L’accés aux traitements contre le VIH reste limité dans les pays pauvres.

Publié le 22 janvier 2006 sur OSIBouaké.org

LEMONDE.FR 3 millions de personnes, soit environ la moitié des malades, traitées aux antirétroviraux d’ici la fin 2005 : l’objectif que l’OMS   et l’Onusida   s’étaient fixé conernant les pays au développement le 1er décembre 2003 était ambitieux. Ce sont alors moins de 400 000 patients atteints du VIH   qui bénéficiaient d’une telle prise en charge dans les pays du sud.

L’objectif ne sera pas atteint, mais il a contribué à provoquer une impuslion relative. L’acccès aux soins contre le sida   est aujourd’hui assuré à environ 970 mille personnes dans les pays en développement, selon le rapport publié mercredi 29 juin par l’OMS   (Organisation mondiale de la santé), et l’Onusida  , l’organisme des Nations unies dédié à la lutte contre l’épidémie du VIH  . "Le mouvement visant à élargir l’accès au traitement contre le VIH   progresse de façon remarquable", a déclaré le directeur général de l’OMS  , le docteur Jong-Wook Lee.

La "couverture thérapeutique a plus que doublé", soulignent l’OMS   et l’Onusida  , estimant que l’objectif fixé fin 2003 a "donné un coup d’accélérateur". En Afrique subsaharienne, environ 500.000 personnes bénéficient d’ARV  , "soit trois fois plus qu’il y a douze mois", relève le rapport. En Asie, le nombre de personnes sous trithérapie a aussi presque triplé, passant en un an de 55.000 à 155.000.

L’ACCÉS AU TRAITEMENT S’AMÉLIORE EN AMÉRIQUE LATINE

Quatorze pays à moyens ou faibles revenus ont réussi à mettre sous traitement antirétroviral au moins la moitié des personnes vivant avec le VIH   qui en ont besoin. Il s’agit de onze Etats d’Amérique latine ou des Caraïbes (Argentine, Barbades, Brésil, Chili, Costa Rica, Cuba, El Salvador, Mexique, Panama, Uruguay, Venezuela) ainsi que du Botswana, de la Pologne et de la Thaïlande. Au total, en Amérique latine et aux Caraïbes, 62% des 465.000 séropositifs ou malades le nécessitant ont accès au traitement.

En Thaïlande, entre 50 et 61% des 127.000 à 142.000 personnes ayant besoin d’antirétroviraux (ARV  ) en reçoivent, alors qu’en Inde seulement 4 à 9% des 768.000 à 802.000 malades sont traités. En Ouganda, de 35% à 43% des quelque 150.000 personnes le nécessitant sont sous ARV  , contre seulement 10% à 14% des 963.000 à 1,004 million de Sudafricains ayant un besoin urgent de traitement antirétroviral. Les "importants progrès" accomplis par le Malawi sont salués, en précisant que depuis janvier 2003, la couverture est passée de 1.200 patients dans trois établissements à plus de 17.500 dans 34 établissements fin mars 2005 soit environ 11% des malades et séropositifs ayant un besoin urgent de traitement antirétroviral.

L’AFRIQUE RESTE LA PLUS TOUCHÉE

Toutefois, le million de malades sous anti-rétroviraux (ARV  ) en juin 2005 ne représente que 15% des quelque 6,5 millions de personnes, enfants compris, qui risquent de mourir faute de traitement rapide.

Les deux-tiers des quelque 39,4 millions de personnes contaminées par le virus du sida   (séropositifs et malades) vivent en Afrique sub-saharienne où la maladie a fait 2,3 millions de morts en 2004, selon l’Onusida  . Ce sont 4,7 millions de malades qui ont besoin d’un traitement sur le continent, et seuls 500 000 d’entre eux environ seraient pris en charge aux ARV  .

Quelque 660.000 enfants, dont 370.000 en Afrique subsaharienne, ont actuellement besoin d’ARV  , faute de quoi la moitié des enfants séropositifs "meurent avant l’âge de deux ans", soulignent l’OMS   et l’Onusida  . Elles insistent sur le besoin urgent de préparations médicamenteuses adaptées aux enfants et à coût réduit. En outre, jusqu’à 4 millions d’enfants (peut-être seulement 2,1 millions si un dépistage précoce permettait de repérer les seuls enfants contaminés) ont besoin d’une prophylaxie à l’aide du co-trimazole, qui associe deux antibiotiques bon marché et permet de réduire fortement la mortalité.

L’accès aux antirétroviraux compromis si les prix grimpent, prévient MSF  

L’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF  ) met l’accent mercredi sur la difficulté d’accès aux médicaments anti-rétroviraux (ARV  ) récents, jusqu’à douze fois plus chers dans les pays en développement que les premiers médicaments anti-sida  . "Les pays du G8 et les autres donateurs discutent de l’accès universel aux ARV  , mais cela restera un but impossible à atteindre si les prix continuent de grimper", met en garde MSF   dans un communiqué "Alors que la production de génériques a fait baisser les prix de la plupart des ARV   de première ligne, qui sont passés de plus de 10.000 euros en 2000 à 150 dollars par patient (et par an) en juin 2005, les prix des ARV   plus récents et des formes médicamenteuses adaptées aux enfants sont jusqu’à 12 fois plus élevés", explique MSF  . Les malades sous traitement "vont inévitablement développer des résistances aux traitements de première ligne", prévient MSF   qui vient d’éditer un nouveau guide récapitulant les prix des ARV   dans les pays en développement. Loin d’être un luxe, l’accès à des médicaments plus récents (de deuxième ou de troisième ligne) est une nécessité, lorsque le virus a trouvé des parades à la précédente génération. Dans les pays à moyens ou faibles revenus, où seule une minorité des malades du sida   ont accès aux trithérapies, la plupart en sont encore aux traitements de première ligne. Mais les conséquences des prix élevés des médicaments de deuxième ligne se font déjà sentir dans des pays comme le Brésil où un plan d’accès national aux trithérapies a été lancé dès 1996, souligne MSF  . Le programme brésilien prévoit la fourniture gratuite d’un cocktail de 16 médicaments à 155.000 séropositifs. Or, le pays dépense actuellement 63% du budget médicaments consacré au sida   pour trois ARV   récents, l’efavirenz (laboratoire Merck), le tenofovir (Gilead) et le lopinavir/ritonavir commercialisé sous le nom de Kaletra par le laboratoire Abbott, rappelle MSF  . Face à cette situation, le gouvernement brésilien a déclaré vendredi dernier le Kaletra d’"intérêt public", ouvrant la voie au non-respect du brevet du laboratoire américain Abbott, si celui-ci n’accepte pas d’en réduire le prix.

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