CONGO : Un mariage pour vaincre la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH

Publié le 7 mars 2006 sur OSIBouaké.org

BRAZZAVILLE, 4 juillet 2005 (PLUSNEWS) - Comme un nouvel acte de militantisme contre la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH  /SIDA  , deux activistes, séropositifs depuis plus de dix ans, se sont unis samedi, et pour la première fois au Congo, à la mairie centrale de Brazzaville, la capitale.

C’est dans une somptueuse tenue de mariée que Valérie Mouellet, présidente de l’Association des jeunes séropositifs contre le sida   (APJC), a dit ’oui’ à Thierry Maba, militant de l’APJC, au cours d’une cérémonie à laquelle ont assisté parents, amis et autorités.

« Nous nous aimons. Par ce geste, nous montrons que nous pouvons braver les quolibets et les regards stigmatisants des autres », a déclaré Valérie Mouellet, visiblement heureuse, après l’échange des anneaux et le baiser qui a clos la cérémonie, très applaudie par l’assistance.

C’est en 1993, au cours d’un dépistage volontaire, que cette trentenaire active a découvert sa séropositivité. Thierry Maba a appris la sienne en 1991 à la veille d’un voyage à l’étranger.

“Sur le moment, j’avais décidé de ne plus vivre”, a expliqué Maba. “Mais, sur les conseils de proches amis, j’ai repris mes esprits et, plus tard, je me suis engagé dans la lutte contre le sida  , aux côtés de Valérie qui assurait la présidence. »

Mouellet a ajouté que c’est en militant au sein de l’APJC, créée en 2001 à Brazzaville, que le couple a compris qu’il était possible de vivre pendant de longues années avec le sida   “à condition de modifier son comportement sexuel et en suivant un traitement adéquat”.

Une centaine de personnes est membre de l’association des jeunes séropositifs et une majorité d’entre eux reçoit un traitement antirétroviral (ARV  ) dans le cadre de l’Initiative congolaise d’accès aux antirétroviraux (ICAARV), mise en place en juin 2003.

En avril 2005, 2 500 personnes recevaient des ARV   dans des centres spécialisés à Brazzaville et à Pointe-Noire, les deux principales villes du Congo qui abritent 80 pour cent des quelque 100 000 malades que compte officiellement le pays, la plupart étant des femmes et des jeunes âgés de 15 à 29 ans.

Selon la dernière enquête de séroprévalence conduite par le Conseil national de lutte contre le sida   (CNLS) en novembre 2003, 4,2 pour cent de la population congolaise seraient infectés par le VIH  , un chiffre beaucoup plus bas que celui utilisé jusque là par le gouvernement qui se référait à un taux de 10 pour cent d’une population estimée à 3,1 millions.

“Quand je rencontre les gens, j’essaie de leur faire comprendre que de nos jours, on ne meurt plus de sida   comme il y a dix ans. On peut vivre dix, quinze ans voire plus si l’on suit bien son traitement", a expliqué Mouellet.

Forte de ces connaissances, Valérie Mouellet souhaite désormais des enfants, un rêve rendu possible grâce au programme de prévention de la transmission mère-enfant, PTME  , mis en place dans les deux grandes villes du Congo il y a deux ans.

"Les résultats obtenus dans notre pays par ce programme nous rassurent", a dit Mouellet.

Selon le docteur Jean Angouno, qui coordonne ce programme PTME  , 292 enfants sont nés de mères séropositives depuis novembre dernier. Seulement 15 sont nés avec le VIH  .

"Les femmes infectées suivent tout au long de leur grossesse un traitement pour éviter les risques de contamination lors de l’accouchement. En fait, une femme séropositive peut donner naissance à un enfant sain", a dit Angouno, qui a précisé que 493 femmes enceintes étaient prises en charge par le PTME   au Congo.

"Grâce au PTME  , Valérie et Thierry feront des enfants sains", a-t-il ajouté, expliquant que les femmes séropositives avaient 70 pour cent de chances de donner naissance à des enfants séronégatifs.

Comme pour leur mariage, Thierry Maba et Valérie Mouellet veulent faire de cette future progéniture un emblème pour toutes les familles vivant avec le VIH  /SIDA  .

"Nous figurerons dans ce pourcentage afin de susciter l’engouement des milliers de personnes vivant avec le VIH   et qui continuent de vivre leur drame dans le silence à cause de la stigmatisation et la discrimination", a souligné Thierry Maba.

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