pas prouvé. Médecins sans frontières dispensait à l’époque dans ce même hôpital des antibiotiques autorisés, ajoute l’édition dominicale du quotidien américain.

UN MÉDICAMENT INTERDIT EN EUROPE

Interrogé par le Washington Post, Pfizer, premier groupe pharmaceutique mondial, répond qu’il a mené des tests parfaitement connus du gouvernement nigérian et conformes à la législation en vigueur dans le pays. Des infirmières locales ont expliqué l’expérimentation aux parents des enfants nigérians et obtenu leur consentement "verbal", a expliqué le laboratoire.

Un juge fédéral américain s’était dessaisi en novembre d’une plainte accusant Pfizer de ne pas avoir correctement prévenu les familles nigérianes des risques associés au Trovan et de ne pas avoir attendu l’autorisation de la Food and Drug Administration, l’autorité sanitaire américaine, pour mener un test clinique. Il avait estimé que la compétence de l’affaire revenait à un tribunal nigérian. La FDA avait autorisé l’utilisation du Trovan pour les adultes en 1997, mais jamais pour les enfants aux Etats-Unis.

Le Trovan a été ensuite soupçonné d’être à l’origine de maladies du foie et de décès, conduisant la FDA à réduire drastiquement son utilisation en 1999. Les autorités européennes ont interdit le médicament.

Avec Reuters

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